Protège-moi - T.1 Pleine lune [Terminé]

Chapitre 30.1

Je me dirigeais vers la cuisine, intriguée par le message d'Antonh. En arrivant dans la pièce, je fus surprise de n'y voir personne. Haussant les épaules, je me préparais une tasse de thé. Il n'allait sûrement pas tarder. Je mettais l'eau bouillante dans la théière quand quelqu'un arriva.

— Ah, Antonh, enfin ! Qu'est-ce que tu voulais ? débitais-je en finissant de remplir le récipient.
Les pas stoppèrent net et le silence me répondit.
Me détournant du plan de travail, je demeurais saisie en m'apercevant de ma méprise. Ce n'était pas Antonh qui venait de franchir le seuil.
— Salut, balbutiais-je. Je croyais que...
— Que c'était mon frère, finit-il à ma place. Désolé de te décevoir.
Son ton froid me mettait mal à l'aise, mais je refusais de laisser les choses telles qu'elles étaient. On pouvait tout de même parler, non ?
— Pas déçue. Ton frère m'avait demandé de passer ici. J'ai cru que c'était lui.
— Quand te l'a-t-il demandé ?
Ah, il était décidé à me parler quand même.
— Il y a quelques minutes. Il m'a envoyé un SMS.
Il jura à voix basse tout en se passant une main nerveuse dans les cheveux. Ma gorge se noua douloureusement en voyant ce geste familier.
— Tu veux boire quelque chose ? proposais-je.
Je voulais le retenir encore un peu, profiter de sa présence même s'il restait distant. Je le sentis hésiter, soupeser le pour et le contre.
— Va pour une bière, céda-t-il. De toute façon, je suis là aussi à cause d'Antonh.

Connaissant son frère, ce n'était pas impossible qu'il ait manigancé tout cela. Décapsulant sa bouteille, je la lui servis puis m'occupais de ma tasse de thé avant de m'asseoir de l'autre côté de la table, en diagonale de lui. Je n'osais pas me mettre en face, préférant lui laisser la distance qui lui était nécessaire pour le moment.
Nous bûmes dans un silence embarrassé. Avant nous nous lancions dans des discussions à n'en plus finir, là nous étions tels deux inconnus. Je tournais ma cuillère machinalement dans ma tasse, le menton posé sur ma main, attendant l'arrivée d'Antonh avec grande impatience.

Quand il arriva enfin, nous n'avions échangé aucune parole. S'il voulait nous laisser du temps pour discuter, c'était raté. D'un regard, il analysa la situation et son sourire s'évanouit sur ses lèvres.
— Hello frangin. T'as bien eu mon message, constata-t-il en se dirigeant derrière le comptoir.
Il se prit aussi une bière avant de nous rejoindre, s'asseyant à mes côtés, en face de son frère. Il but une longue gorgée avant de fixer son frère, une expression d'incompréhension sur le visage.
— Niveau subtilité tu as déjà fait mieux grand frère, lança Arenht sans arrêter de contempler sa bouteille quasi vide.
— Toi par contre tu t'améliores, rétorqua celui-ci. Je ne pensais pas que cela était possible.
— Qu'est-ce que tu insinues ?
— Oh rien, juste que comme tête de mule tu bats des records.
— Si tu m'as fait venir pour m'énerver, arrête les frais de suite. Je ne suis pas d'humeur.
— J'ai remarqué que depuis que j'étais revenu, ton humeur posait problème.
Je suivais leurs échanges en me demandant ce que je faisais là. Je n'avais pas forcément envie de voir les deux frères se disputer devant moi.
Reculant ma chaise, je m'apprêtais à m'en aller quand Antonh saisit mon poignet, me forçant à me rasseoir.
— Reste, s'il te plaît. Il va falloir mettre les choses à plat une fois pour toutes. Je ne supporte plus de vous voir dans cet état tous les deux. Alors vous allez vous expliquer ici et maintenant. Je ne vous laisserais pas sortir avant.