- Cette fois le fun est fini les enfants. Non mais ça ne va pas ? Sortir de l'hôpital seuls, sans accord des médecins, pendant deux jours ? Quelle inconscience !
Je peine à suivre le médecin qui arpente les couloirs à toute vitesse, pestant contre nous.
- Non mais vous vous rendez compte ? Vos parents se sont fait un sang d'encre !
- Alors ça, ça m'étonnerait, commentent Siam, Victor et Adina d'une même voix.
Un silence se fait. Ni moi ni notre chaperon n'étions prêts pour ça.
- Vous avez tous une mauvaise influence sur les autres. Il n'y a plus de choix, on doit vous séparer. Evan et Adina, faîtes vos bagages, vous partez demain dans un nouvel hôpital. Un différend pour chacun, évidement.
Tout le petit groupe s'arrête d'un coup, laissant le médecin continuer seul pendant quelques secondes avant de se rendre compte qu'on ne le suit pas.
On change d'hôpital ? On ne se verra plus jamais parce que, soi-disant, on se fait du mal les uns aux autres ? Est-ce qu'ils savent que sans Siam je ne me serais pas réveillé après ma deuxième crise cardiaque ? Que sans nous Adina n'aurait jamais pu parler à personne de ses conditions de vie ? Que sans moi Siam se serait jetée depuis le toit ?
Non, bien évidement qu'ils ne savent pas ça. Et ça me donne la gerbe.- Qu'est-ce que vous attendez pour me suivre ? Je vais vous montrer vos nouvelles chambres. Siam et Victor, vous aurez une chambre double, faute de place et de toute façon vous êtes frère et sœur. Quant à Evan et Adina, vos chambres seront les plus éloignées possibles. D'ailleurs jeune fille, tu peux entrer, je te présente l'endroit où tu dormiras cette nuit.
C'est une blague ?
- Vous n'êtes pas sérieux j'espère.
- On ne peut plus sérieux.
- Vous me mettez dans la chambre de Clément ? C'est fait exprès, c'est pas possible.
- Qui est Clément ?
- Notre ami mort il y a quelques jours ! Il est mort par votre faute et en plus vous me mettez dans sa chambre ? C'est pas possible, ça devrait être illégal !
- Calmez-vous mademoiselle. Vous ne voudriez pas faire un scandale de plus ?
- Je ferai autant de scandales que le veux ! Vous n'avez pas le droit de faire ça ! Vous n'êtes qu'un monstre !
L'homme fait un signe à deux infirmiers qui assistaient jusqu'alors en silence à la scène. Ils hochent la tête tels deux larbins bien élevés et, avant que quiconque ait eu le temps de donner son avis, l'un d'eux sort une aiguille et la plante dans la cuisse d'Adina, qui tombe immédiatement dans ses bras, inconsciente.
Siam hurle son mécontentement pendant que Victor et moi sautons sur le médecins, prêts à lui donner une bonne leçon.- Vous ne voudriez pas qu'il vous arrive la même chose ? articule l'homme d'une voix dénuée de toute émotion, nous calmant tous immédiatement. Maintenant, si vous voulez bien me suivre jusqu'à vos chambres.
***
Je fixe la porte en face de moi. Dans quelques secondes je vais entrer dans le bureau de la psychiatre de Siam. La personne qui est censée avoir traqué son état mental au cours des derniers mois.
J'inspire. J'expire.
Je dois vraiment me calmer si je veux qu'elle m'écoute. Je suis resté pendant deux heures dans ma nouvelle chambre, sur un lit qui n'est pas le mien, à ruminer. J'ai tellement envie de frapper les infirmiers qui ont endormi Adina de sang-froid, sans aucune hésitation, et ce médecin qui ne nous a jamais parlé avant mais qui a décidé de nous séparer sans savoir ce qu'on s'apporte les uns aux autres.
J'inspire. J'expire. Je relâche les muscles de mes poings, qui se sont fermés sans que je ne m'en rende compte.
Je toque, attendant une réponse pendant quelques secondes. Mon stress monte d'un coup. Et si tout ça était inutile ?
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Nos cœurs capricieux
RandomEvan est un adolescent normal. Il a des rêves plein la tête, des tonnes d'amis, et le mental d'acier qu'il garde sur le terrain de basket lui promet un brillant avenir. Jusqu'à ce qu'il n'en ait plus. Après deux jours à l'hôpital, Evan s'ennuie plus...