Chapitre 14

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- C'est vraiment dégueulasse. Je suis désolée mais je vais pas pouvoir te regarder dans les yeux tant que t'auras ça dans le nez.

Je baisse la tête, je ne veux pas en parler. On m'a posé hier une sonde naso-gastrique pour me nourrir de force. Je voudrais bien en parler à quelqu'un mais Evan est en permission donc il n'est pas à l'hôpital, Clément est rentré chez lui et Adina va encore me dire que je me suis fait ça tout seule. Personne ne semble comprendre que je contrôle la situation. J'aimerais bien en parler à Victor mais ...
Je ne peux pas aller au bout de cette pensée, ça fait trop mal. J'aurais dû être là pour lui, j'aurais dû le rassurer. Je n'ai rien fait. C'est de ma faute en quelque sorte.

- Hey Siam pleure pas. Tout va bien se passer. Tu verras dans quelques jours les médecins l'auront réveillé et vous en parlerez calmement.

Je ne peux pas empêcher les larmes de couler le long de mes joues. Si seulement j'avais été assez intelligente pour comprendre, j'aurais pu l'aider. Mais qu'est-ce que je dis ? Je n'aurais rien pu faire. Je suis bête, bête !
Voyant que mes sanglots ne s'arrêtent pas, Adina me serre dans ses bras.

- Puisque je sais que ça va te détendre, elle me murmure à l'oreille, dis-moi ce que tes recherches sur Internet ont donné ces six derniers jours, petit génie.

Je prends une inspiration maladroite avant de bafouiller au milieu de mes pleurs :

- Selon les informations que les médecins m'ont donné, il est tiré d'affaire et, quand ils l'auront réveillé, il y a 90% de chances qu'il n'ait pas de séquelles.

- Continue, je sais que tu as plus poussé tes recherches.

- On saura s'il a des séquelles un jour après son réveil, s'il en a elles réduiront simplement ses capacités mentales. Sinon, il sera dans son état normal et il aura les idées assez claires pour parler de ce qui s'est passé. S'il s'en souvient ... Parfois les gens qui ... Font ce qu'il a fait ont une amnésie traumatique qui prend parfois plusieurs années à partir. Ensuite, une fois que les médecins auront écarté tout danger potentiel, il partira pour un autre hôpital plus orienté sur la psychiatrie avant de rentrer à la maison.

- Tu vois il n'aura probablement rien. Je savais que ça marcherait, tu ne pleures plus. C'est beaucoup mieux comme ça. J'aime pas de voir te mettre dans des états pareils.

- Ne fais pas semblant de m'apprécier, tu passes ton temps à me critiquer.

- Faux. Je passe mon temps à critiquer ta maladie, que je ne comprends pas le moins du monde, entre autres parce que tu ne mérites pas ce qui t'arrive.

Elle se lève, me faisant réaliser qu'on était toutes les deux accroupies contre le mur d'un couloir. Après que je l'ai imitée, elle me tend une barre de céréales avec le sourire aux lèvres.

- Maintenant mange ça, un interne débutant me l'a donnée mais je dois être à jeun pour mon opération dans quatre heures.

- Tu vas te faire opérer ? Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? Je ne sais même pas pourquoi tu es à l'hôpital !

- J'ai des kystes, des boules de graisse comme celle-ci.

Elle me montre son avant-bras droit orné d'une excroissance d'environ cinq centimètres de diamètre.

- J'en ai quelques-unes comme ça qu'on va me retirer dans quelques heures. Si je n'avais que ça, je ne serais pas ici. Le problème c'est que j'en ai aussi des internes, dont une sur mon poumon, et énorme en plus, qui inquiète les toubibs. Donc hospitalisation.

- Toute cette histoire est bien triste mais ça ne m'explique pas pourquoi tu n'as rien dit.

- C'est une toute petite opération, il n'y a aucun risque. Enfin à part l'anesthésie mais bon ... Je ne suis pas une fragile.

Nos cœurs capricieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant