Chapitre 7.4

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La porte s'ouvrit dans un bruit de verrous claquant contre la tôle. Je me redressais vivement sur ma couche, les yeux éblouis par la soudaine clarté qui envahit la pièce. Déboussolée, je portais mes doigts à mes tempes douloureuses.

Mettant ma main en visière, je vis l'un des sbires du décoloré entrer avec un plateau. Le repas de la condamnée, pensais-je avec une ironie morbide. Le dernier peut-être. Il referma derrière lui, à clé, notais-je. Son chargement fut posé à terre, sans qu'il me quitte des yeux une seule seconde. Son regard me mit mal à l'aise. Une lueur féroce y brillait mêlée à autre chose. Quand il me détailla de haut en bas, je compris ses intentions, mes traits se crispant de dégoût.

— On est calmée ? Avec la dose qu'il t'a refourguée, tu devrais y réfléchir à deux fois avant de reproduire ton petit exploit. C'est qu'il a bien morflé le patron quand même. M'étonne qu'il ne t'ait pas piqué pour de bon.

Je sentais son souffle de fumeur me balayer le visage, luttant contre les haut-le-cœur. Les derniers événements me revenaient en mémoire, tentative ratée de sortir de ce cauchemar. Sa main rude saisit mes cheveux avant de me forcer à lui faire face.

— J'ai eu la permission de m'amuser un peu avec toi, susurra-t-il tout en approchant jusqu'à me frôler. Ne prends pas cet air dégoûté. Quelqu'un comme toi ne peut pas se permettre de me repousser.

Avec une horreur grandissante, je le vis se pencher vers mes lèvres. La bête gronda en moi et avant que je n'en prenne conscience, je lui flanquais mon poing sous le menton. Le coup le fit reculer, grognant de douleur. Ébahie, je fixais un instant mon bras, incrédule, avant de reporter mon attention sur l'homme qui se relevait. Mon sang se glaça face à la fureur qui inondait ses traits. J'allais passer un sale quart d'heure, c'était le moins que je pouvais dire, alors que je reculais jusqu'au mur.

— Tu n'aurais pas dû faire ça, éructa-t-il tout en se frottant le menton.

Il sortit une chaîne d'acier qu'il lia à mes poignets avant de m'agripper sauvagement le cou, me plaquant la tête contre le mur.

— Maintenant on fait moins la maligne.

Affolée, je sentis la pression autour de mon larynx s'accroître, bloquant le moindre souffle d'air. La bouche ouverte sur un cri muet, je vis ma dernière heure arriver. Voilà, j'allais mourir dans ce lieu sordide, étranglée par un psychopathe, seule. J'en venais à regretter de ne pas avoir sauté dans ce lac. Si seulement il arrivait pour me sauver... encore une fois... Mais on n'était pas dans un conte de fées. La réalité était loin d'être aussi arrangeante. 

Protège-moi - T.1 Pleine lune [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant