Chapitre 18

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- Tu sais que tu as pris du poids, comment ça te fait te sentir ?

Les rendez-vous avec la psy sont devenus beaucoup plus agréables depuis que celle-ci ne lit plus mes pensées. C'est si simple de mentir.

- Honnêtement, très bien. Je crois que l'hospitalisation a un très bon effet.

En réalité cette nouvelle me donne envie de vomir, ce que je fais d'ailleurs. Le pire c'est que je n'ai pas faussé ce nombre, je prends réellement du poids, pensée qui me donne un vertige monstre. J'aimerais rejeter la faute sur la sonde mais c'est vrai que je mange plus, les encouragements de mes nouveaux amis m'ont fait oublier cette voix suraiguë dans ma tête qui m'aidait à faire les bonnes décisions. Je dois recommencer à l'écouter puisque c'est la seule à me dire la vérité sans filtre. Je ne dois pas perdre le contrôle.
Jamais.

- Tu sembles perdue dans tes pensées. Je peux savoir ce qui t'occupe l'esprit ?

- Je me disais simplement que ma peur de finir ici était irrationnelle.

Le sourire que j'affiche est si faux qu'il m'en fait mal. Actuellement, je donnerais tout pour sortir, ne plus être autant contrôlée de tous les côtés. C'est moi qui suis censée contrôler chaque détail de ma vie, pas les médecins.

- J'ai cru comprendre que tu avais essayé de t'enfuir il y a peu de temps pourtant.

En baissant la tête pour qu'elle ne voie pas le rire que j'essaie de retenir, je ne peux pas m'empêcher de remarquer que mes cuisses ont tellement grossi que j'en ai le vertige. Je parie que je ne peux plus en faire le tour avec mes mains.

***
Je vais directement dans la chambre d'Evan après mon rendez-vous avec la psy, je sais que tout le monde sera là-bas. Je déambule dans les couloirs, détendue. Personne ne le saura si je fais un détour par les escaliers, pas vrai ?
Au détour d'un couloir je tombe nez à nez avec un Evan blanc comme un linge.

- Tout va bien ?

- Oh tu es là Siam. Ne t'inquiète pas, c'est rien. Juste que je viens de rencontrer mon père.

- QUOI ? Je vais chercher les autres, on se retrouve dans ta chambre.

***
- Alors chouineur, c'est quoi cette urgence ?

- Mec t'es plus pâle qu'après ta crise cardiaque.

Tout le monde s'assoit sur le lit d'Evan dans l'attente d'explications. Il a vraiment l'air choqué, ce qui n'est pas étonnant.

- Ma mère n'était pas trop là ce derniers temps, commence-t-il en bégayant, et aujourd'hui elle est venue me voir toute contente. Et puis un homme est entré dans la pièce et j'ai comme ... senti que c'était lui. Le connard qui m'a abandonné et qui n'a jamais voulu savoir si j'étais en vie ou si j'allais bien. Il se tenait face à moi.

- Putain de mauviette. Qui a besoin de parents ?

Adina sort en marmonnant, je ne saurais pas dire ce qu'elle ressent mais elle ne va pas bien. Je suis si nulle pour analyser les comportements des autres ...

- C'était quoi ça ?

- J'ai raté un épisode ?

- Je crois que personne n'a compris.

- C'est encore son mystérieux passé. Sérieusement, pourquoi elle reste fermée comme ça ?
- En fait elle m'a un peu expliqué.

Ils s'approchent de moi, pendus à mes lèvres.

- C'est pas grand-chose, juste qu'elle a toujours vécu seule et sans famille.

- Mais c'est légal ça ?

Nos cœurs capricieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant