Cold Days In Heaven (A Season In Hell #2)

Chapitre 29

Au milieu de mes tâches quotidiennes, je dus glisser quelques heures pour examiner le livre traitant du conseil de guerre avec Meriel. Heureusement, il n'était pas épais si trop complexe. Rien qui ne ressemblât aux livres d'Hénoch. Il était divisé en deux parties. La première listait les règles impératives à suivre, les enjeux, les devoirs de chacun et tout ce qui gravitait autour de ces notions. La seconde partie contenait des comptes-rendus des rares conseils de guerre ayant jamais eu lieu. Si je voulais bien passer du temps à étudier la première partie, la deuxième n'avait aucun intérêt pour moi.

Meriel m'avait brièvement expliqué ce qu'il espérait achever en attendant le conseil pour s'en prendre à Samael. J'étais mal à l'aise avec cette idée. J'avais envie de le voir sous clef au plus tôt. Dès que j'avais un moment de libre, je surveillais ses faits et gestes grâce au miroir. Il ne semblait rien faire de mal mais ça ne voulait rien dire. Il avait été assez malin pour passer inaperçu jusqu'à ce qu'il me force à le rencontrer.

Mes entraînements avec Michael étaient devenus pour le moins compliqués. Savoir que je ne pouvais pas me fier à lui autant que je l'avais cru rendait difficile de travailler avec lui. Si je ne parvenais pas à me contrôler, à ravaler ma colère pour ne plus frapper aussi fort, il allait finir par se douter de quelque chose. Or, ça serait contre-productif si je voulais le doubler et retourner ses manigances contre lui.

Je ne me souvenais pas de la dernière fois où j'avais été aussi angoissé. Ce devait être... durant les préparatifs pour l'affrontement contre Lucifer. Ces longues journées où je devais conserver mon énergie, où j'étais éloigné de tout ce qu'il se passait, où tout bouillonnait en moi comme dans un volcan prêt à exploser. J'avais besoin de faire quelque chose de concret plutôt que de maintenir les apparences pendant que Meriel étudiait en détail en consistait le conseil de guerre et y adaptait ses plans.

Je devais avouer que ce qui m'angoissait le plus n'était pas ce qui se passait aux Cieux mais sur Terre. Je ne cessais de penser à Declan et à Raquel et à Michael et à ce que le Séraphin pouvait espérer de cette alliance forcée par les Cupidons. Quel avantage cela pouvait-il lui apporter ? Pourquoi se donner le mal de glisser cette mission en sachant que les Cupidons pouvaient jauger la compatibilité des cibles et que celle-ci risquait de soulever des soupçons ?

Je pivotai sur mes talons et repartis en arrière. Il y avait une question que j'aurais dû poser aux Cupidons plus tôt mais à laquelle je venais seulement de penser. Je luttais contre ma fatigue pour retourner vers la zone des Cupidons.

Cosmo m'accueillit avec un sourire étrangement tendu.

- Un problème ? questionnai-je.

- C'est le chaos sur Terre. Ça devient dangereux pour nous de descendre. Heureusement que le conseil commence dans deux jours.

Il s'assit sur une pile de papiers qui, par un quelconque miracle, ne s'effondra pas sous son poids mal réparti.

- Tu as besoin de quelque chose ? reprit Cosmo, visiblement fatigué.

- J'ai juste une question. Est-ce que tu te souviens de missions bizarres ? Des cibles qui sont apparues sur les listes mais où le Cupidon t'aurait dit qu'ils n'auraient jamais dû être mis ensemble ?

Le regard de Cosmo se perdit dans le vide, songeur. Il devait ressasser tous les comptes-rendus de mission qu'il avait pu avoir durant sa vie. J'osais espérer que les cas ressemblant à ce que je lui avais demandé n'étaient pas nombreux. J'étais trop épuisé pour subir des heures de discussion.

- Je ne peux penser qu'à deux cas, finit par dire Cosmo. Jantila Rocher et Peter Witte quelque part dans les années 1280 et Raquel Salgado et Declan Beahan, il y quelques mois de ça. Je ne vois pas d'autre cas. Il y a eu des couples moins bien assortis que les autres mais ces deux-là sont les deux seuls qui ressortent vraiment. Je suppose que Dieu a un plan particulier pour eux.