Chapitre 28

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Un peu moins d'un an plus tard

- Joyeux Noël petit génie ! J'ai l'impression que tout le monde est déjà là : Evan et ses parents, la petite Ines, Hannah ... J'avais raison. Heureusement que bébé Rafaël me donne une excuse parfaite.

- Salut Adina, contente que tu aies pu venir.

- J'aurais pas raté ça, et puis le premier Noël du marmot juste ici doit être mémorable.

- Mais euh ... Victor n'a pas pu venir ?

- Il a dit qu'il avait encore un dernier truc à faire, il devrait arriver dans quelques minutes.

- Mais il va marcher jusqu'ici alors qu'il fait nuit ?

- Mais non, arrête de t'inquiéter, un de ses tuteurs m'a dit qu'il l'emmènerait en voiture.

- Ah, les fameux tuteurs. Je ne les ai jamais rencontrés.

- Ils disent que ça ne sert à rien étant donné qu'ils ne s'occupent de Victor qu'aux yeux de la loi. Mais je te rassure, j'ai confiance en eux.

- Encore heureux.

- Bon je te laisse, je vais parler un peu avec chouineur histoire de comprendre pourquoi il n'a pas amené ses nouveau coéquipiers.

- Arrête avec ce surnom ! Je ne sais même pas d'où il vient et je ne trouve pas qu'il soit mérité.

- Il l'était quand Evan se demandait où tu étais avant de faire sa deuxième crise cardiaque.

Elle s'éloigne en riant, me laissant seule avec mes pensées. Cette pause ne dure pas longtemps puisque Victor arrive moins d'une minute plus tard, les bras chargés de guirlandes.

- Je me suis dit que ta chambre aurait l'air triste sans quelques éclairages. J'aurais voulu amener de quoi manger mais c'est interdit dans l'hôpital alors on fera avec.

- C'est gentil d'y avoir pensé. Attends, je vais t'aider à les accrocher.

Je m'exécute et, puisque je suis désormais debout, je vais discuter avec les parents d'Evan. Sa mère nous a récemment annoncé qu'elle était enceinte et, honnêtement, je pensais qu'Evan ne prendrait pas bien cette nouvelle.
Il faut croire que toutes les sorties qu'il a été obligé de faire avec son père ont porté leurs fruits parce qu'il a eu l'air vraiment heureux d'apprendre la grossesse de sa mère.

Chacun discute avec les autres jusqu'à ce qu'un infirmier débarque pour mon repas. Tous les regards se tournent vers moi, de plus en plus étonnés à mesure que je mange le tout sans rechigner.
Une fois que j'ai fini applaudissements et rires résonnent dans la pièce, me faisant réaliser que le silence s'était fait jusque-là. Voir les gens qui comptent le plus pour moi être fiers de mes progrès me rend encore plus fière de moi.
J'y suis arrivée.

- Mais c'est que tu as bien avancé depuis le dernier de tes repas auquel j'ai assisté petit génie.

- C'était il y a plusieurs mois, heureusement que j'ai progressé. Ma psychiatre a programmé ma sortie dans quelques jours.

Cette fois ce sont des cris de joie qui emplissent ma chambre. Je prends un instant pour regarder tous ces gens qui sont devenus si importants pour moi. J'aimerais figer cet instant, entourée des personnes qui comptent le plus pour moi, tous si fiers de moi, tous en bonne santé et avec la vie devant eux. Les éclairages festifs donnent une teinte rougeâtre et chaleureuse à la pièce, rajoutant à la magie du moment.
Pour rien au monde je ne changerais ce qui s'est passé depuis que je suis arrivée à l'hôpital.

***

On y est. Le jour du procès.
Je me suis préparée pendant des mois, le dossier est en béton, et malgré tout l'angoisse me serre la gorge.
Aujourd'hui, peut-être, mes parents seront punis pour leurs actes et tous ces gens qui les adulent verront ce qui se cache derrière cette apparence parfaite.
Mais ça c'est si je gagne. Et si ce n'est pas le cas, qui sait ce qui pourrait arriver.

Je soupire et avale un cachet d'anxiolytique. Tout va bien se passer.
J'ai discuté avec ma psychologue ce matin. Je suis obligée d'être suivie pendant encore un an après ma sortie de l'hôpital et ça ne fait que cinq mois, donc j'ai recontacté la thérapeute qui me suivait avant l'hôpital. Selon elle je vais gagner ce procès, mais rien n'est moins sûr.

Je prends une grande inspiration, la bloque pendant cinq secondes et respire de nouveau. Je ne peux plus rien y faire maintenant, c'est ce que je me dis à chaque fois qu'une situation me stresse.

Je pousse la porte de la salle d'audience et m'installe à côté de Victor. Adina et Evan ont aussi demandé à venir mais je n'avais besoin que d'une personne pour me soutenir et mon frère est impliqué dans ce dossier de toute manière.

La défense et la partie civile débattent, je dois avouer que je n'ai même pas pris la peine de faire des recherches sur le fonctionnement d'un procès. Malgré tout, j'écoute attentivement les arguments de chacun jusqu'au moment pour lequel je me suis préparée pendant tout ce temps. On m'appelle à témoigner.

L'adrénaline monte rapidement en moi, je serre mes poings de toutes mes forces pour canaliser cette énergie. Après avoir juré mon honnêteté je suis invitée à commencer.
J'inspire. J'expire. Et je commence à expliquer :

- Je m'appelle Sarah Châtelet.

FIN

Nos cœurs capricieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant