Chapitre 17

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- Mais puisque je vous dis qu'on était sur le chemin du retour ! On n'a rien fait de dangereux !

- Je n'ai aucun moyen d'en être sûr et je ne peux visiblement pas vous faire confiance à tous les trois.

- Evan et Siam n'ont rien fait, c'est moi qui les ai forcés à venir !

- Encore une fois, je n'ai aucun moyen de savoir si tu mens. Cette semaine vous sortirez de vos chambres uniquement pour ce qui touche à votre traitement, ça fera office de punition.

- Et le réveil de Clément ?

- Il fallait y penser avant. Maintenant filez et Evan n'oublie pas ton rendez-vous avec le Docteur Cox.

Chacun s'exécute et part de son côté. Je dois voir mon médecin pour avoir les résultats de l'endoscopie et, si la tumeur est agressive, quel traitement je devrai subir. Sur le chemin, je repense aux paroles de Siam, qui a essayé de me communiquer les résultats de ses recherches sur les traitements au cancer du poumon mais je n'ai rien retenu. J'aurais dû l'écouter et lire moi-même toutes ces revues médicales. Je connais mieux la maladie de Clément que la mienne.
Toutes ces pensées partent du principe que la tumeur est agressive mais peut-être que je n'ai rien. Je préfère me dire que tant que le médecin n'a rien dit, je n'ai rien.

- Pourquoi tu ris tout seul dans le couloir ?

- Pour rien Maman, ne t'inquiète pas.

Après plusieurs minutes d'attente le médecin arrive enfin. Il faut croire qu'il aime être en retard. Alors qu'on prend place, il commence ses habituelles courbettes, que je me fais un plaisir de ne pas écouter. Je commence à bien connaître son bureau à force d'en fixer les murs gris égayés par de nombreux dessins. Il en manque un d'ailleurs, que je retrouve assez facilement sur le bureau de mon cardiologue.

- Donc après examen des résultats de l'endoscopie, attaque-t-il enfin, m'empêchant de pousser plus loin ma réflexion, nous avons malheureusement la confirmation que cette tumeur est maligne.

Je baisse la tête, je n'ai pas besoin de voir le visage décomposé de ma mère, qui retient probablement ses larmes autant que possible.

- C'est un cancer bronchique non à petites cellules de stade 2B puisque la tumeur a atteint la membrane extérieure de ton cœur, pour faire simple, ce qui a causé tes deux crises cardiaques.

- Siam m'a dit que les cancers du poumon sont souvent traités par une chirurgie.

- Et c'est ce qu'on a pensé faire. Avec quelques collègues, on s'est réunis pour discuter de ton traitement. La chirurgie n'est pas envisageable pour toi à cause de ton insuffisance cardiaque.

Il a l'air sincèrement désolé même s'il traite sûrement ce genre de cas tous les jours. Peut-être que ça a un lien avec le dessin ...

- On a ensuite considéré la radiothérapie mais les tissus voisins sont bien trop sensibles, la chimiothérapie a été écartée pour la même raison. On va donc voir si tu es éligible à une thérapie ciblée grâce à une biopsie. En attendant les résultats on va t'installer un pacemaker, ce qu'on aurait dû faire bien plus tôt pour éviter une nouvelle crise cardiaque.

- Mais attendez ... Vu qu'il n'y aura plus de risque, ça veut dire que je pourrai rentrer chez moi ?

Ma mère redresse la tête, le regard plein d'autant d'espoir que moi. Le médecin prend un air de plus en plus gêné à mesure qu'on le fixe.

- On va devoir te suivre de très près et surtout suivre l'évolution de ton cancer, ce qui veut dire des tests quotidiens jusqu'à avoir trouvé un traitement pour toi. Je suis désolé mais revenir à une vie normale n'est pas encore envisageable.

Nos cœurs capricieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant