Protège-moi - T.1 Pleine lune [Terminé]

Chapitre 19.2

Un bruit sourd, à peine perceptible, vibra dans l'air, suivit par deux autres. Avant de comprendre ce qui se passait, je me retrouvais plaquée au sol par Arenht. Une balle ricocha à l'exact emplacement que j'occupais la seconde précédente. Je mis quelques battements de cœur à comprendre que je venais de me faire tirer dessus. Le juron qui s'échappa des lèvres de mon coéquipier réactiva mes réflexes.

— Tu n'as rien ? s'enquit-il en s'écartant un peu.

Je hochais la tête. Il m'indiqua la colonne d'une cheminée. Veillant à rester à couvert, je saisis mon sac et allais m'y positionner. De son côté, il récupéra son fusil tout en scrutant les alentours.

— Un tir de sniper, informa-t-il en me rejoignant. Tu es sûre que ça va ?

Je m'aperçus que je tremblais, le choc d'avoir failli me faire transpercer d'une balle. Je devais me ressaisir.

— Ça va aller. Ne traînons pas dans les parages.

Sheren nous attendait dans la voiture, prêt à démarrer. Nous nous y engouffrâmes dès que la porte coulissa. Une fois à l'abri, installée à l'arrière, je pris le temps de souffler. Le point de côté me faisait encore souffrir, certainement dû à notre repli précipité. Alors que j'attachais ma ceinture, ma main passa sur une substance poisseuse au niveau de ma hanche. Portant les doigts devant moi, j'observais avec stupéfaction le sang qui les imprégnait. Écartant ma veste et relevant mon tee-shirt, j'en cherchais l'origine.

— Merde, lâchais-je en trouvant l'orifice de la blessure.

La douleur afflua alors que je me tordais pour bien voir les dégâts. Ce n'était définitivement pas un point de côté.

— Attention Lynee ! On déteint sur toi, s'amusa Sheren en m'entendant jurer.

Au même moment il braqua, prenant un virage assez serré. Je ne pus retenir un grognement de douleur. Arenht se pencha vers moi et je vis son visage changer lorsqu'il aperçut la large tache de sang s'épanouissant telle une fleur écarlate. Il jura à son tour.

— C'est un nouveau jeu ou quoi ? s'enquit notre chauffeur tout en nous jetant un coup d'œil via le rétroviseur. Ah. Merde, ajouta-t-il. Tu veux que je me gare ?

— Non, fonce, répondit son ami tout en fouillant dans l'un des compartiments devant nous.

Il en sortit une sacoche contenant quelques bandages, une bouteille de désinfectant et des bandes adhésives. La trousse de secours de base en somme. Il m'enjoignit de dégager la plaie tout en préparant des compresses.

¬— Ça va piquer un peu, me prévint-il en verrouillant son regard au mien.

Appelez son avertissement un euphémisme. Il avait à peine effleuré la blessure que je me cabrais sous la brûlure vive. Ma main avait agrippé la poignée jusqu'à m'en faire blanchir les phalanges.

— Ce n'est pas normal, remarqua mon coéquipier les sourcils froncés.

La voiture amorça un autre virage qui m'envoya contre la portière. Les dents serrées je luttais pour ne pas crier sous les vagues de souffrance qui me traversaient.

— Sheren, fais gaffe, gronda Arenht.

Il se déplaça de façon à pouvoir me maintenir contre lui et m'éviter de trop subir les cahots du véhicule. D'une main, il pianota sur son téléphone avant de le plaquer à son oreille.

— Doc. C'est une urgence. Aylyn a été blessée. Oui... Non, rejoins-nous le plus vite possible avec ton matériel. Blessure par balle, mais... non, ce n'est pas comme d'habitude.

Je le sentis prendre la mesure de mon état. J'essayais de lui sourire, mais les muscles de mon visage ne suivaient pas.

— Je t'envoie l'adresse. OK. Je m'en occupe.

Il raccrocha. J'observais son profil, la tension crispant sa mâchoire. Encaissant les vagues de douleurs, je me calais contre lui, m'aidant de sa présence toute proche pour ne pas craquer.