Cold Days In Heaven (A Season In Hell #2)

Chapitre 17

J'eus du mal à trouver Gabriel. Je le cherchais dès que je le pouvais. Ce qui n'était pas souvent. Je passai mon temps chez les Cupidons à remplir les cartes. Si Lemony m'obligeait à prendre une pause, je cherchais Gabriel.

Ou je lisais le livre d'Hénoch.

Réussir à décrypter ces pattes de mouche était une épreuve. Je pouvais comprendre qu'Hénoch ait voulu en caser le plus possible sur chaque page au vu du peu de place dans le carnet mais il aurait pu rester lisible !

Chaque page que je lisais était plus décevante que la première. Rares étaient les informations utiles dans ce carnet. Ce n'était rien que j'ignorais. Les prophéties étaient incompréhensibles. Je doutais que Meriel lui-même parvienne à saisir quelque chose de ces énigmes maladroites et bancales.

Ma seule chance venait du fait que l'enochien n'avait pas changé depuis sa création jusqu'à aujourd'hui, contrairement aux langues humaines. La seule différence qui pouvait être notée était la prévalence de certains mots, certaines expressions à certaines époques. En dehors de cela, il était toujours le même et, en l'instant, c'était bien pratique.

- Ne devais-tu pas le remettre à Gabriel ?

Je levai les yeux vers Meriel. Un petit sourire en coin étirait ses lèvres. Il s'était douté que je ne ferais aucun effort pour le donner à l'archange. Je posai le livre lorsque... – quoi ? Mon petit ami ? Mon partenaire ? Je n'étais pas certain de la terminologie à adopter dans notre cas – vint s'installer à côté de moi. Je retrouvai son contact avec plaisir et soulagement. Je me sentais toujours plus calme lorsqu'il était là et que je n'étais pas forcé de tout gérer en solitaire.

- Je l'ai cherché mais je ne l'ai trouvé nulle part, répondis-je innocemment.

Il eut un rire et déposa un baiser sur ma joue. Son bras passa au-dessus de moi pour se saisir du carnet. Il le feuilleta rapidement.

- As-tu découvert quelque chose ?

- Rien d'intéressant ni de très clair. Il y a beaucoup de prophéties qui sont indéchiffrables et encore plus de choses qu'on sait déjà tous.

Il se pencha sur le carnet et observa la page sur laquelle il était ouverte. Ses sourcils se froncèrent et un air concentré vint marquer son visage.

- Il y a quelque chose dans ce carnet, souffla-t-il. Quelque chose que l'on ne voit pas à l'œil nu. Je n'ai pas le pouvoir nécessaire pour le lire.

- Je ne comprends pas, admis-je bêtement.

Il me mit le petit livre dans les mains et me regarda dans les yeux. Lorsqu'il faisait ça, j'avais de plus en plus de mal à résister à mon envie de l'embrasser. C'était frustrant.

- Sens la magie du livre. Trouve ce qui a dissimulé les vrais écrits d'Hénoch.

Tout ce que j'arrivais à penser, c'était combien il était près, combien il m'avait manqué. L'énergie du carnet pulsait entre mes mains, négligeable quand Meriel était si près de moi après plus de deux semaines séparés.

Comme s'il l'avait senti, Meriel claqua des doigts devant mon nez. Je tressaillis.

- Ne te laisse pas distraire par les protections. Concentre-toi sur le verrou.

C'était donc ça ? Ces réactions décuplées face à son retour n'étaient qu'un tour joué par le livre pour que je me détourne de ses secrets. Les émotions étaient là, sous-jacentes, plus discrètes et timides que le carnet ne me le faisait croire. Il tapait dans ce qui était le plus vivace en moi pour le mettre en avant de tout le reste.