Chapitre 25

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Meriel ne dormait pas lorsque je me réveillai. Il ne dit rien, me laissant me laver et me changer avant que j'aille apporter le livre à Michael. Il ne m'avait toujours pas adressé un regard lorsque je fermai la porte derrière moi. Il n'avait pas bougé d'un cil lorsque je revins.

Je n'avais pas envie de reprendre notre dispute mais avais-je le choix ? Il fallait bien résoudre le conflit. Pour ça, je devais comprendre pourquoi il avait réagi aussi violemment aux révélations de Gabriel. Parce que ça n'avait pas de sens, lorsqu'on le connaissait. Il était censé être trop réfléchi pour être affecté par quoi que ce soit. Surtout, il n'aurait pas dû s'en prendre à moi puisque Gabriel avait bien dit que je ne l'avais jamais vu alors que lui s'était déjà entiché de moi.

Je m'assis à mon bureau. Peut-être serait-il préférable que je le laisse tranquille et que j'aille m'atteler à résoudre d'autres problèmes. Je ne savais pas quoi faire. Devais-je amorcer la conversation ? Était-il trop tôt ? J'enfonçai ma tête dans mes mains. Je commençais à avoir mal à la tête.

- Je suis désolé.

Je tressaillis. Mon coude heurta mon pot à crayons qui se renversa par terre. Je me tournai vers Meriel. Il fixait ses genoux, immobile, si vulnérable que j'avais envie d'aller le serrer dans mes bras mais encore trop à vif pour que j'ose le faire.

- Je n'aurais pas dû réagir ainsi. Je ne sais pas...

- Menteur, coupai-je doucement. Tu sais pourquoi. Tu ne veux pas me le dire.

Ses yeux vinrent enfin s'accrocher aux miens et je faillis me noyer dans sa détresse et son incertitude. Je le rejoignis sur le lit mais me gardai du moindre contact entre nous.

- Je n'ai pas pour habitude de partager ce genre de choses, admit-il. M'ouvrir... Ce n'est pas facile. Je ne l'ai jamais fait. Ça n'intéressait personne et ça m'aurait fait tuer.

- C'est différent, cette fois. Personne ne te tuera si tu me dis ce que tu as sur le cœur. Au contraire, ça nous serait plutôt utile, dans le cas présent.

Je m'étais préparé à un regard noir, à une réplique sarcastique. Au lieu de ça, il ne broncha pas d'un cil. C'était encore pire que s'il avait réagi. Je posai une main sur son genou, tentant d'attirer son attention. Même ça, ça ne changea rien.

Plutôt que d'insister, je gardai le silence et patientai. Il avait besoin de temps. Depuis le temps, il devait avoir établi des murs hauts et épais pour protéger ses émotions et y créer une ouverture pour moi n'allait pas être facile. J'espérais qu'il aurait la force et l'envie d'essayer de me faire une place. Je l'espérais du fond du cœur.

- Chamuel a touché un point sensible, murmura soudain Meriel. En disant que j'allais mourir. Depuis que tu es devenu un archange, je sais que, quand toi, tu es éternel, moi, je vais finir par mourir. Ça remis les choses perspective.

- Quelles choses ? questionnai-je lorsque je me rendis compte qu'il n'allais pas se remettre à parler de si tôt.

- Nous. J'ai développé des sentiments pour toi très vite. Les garder pour moi... C'était rassurant. Le problème, c'est que ce genre de sentiments, ça enfle jusqu'à ce que ça déborde. Hasdiel a fini par s'en rendre compte et toi ensuite. J'étais terrifié. Et j'ai commencé à réfléchir. J'avais beau être heureux avec toi, je savais que c'était trop beau. Que le fait que tu sois un archange changerait tout. Parce que les archanges ne meurent pas avec le temps. Moi, je vais finir par mourir. Je suis une âme humaine. Mon énergie finira par ne plus se renouveler et je disparaîtrais.

J'ouvris la bouche pour l'interrompre mais il ne me laissa pas faire. Il continua à déverser tout ce qu'il ressentait sans me donner la chance de le rassurer.

Cold Days In Heaven (A Season In Hell #2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant