Protège-moi - T.1 Pleine lune [Terminé]

Chapitre 34.2

Je traînais un peu, Arenht et Sheren à mes côtés. Les images de la vidéo tournaient en boucle dans ma tête. Ethan. Les autres avaient déjà passés les rails. Les tremblements me prirent par surprise. Je m'entourais de mes bras, peinant à respirer.

— Calme-toi Ayl, je suis là.

Sauf que je n'y arrivais pas. Mon esprit refusait de lâcher prise. Qu'allaient-ils lui infliger ? Et si déjà ils...

— Il faut la ramener, tout de suite. Sheren, prends là.

— Et toi ? rétorqua-t-il en s'approchant.

— Il me reste des choses à régler ici.

Le ton sombre de sa voix me sortit de mon mal-être. Pas question qu'il se mette en danger. Qui sait ce qu'ils avaient laissé derrière eux. Quand il voulut me transférer dans les bras de Sheren, je m'accrochais vivement à lui. Il parut surpris de ma soudaine détresse.

— Ayl, Sheren va te ramener.

— Non... Laisse-le...

Les mots peinaient à sortir de ma gorge sèche. J'avais compris ses intentions. Il voulait l'achever.

— Ne me laisse pas, balbutiais-je.

Sheren leva les yeux au ciel avant de s'écarter.

— C'est bon, je m'en occupe. Occupe-toi d'elle, lança-t-il en partant vers l'intérieur.

— Non ! criais-je, terrifiée. N'y vas pas.

Deux paires d'yeux incrédules me dévisagèrent. J'avais l'impression d'être totalement irrationnelle, pourtant la sensation de malaise ne me quittait pas.

— C'est quoi ton problème Lynee ?

Qu'il utilise ce surnom ajouta à ma peur qu'il lui arrive quelque chose. Je voulais juste quitter cet endroit le plus rapidement possible et ne plus y retourner, jamais.

— Ayl, on a l'habitude tu sais, on est des grands garçons, c'est pas des enfoirés dans leur genre qui font nous faire...

Une explosion assourdissante vibra dans l'air. Instinctivement Arenht s'était replié sur moi, faisant rempart de son corps. Le souffle de la déflagration nous projeta au sol.

Mes tympans vibraient encore alors que j'ouvrais les yeux. Mon ouïe se réduisant à un bruit blanc désagréable. Le brouillard de débris résultant de l'explosion obstruait ma vue. La seule certitude restait les doigts d'Arenht autour des miens, de son souffle près de mon cou. Le soulagement de le savoir en vie primait sur tout le reste. Tout sauf...

— Ça va ? s'enquit mon partenaire en émergeant à son tour.

— Sheren, soufflais-je avant de tousser, ma gorge pleine de poussière.

— Putain, jura-t-il tout en essayant de se redresser.

Ce mot s'échappait si rarement de sa bouche qu'il reflétait l'intense inquiétude d'Arenht. J'avais raison et cela me laissait un arrière-goût amer dans la bouche. Ils étaient prévisibles, des enfoirés jusqu'au bout. Ils balayaient leurs traces, effaçaient toutes preuves de leurs expériences. Comme d'habitude il ne resterait que des cendres sur leur passage. Nul doute qu'ils prévoyaient d'emporter quelques-uns des nôtres dans leur piège.

Arenht fouillait les décombres alentours, appelant son ami aussi fort que le lui permettait sa voix enrouée. Un bruit de pierres qui dégringolent attira notre attention. Toujours à terre, j'essayais de retrouver mes esprits.

— Ils avaient blindé le bâtiment à la dynamite les cons ! s'exclama une voix facilement reconnaissable. Lynee t'es encore entière pour entendre une phrase rarissime ?

Un rire nerveux m'assaillit. Je dus déglutir avant de répondre d'un « oui » tremblotant.

— OK, bon, ben t'avais raison !

Arenht s'esclaffa en même temps que moi. Tous les indices que nous aurions pu extraire étaient partis en fumée, mais nous étions entiers, cela seul comptait. Ils ne récoltaient que des blessures superficielles, rien d'irrémédiables.

Une fois son ami extrait des quelques blocs l'ayant emprisonnés, Arenht revint vers moi. Il me hissa doucement en position verticale, scrutant mon visage pour jauger de mon état. Je devais être lamentable, mais il sourit tout en repoussant mes mèches emmêlées.

— Merci, murmura-t-il. Sans ton obstination nous serions là-dessous, ajouta-t-il en désignant le tas de décombres.

Je frémis à cette pensée tout en l'enlaçant avec force.