J'eus beau tenter de deviner ce qu'il préparait, je n'en avais pas la moindre idée. Il m'amena à l'extérieur. Je découvrais pour la première fois l'endroit où se nichait le Complexe. En plein cœur du parc Algonquin. Vu l'immensité du territoire, c'était le lieu idéal pour être à l'abri du regard des curieux. La nature à perte de vue, l'odeur vivifiante du grand air. J'inspirais à pleins poumons, m'emplissant des senteurs riches de la forêt.
Je regardais les panneaux défiler à travers les vitres, m'attelant à trouver un quelconque indice sur notre destination. La seule certitude était que l'on s'éloignait vers le sud, empruntant la voie rapide.
Il y aura un peu de routes, m'avait-il averti avant de m'emmener vers sa voiture, un pick-up, idéal pour circuler sur les routes inégales du parc ou avaler de grandes distances. Il s'avéra même confortable. Une fois installée, Doc posa sur le tableau de bord un paquet chargé de viennoiserie et deux tasses isothermes. La noire contenait du café, sa drogue indispensable et la bleue du thé. Je fus touchée de son attention. Deux jours parmi eux et pourtant l'impression d'avoir trouvé bien plus qu'un refuge. Une famille. Je repensais à la première fois que j'avais croisé Doc.
Avec lui, cela avait été une évidence. Sans le connaître, fraîchement débarquée dans un lieu inconnu, je lui fis instantanément confiance, tout autant qu'à Arenht. Peut-être son regard doux, empathique ou bien ses soins prodigués avec adresse et bienveillance... Seul mon subconscient pouvait répondre. C'était une première pour moi, avec ma phobie de tout ce qui touchait au médical, de ne pas bondir hors de ce lit à la simple vue de l'aiguille entre ses doigts. Instinctivement je m'étais raccrochée à son regard et là, ma crise de panique s'était lentement délitée, ma respiration s'était calmée. Il représentait un ami, un repère fiable. Aucune ambiguïté, notre entente avait de suite était fluide. Il agissait comme un grand frère, enfin, tel que je me l'imaginais.
Bercée par les mouvements hypnotiques de la voiture, je sombrais sans m'en rende compte dans le sommeil. Une main pressée contre mon épaule me tira de celui-ci.
— On arrive bientôt, m'informa Doc.
Frottant mes yeux ensommeillés, je me redressais sur mon siège et observais les alentours. J'arrivais à intercepter le nom de la ville. Peterborough. Je fouillais dans mes souvenirs.
— C'est où tu travailles, m'exclamais-je. Tu comptes me faire une petite visite de ton hôpital ?
Rien qu'à l'idée, mon ventre se noua de manière désagréable. Il dut se douter de mon appréhension.
— À moins que tu le veuilles vraiment, je n'ai pas l'intention de t'infliger ce calvaire.
Je me détendis aussitôt. Il continua à progresser dans la ville, s'éloignant du centre-ville pour atteindre un quartier plus résidentiel. Ah, son appartement peut-être.
— On est arrivé ! Si mademoiselle veut bien se permettre, fit-il en m'ouvrant la portière.
Je ne pus m'empêcher de pouffer devant son cérémonial. Il m'entraîna vers un petit immeuble pas désagréable à regarder. Malgré sa construction datant de plusieurs décennies, il semblait bien entretenu. Je suivis Doc dans l'escalier, grimpant l'escalier jusqu'au deuxième et dernier étage. Alors que je m'attendais à ce qu'il sorte sa clé pour ouvrir, je fus surprise de le voir toquer à la porte. Ce n'était donc pas chez lui que...
— Enfin vous voilà ! nous accueillit Antonh avec chaleur. Entrés. Tu n'as pas lâché l'info au moins, s'enquit-il auprès de Doc.
D'un signe de tête, il le rassura. De mon côté, je me demandais ce qu'ils tramaient tous les deux. Le frère d'Arenht me fit un grand sourire avant de me tendre un porteclé. Je le saisis sans vraiment comprendre. Deux clés côtoyaient un petit loup en peluche.
— Je... commençais-je.
— Bienvenue chez toi, s'exclamèrent-ils en cœur.
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Protège-moi - T.1 Pleine lune [Terminé]
ParanormalA 16 ans, j'ai échappé à une agression. Pour dépasser ce traumatisme, mes parents ont pris la décision de déménager. Aujourd'hui, je m'apprête à entrer à la fac. Un nouveau pas vers la normalité après m'être repliée sur moi-même. Pourtant rien n'es...