Chapitre 31.2

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Je relevais subitement la tête alors que ces paroles m'atteignaient. Moi, le détester !

— Pourquoi je te détesterais ? soufflais-je incrédule.

— Je ne sais pas. J'essaye de trouver une explication à tout ça. À ton attitude. Explique-moi, Aylyn.

Le nœud à l'intérieur de mon estomac se resserra, accentuant mon malaise. Les mots se bousculaient au bord de mes lèvres, mais il restait le blocage de ma stupide fierté ou de mon inavouable lâcheté. Un mélange des deux certainement. Soudain Arenht lâcha un profond soupir. Ses épaules se voutèrent. Hochant la tête, il se détourna, abandonnant la lutte. Mon cœur rata un battement, ma louve gémit, m'intimant de le retenir. J'entrouvris les lèvres, les refermais avant de me lancer, résolus à ne pas le laisser partir ainsi.

— Je croyais... Je croyais être un fardeau pour toi, articulais-je d'une voix mal assurée.

La main sur la poignée, il s'arrêta. Mon cœur repartit, folle cavalcade, mélange de soulagement et d'appréhension. Maintenant que j'avais commencé, je ne pouvais plus faire marche arrière.

— Tu es toujours là pour moi, depuis le début. Me protégeant, m'enseignant les bases, me soutenant à chaque baisse de moral.

À présent les mots se déversaient sans que je puisse les retenir.

— Et moi, je... J'étais attirée par toi depuis ce jour, à la bibliothèque. Tous les jours à tes côtés... si proches et en même temps pas assez. Puis Lahra... Je détestais ce sentiment de jalousie, je détestais la voir près de toi, si confiante alors que moi je...

Il revenait vers moi à présent et les mots s'emmêlèrent, ma voix s'enroua, se réduisant à un balbutiement inaudible. L'intensité de son regard me fit frissonner. Je me trouvais plaquée contre lui. Ses doigts vinrent enserrer mon visage. Comme au ralenti je le vis se pencher vers moi.

— Si tu savais à quel point j'ai lutté pour ne pas craquer, souffla-t-il. Pour ne pas céder à cette faim qui me rongeait. Si tu savais depuis combien de temps je crève d'envie de t'embrasser, de te toucher...

Oh. Mon. Dieu.

Mon cerveau subit une sorte de blackout. Je rêvais, tout éveillée. La tentation de me pincer pour vérifier fut rapidement oubliée sous la pression ferme de sa bouche sur la mienne. Mes paupières se fermèrent. Un millier de papillons prirent leur envol à l'intérieur de mon ventre. Je n'étais plus que sensations, tous mes autres sens exacerbés. Ses lèvres, sur les miennes. Son souffle se mêlant au mien. D'abord simple effleurement, une exploration douce et tendre qui me fit vaciller. Je me laissais guider par le mouvement de ses lèvres. Il s'écarta. Mon cœur rata un battement. Regrettait-il... J'ouvris les yeux, perdue, pour me perdre dans ses prunelles hypnotiques. Il posa son front contre le mien, la respiration aussi haletante que la mienne. Puis il glissa le long de ma joue avant de poser sa bouche contre la peau tendre de mon cou. J'inspirais profondément sous les délicieux frissons qu'il fit naître par ce simple geste. Puis il refit le chemin en sens inverse, frôlement incendiaire. Je resserrais ma prise sur ses bras sous l'intensité des frissons qui me traversèrent. Il fallait que je me raccroche à quelque chose pour ne pas perdre pied.

Quand il reprit mes lèvres, son baiser se fit plus approfondi, comme s'il ne pouvait plus retenir son besoin de me goûter. L'une de ses mains posées sur ma hanche, l'autre sur ma joue, il m'enveloppait de sa présence. J'avais une conscience aiguë du moindre endroit où sa peau touchait la mienne. Les battements de nos cœurs se mêlaient, un rythme anarchique reflétant le tourbillon dans lequel il me plongeait. Sous l'effet dévastateur de ses caresses, je ne me souciais plus de mon inexpérience, laissant mon instinct me guider. Mes doigts vinrent se perdre dans ses cheveux, avant de saisir sa nuque. 

Protège-moi - T.1 Pleine lune [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant