Cold Days In Heaven (A Season In Hell #2)

Chapitre 35

Tout s'arrangea rapidement. Gabriel serait le seul à ne pas avoir de tour de garde puisqu'il était le plus impacté. Le reste d'entre nous allait se répartir des moments de méditation et des moments de garde pour surveiller que les anges ne déraillaient pas et que Samael attendait bien tranquillement dans sa cage.

Meriel n'avait pas été ravi d'apprendre que j'avais juré de ne pas parler de ce que j'avais appris durant notre réunion entre Archanges. Ça ne l'avait pas empêché de continuer à réfléchir à une façon de gérer tout ce bazar. Personnellement, je ne voyais pas comment nous pourrions régler tous les problèmes en même temps. Il y en avait trop. Entre Michael et Gabriel qui complotaient pour que je tue Lucifer à la place de Michael, Samael qui avait toujours plusieurs tours d'avance sur nous pour rouvrir les Enfers, le déséquilibre dans tous les Cieux, Lucifer qui, de son côté, ne semblait pas prêt à céder son trône, Ava et Declan qui servaient de jouets à mes supérieurs pour m'amener à faire ce qu'ils attendaient de moi... Y avait-il seulement une solution pour chaque problème ?

Je plaquai mes poignets contre mes yeux et lâchai le plus long soupir de mon existence. Je voulais en finir avec tout ça. Retrouver une existence aussi normale que possible. Maintenant que j'étais un archange, ça serait plus complexe. Mes jours consisteraient en jugements, en recherches, en surveillance. Pas vraiment ce que j'aurais prévu pour moi mais ce n'était pas comme si j'avais le choix.

À moins que les plans de Michael et Gabriel réussissent et que je me retrouve éliminé pour avoir assassiné Lucifer. Plus j'y songeais et moins je redoutais cette éventualité. Si c'était destiné à arriver, ça arriverait. Je n'étais pas certain d'avoir compris pourquoi celui qui tuerait le Diable devrait être puni puisque, à mes yeux, il rendrait un énorme service à tout le monde, mais si c'était le prix à payer pour qu'on en finisse, j'étais prêt. Même si ça ne réglerait pas le problème de Samael, pas complètement.

Pour l'instant, je devais réfléchir à la manière de gérer le procès de Samael. Puisque les anges ne pourraient jamais savoir les secrets que je venais d'apprendre, ils ne pourraient pas juger les crimes de Samael dans toute leur amplitude. Alors comment revenir sur ma décision sans que ça soit trop visible ? Sans amener le doute dans l'esprit des masses ? La dernière chose dont nous avions besoin était bien une rumeur ou une révolte.

Je me redressai, pris d'une soudaine inspiration. Si Samael était accusé d'un nouveau crime, quelque chose de trop important pour pouvoir être jugé par ses pairs, je pourrais décréter qu'il était impossible pour les anges de participer au procès. Encore fallait-il que je trouve de quel crime l'accuser.

Désacralisation des Cieux...

Je tenais la solution. Encore fallait-il voir si elle pourrait passer lorsque le conseil rouvrirait. Il fallait que j'en parle aux autres archanges pour qu'ils appuient cette décision. Avec un peu de chance, elle soulèverait moins de questions et protestations qu'aucune autre. Après tout, dès notre arrivée, on nous enseignait que seuls les Archanges savaient tout des Cieux. Ils ne seraient pas surpris de ne pas être impliqués dans quelque chose qui touchait si profondément à leur nouvelle demeure.

Je sortis de mes quartiers et dévalai les escaliers pour gagner ceux de Zacharael. J'avais eu plus de contacts avec cet archange taciturne et perpétuellement calme. Je m'étais quelque peu habitué à son manque de réaction. Il m'apparaissait comme le plus sage et le plus réfléchi de mes alliés. Je ne pouvais pas me fier à Michael ou Gabriel aussi Zacharael devenait mon seul recours. L'avantage était qu'il était habitué à travailler autant avec les archanges qu'avec les anges puisqu'il était l'Archange des Dominations qui supervisaient les chœurs inférieurs.

Il m'accueillit dans son bureau d'un « entrez » qui portait juste assez à travers la porte pour être audible et chaleureux. J'ignorais comment il parvenait à joindre distance et chaleur. Chez la plupart des personnes, son attitude paraîtrait froide. Pas chez lui. Il apparaissait plutôt comme un sage dont les avoir réchauffe l'âme mais qui demeure hors de portée.