Je scrutais la vaste pièce, au centre de laquelle trônait un immense bar. Elle me dirigea vers un coin un peu moins bondé et se mit à bouger en rythme avec la musique. J'essayais de l'imiter, tout en me sentant ridicule. Ses mouvements étaient fluides, contrairement aux miens. Cassie me saisit les mains et m'entraîna à la suivre, tout en faisant le pitre. Je pouffais. Doucement, je me détendis, m'amusant avec elle, faisant abstraction du reste de la salle. Je m'étonnais moi-même d'avoir su dépasser ma timidité et d'arriver à me détendre, enfin, d'agir comme une fille de mon âge, d'apprécier l'insouciance de l'instant. La pénombre permettait de se libérer, de baisser certaines barrières. Je laissais mon regard errer dans la foule, au cas où Ethan arriverait. Mon cœur rata un battement. L'espace d'un instant, j'avais cru voir Arenht. Impossible d'en être certaine, déjà les jeux de lumière se déplaçaient, m'empêchant de vérifier. L'arrivée d'Ethan détourna mon attention sans effacer complètement le trouble ressenti. Cassie l'interpella à grands gestes. Pour une fois il avait abandonné son éternel jean lâche et son pull informe pour une chemise sombre et un jean noir. À voir la mine de mon amie, elle aussi avait remarqué le changement. Je lui donnais un léger coup de coude agrémenté d'un sourire en coin. Elle me le retourna aussitôt.
Après une bonne heure à danser, Ethan proposa d'aller se chercher quelque chose à boire au bar.
— Vas-y avec Cassie, proposais-je.
J'ignorais son regard surpris. Je n'étais pas dupe des nombreux coups d'œil qu'ils s'échangeaient, c'était l'occasion qu'ils soient un peu seuls tous les deux.
— Tu es sûre Aylyn ? s'inquiéta mon amie.
— Oui. Je garde notre place, ajoutais-je avec un clin d'œil. Un verre d'eau pour moi. Allez, zou !
Les premières minutes suivant leur départ, tout se passa bien. Je m'immergeais de nouveau dans le son, les yeux à moitié fermés, ressentant plus intensément les pulsations de la musique. Puis je le sentis. Une présence envahissante. Je m'y attendais, c'était le jeu dans ce genre d'endroit. La promiscuité des corps favorisait les effleurements abusifs, annulait l'espace vital propre à chacun. L'appréhension m'avait gagné dès le premier pas posé à l'intérieur. Comment allais-je gérer cette sensation étouffante de proximité ? Aucune zone de confort. Là, je le vivais en temps réel. Ce garçon revenait à la charge, apparemment insensible aux signaux de malaise que je lui envoyais. Un « non » clair et net aurait eu le même effet. Il jouait à me coller, à jouer avec mes cheveux malgré mes tentatives de m'écarter, ce qui était loin d'être simple vu la place dont je disposais. Mes mouvements devinrent de plus en plus ténus. L'envie de danser cédait la place à l'angoisse. Lorsque sa main se posa sur ma hanche, je sursautais et voulus me faufiler loin de lui. Il prenait vraiment trop de libertés. Son bras s'enroula autour de ma taille réduisant à néant ma tentative de fuite. J'allais étouffer. J'entrouvris la bouche, mais aucun son n'en sortit. Mes muscles se tétanisèrent. Son souffle balaya ma joue alors qu'il se penchait, réduisant l'espace entre nos têtes. Une forte odeur d'alcool me prit à la gorge. Je tentais de le repousser, au bord du malaise. Affolée, je cherchais des yeux de l'aide.
Je voyais avec horreur ses lèvres se rapprochaient. Mes mains s'obstinaient à pousser contre son torse, mais il était plus fort. Mes yeux se fermèrent comme pour fuir l'inéluctable.
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Protège-moi - T.1 Pleine lune [Terminé]
ParanormalA 16 ans, j'ai échappé à une agression. Pour dépasser ce traumatisme, mes parents ont pris la décision de déménager. Aujourd'hui, je m'apprête à entrer à la fac. Un nouveau pas vers la normalité après m'être repliée sur moi-même. Pourtant rien n'es...