Protège-moi - T.1 Pleine lune [Terminé]

Chapitre 19.4

Quelques jours plus tard, de retour au Complexe, je me sentais assez en forme pour reprendre mes entraînements. Gérer mes problèmes de transformation, ces faiblesses récurrentes me demandaient pas mal d'énergie. Je ne voulais pas les inquiéter inutilement. Nous étions focalisés sur nos avancées, nos missions de repérages. Pas question de dévier leur attention pour mes petits soucis temporaires. Je serrais les dents et ça passait. Je contrôlais. Pour une fois. J'étais fière de moi.

Je faillis juste frôler la crise cardiaque quand Ethan me sauta pratiquement dessus à la sortie de la salle de sport. Une flopée de jurons jaillit de ma bouche provoquant son hilarité.

— Eh bien ! Côtoyer une bande de mecs a enrichi ton vocabulaire. Je crois que c'est la première fois que je t'entends jurer. Ça vaut le détour !

Me remettant de mes émotions, j'hésitais entre le trucider et partager son amusement. Il finit par récolter une tape sur l'épaule. Il avait mérité bien pire, mais c'était quand même mon ami.

— Outch ! Attention, la violence maintenant, me taquina-t-il, tout en se massant l'épaule. Je venais juste te proposer de prendre un peu l'air.

— Tu ne pouvais pas demander normalement au lieu de me prendre ainsi par surprise ?

— Bien moins amusant. Alors ? Es-tu partante ?

Je hochais la tête. Le soleil brillait, radieux. Un peu d'air après cette séance d'entraînement ne serait pas de refus.

À demi allongés dans l'herbe, nous profitions de la petite brise sur nos visages. Il s'était enquis de ma blessure. Je l'avais rassuré. La guérison suivait son cours. Au-dessus de nous le ciel nous offrait une toile d'un bleu lumineux. Une journée parfaite, mon ami à mes côtés. Le souvenir d'une journée identique, allongés dans l'herbe sur le campus, tous les trois... Cassie me manquait. Je n'étais pas la seule à qui elle devait manquer. Je me tournais vers Ethan avant de détourner le regard, la culpabilité me rongeant de nouveau. Je déglutis péniblement avant d'oser exprimer à voix haute mes pensées.

— Je m'excuse pour Cassie, de l'avoir éloigné de toi.

Je continuais de fixer le lointain, incapable de le regarder en face, de peur de lire ses émotions.

— Si j'avais pu faire les choses autrement... Je ne voulais pas vous mettre en danger.

— Il faut que tu arrêtes, Aylyn.

Il lâcha un soupir sonore avant de s'étendre dans l'herbe.

— Arrête de t'en vouloir pour tout. Arrête de t'excuser. Bientôt tu vas t'excuser d'exister.

Je me mordillais la lèvre. Cette pensée avait maintes fois traversé mon esprit.

— Je suis certain que tu y as déjà songé, hein !

Un regard en coin glissa sur mon visage renfrogné. Son torse fut secoué d'un léger rire.

— Tu m'énerves, Sanders. Tu le sais ça ?

— Ça t'avait manqué, avoue.

Je lui envoyais une bourrade amicale. Le nœud à l'intérieur de mon cœur se desserrait, se réduisait. Je devenais plus légère, presque insouciante. Presque. La menace du Groupe L restait omniprésente, rôdant autour de nous.