Chapitre 22

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Victor est de retour à l'hôpital ? Il est censé être rentré depuis longtemps. Il est dos tourné à nous mais je suis certaine que c'est bien lui, ses cheveux d'un roux flamboyant sont reconnaissables entre mille.

- On doit trouver un moyen de lui montrer qu'on est là, lance Adina, brisant le silence consterné qui s'était installé.

- Et comment tu comptes faire ça ?

Evan n'a pas tort, Victor est plusieurs étages au-dessus du sol et on ne peut pas prendre le risque de chercher son numéro de chambre une fois dans l'hôpital, cela prendrait trop de temps.

- On pourrait lancer des objets sur sa fenêtre pour attirer son attention, je propose.

- On ne vise pas assez bien, rétorque Adina, le risque d'alerter un autre patient est trop grand.

- Je vous rappelle qu'à la base je fais du basket, je vise très bien.

- Tu sais viser un panier trente centimètres au-dessus de ta tête, félicitations. Là on parle d'étages, ça n'a rien à voir.

Ils continuent à se chamailler pendant que je réfléchis. Il doit forcément y avoir une solution.

- Mais sinon petit génie, tu peux lui envoyer un message, non ?

Mais bien sûr ! Pourquoi je n'y ai pas pensé plus tôt ? Je commence sérieusement à perdre de ma capacité de raisonnement. J'acquiesce vaguement et sors mon téléphone. Mais qu'est-ce que je suis censée lui envoyer au juste ?
Après plusieurs minutes de réflexion, je lui transmets un message à peu près convenable :

'Hey Victor, avec Evan et Adina on est sortis de l'hôpital, je t'expliquerai plus tard. On est sur le trottoir en face de l'hôpital et depuis cet endroit on peut voir un garçon qui te ressemble comme deux gouttes d'eau dans une des chambres. Peut-être que je me trompe mais si c'est bien toi, descends, il faut qu'on discute.'

Stressée, j'attends la réponse de mon frère. Je n'ai même pas le courage de regarder si la silhouette adossée à sa fenêtre a bougé. Adina entreprend de m'informer de l'évolution des choses mais je l'arrête immédiatement. Je veux un message de la part de Victor.

Après un quart d'heure, toujours aucun signe de mon frère. Entre temps Evan est parti chercher ses médicaments. Adina n'a pas pu résister à l'envie de me dire que la silhouette n'était plus adossée à sa fenêtre mais je m'en fiche : il est midi, tous les patients vont manger et celui qui nous intéresse ne peut donc pas rester dans la même position. Je me demande s'il fait partie des patients qui mangent au réfectoire ou de ceux qui mangent en chambre.
Quand Evan revient, son sac à dos plein à craquer, je n'ai toujours eu aucune réponse de Victor.

- Tu sais, peut-être qu'on s'est trompés. Après tout, pourquoi serait-il à l'hôpital ? Et s'il était de retour, ne serait-il pas passé te voir ?

- Je n'ai pas le droit de voir mes proches donc il n'aurait pas pu. Mais tu as raison, il n'a aucune raison d'être ici de nouveau. Après tout, il y a forcément plusieurs personnes avec cette couleur de cheveux dans cette ville, et c'est la seule caractéristique qui me permet de le reconnaitre d'aussi loin.

- Petit génie, est-ce que tu reconnaitrais ton frère s'il était en train de courir vers toi ?

- Bien sûr que ...

Je suis incapable de continuer ma phrase, m'écroulant au sol sous le poids qui vient de s'abattre sur moi. En me relevant je constate que c'est bel et bien Victor qui vient de sauter sur mon dos. Je ne suis pas si surprise, connaissant l'amour de mon frère pour ce genre d'entrées fracassantes. D'ordinaire je l'aurais réprimandé mais je suis tellement heureuse de le voir que je ne lui dis rien, me contentant de le prendre dans mes bras.

Nos cœurs capricieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant