Chapitre 28.3

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Des sons étouffés me parvinrent à travers mon demi-sommeil. Tendant l'oreille, c'était clairement des râles de souffrance. Me levant doucement, je m'approchais du lit sur la pointe des pieds. Arenht s'agitait, en proie certainement à un cauchemar. Ses traits crispés par la douleur, il se débattait contre des démons irréels. Mon cœur se serra en le voyant si bouleversé. Je tendis la main vers lui, ma paume se posant délicatement sur son bras. Sa réaction me prit par surprise. Avant d'avoir eu le temps de comprendre ce qui se passait, je me retrouvais plaquée sur le matelas, fermement maintenue par Arenht. Il ne semblait pas réveillé, il avait juste agi par réflexe, sûrement encore plongé dans son rêve.

— Arenht, murmurais-je en tentant de me libérer. Réveille-toi, c'est moi, Aylyn.

Bien sûr, il n'en fit rien, autant essayer de raisonner un bloc de pierre. Continuant de me tortiller, je ne réussis qu'à lui faire resserrer sa prise sur mes poignets et à prendre douloureusement conscience de sa peau nue contre le tissu fin de mon tee-shirt. Il n'y avait que moi pour me retrouver dans des situations pareilles. Non pas que je n'avais jamais fantasmé sur un scénario approchant, mais dans ce cas-ci, on était loin du romantisme ou de l'effet imaginé. De plus, il pesait son poids, peut-être tout en muscle, mais cela ne changeait pas l'inconfort de la position. Dans mon état normal, je n'aurai eu aucune difficulté à le faire basculer, mais privée de ma force de loup-garou, c'était mission impossible.

— Arenht, prononçais-je cette fois plus fort, réveille-toi, allez.

Je perdais rapidement mon sang-froid. Je n'allais quand même pas finir étouffée sous lui ! Moi qui rêvais d'être plus proche de lui, pour le coup j'étais servie ! Il y en a une qui trouverait ça drôle à n'en pas douter.

Il ouvrit soudain les yeux, plongeant son regard dans le mien.

— Aylyn, souffla-t-il surpris. Qu'est-ce que...

Il roula sur le côté, me libérant dans le même temps. Je ne me sentis pas aussi soulagée que je le pensais. Un frisson me traversa alors que je me retrouvais délivré de son poids, qui m'avait paru réconfortant après coup. L'air frais de l'appartement me donna la chair de poule.

— Je suis désolé, bredouilla-t-il tout en se passant une main nerveuse dans ses cheveux noirs.

J'essayais de ne pas loucher sur son torse nu, sentant tout de même mes joues devenir brûlantes rien qu'à repenser à la sensation de son corps contre le mien.

— Ça va ?

— Oui, ce n'était qu'un cauchemar. Un parmi tant d'autres. Désolé de t'avoir réveillé et presque étouffé, acheva-t-il contrit.

— Je... Ça va. Ne t'inquiète pas. C'est juste que tu avais l'air de souffrir et... est-ce en rapport avec ta sœur ? finis-je par oser lui demander.

Je le vis se figer brutalement, son visage se fermer.

— Comment..., articula-t-il difficilement

— Tu as prononcé son nom cette nuit et Declan m'a raconté... Ne lui en veut pas, il s'inquiétait pour toi et...

— Je ne veux pas en parler, me coupa-t-il d'un ton sans appel.

Je ne pus m'empêcher d'esquisser un mouvement de recul devant son attitude glaciale. De nouveau cette distance qui nous séparait. Ce sujet était vraiment trop douloureux visiblement. Arenht se leva, saisit sa chemise froissée avant de l'enfiler, tout cela en évitant mon regard. Je me mis debout à mon tour, resserrant mes bras autour de mon torse. J'avais soudain très froid, tremblant légèrement. Comment avais-je pu ainsi tout gâcher ? Je n'étais vraiment qu'une idiote. J'aurais dû me douter qu'il ne voudrait pas en parler. Déjà il atteignait la porte.

— Merci pour cette nuit et encore désolé, dit-il avant d'ouvrir la porte.

Je tentais de cacher mon désarroi, de ne pas le supplier de rester.

— Tu peux rester jusqu'au matin, tu sais.

— Non, il vaut mieux que je parte.

— Arenht...

Ah ces stupides tremblements dans ma voix !

—...Je suis désolée.

Il me fixa un moment, le regard encore hanté par les fantômes de ses rêves. Puis il partit. Je restais un long moment, figée, à regarder sans la voir la porte close. Des larmes coulèrent silencieusement le long de mes joues sans que je les essuie.

Protège-moi - T.1 Pleine lune [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant