Chapitre 36

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Etant maintenant sortie de mon état, la bête se relevait me regardant, se demandant ce que je préparais. Je me tournai vers lui :

— Iblisus ? C'est toi ?, lui demandais-je en gardant toujours mes distances.

— Oui pourquoi ?

— Non ! C'est à moi de te poser cette question ! Pourquoi ? Pourquoi es-tu devenu comme ça ? Tu me reconnais au moins ?

— Bien sûr que oui, je sais que c'est toi Mélody ! Je le savais depuis le début !

— Alors pourquoi ? Pourquoi me faire ça à moi ?, lui demandais-je perturbée par ce que je venais de découvrir.

Iblisus était un ancien ami à moi, on avait pour habitude de jouer tous ensemble devant le château quand on était petits. Nous n'étions pas très proches mais nous avions une amie en commun, c'était comme cela qu'on s'était connus. Il restait debout au milieu du hall regardant à terre prêt à se confier.

— Mélody ! J'ai fait tout cela pour que tu t'unisses à moi pour toujours. Qu'on soit coéquipiers ! Je t'aimais et je t'aime toujours. Petit, tu m'as toujours ignoré et rejeté, ça me faisait atrocement mal. Alors un jour je suis rentré en pleurant chez mon oncle, je lui ai tout raconté. Mon amour pour toi, ton ignorance envers moi, vraiment tout... Mon oncle était diabolique, exilé des enfers depuis sa dispute avec mon père Hadès, il me gardait pour que je puisse aller à l'école comme les autres petits garçons. Il a décidé de monter ce plan contre toi et tes parents le jour où tu as eu tes ailes. J'étais tellement content pour toi que je lui en ai parlé, seulement il connaissait leurs pouvoirs et la magie qu'elles refermaient. Il a donc monté ce coup, mais j'étais trop jeune pour comprendre. Et puis les années passèrent, il m'a fait sombrer avec lui dans le mal. Au début ça ne devait que t'atteindre toi mais il a vu trop grand ; étendant sa vengeance qui était finalement la mienne sur tout le monde magique. Un jour il m'a préparé une potion, me disant qu'elle allait me rendre plus fort. C'est ainsi que mes ailes ont poussé m'obligeant à rester à la maison avec mon oncle pour finir son plan diabolique pour me venger.

Il disait ça comme laissant son côté maléfique un instant pour se confier mais quelque chose m'intriguait.

— Où est ton oncle dans ce cas ?

— Il est malheureusement mort il y a quelques années. Ça m'a fait tellement mal, il avait beau être diabolique c'était lui qui m'avait élevé et accueillit, disait-il s'asseyant sur une marche de l'escalier voyant trouble à cause des larmes qui s'accumulaient aux bords de ses yeux.

— Pourquoi tu ne m'as pas dit tes sentiments envers moi ?, lui demandai-je essayant de changer de sujet.

Il ne répondit pas à la question surement par timidité.

— Si j'étais comme ça avec toi c'est parce qu'on ne se connaissait pas plus que ça. Tu étais l'amie de Mélova, je ne te connaissais pas vraiment. »

Mélova était une fée nature de notre âge. C'était grâce à elle qu'on s'était connus avec mon tyran, on avait pour habitude de jouer avec elle et d'autres créatures du monde magique. On s'entendait très bien, mais Iblisus était le seul qui m'intimidait. Malgré notre jeune âge il y avait déjà quelque chose entre nous, mais je n'osais jamais l'aborder, préférant jouer avec mes autres amis.

— Ecoute à cet âge mes sentiments pour toi était aussi réciproques. Le fait de ne pas te connaître et de ma grande timidité, je n'osais jamais t'aborder de peur du rejet. Nous n'avions que 405 ans aussi, il ne faut pas l'oublier. C'est vrai je suis désolée, j'aurais dû te dire tout ça et bien avant toute cette vengeance.

Il restait toujours muet face à mes annonces et commençait à pleurer en silence. Il finit par me faire des excuses pour tout ce que lui et son oncle m'avait fait subir. Disant que tout ça était de sa faute et pas de la sienne. J'avais l'impression que son côté maléfique avait disparu en un claquement de doigt. Ma mère me disait souvent « l'amour est plus fort que tout », et c'était aujourd'hui que j'en avais la preuve. Son amour pour moi et ma sincérité l'avait calmé et refouler son côté diabolique. Puis, il commença à changer de sujet. Nous parlions du passé, se remémorant de vieux souvenirs, rigolant, se taquinant. Je compris enfin pourquoi le petit garçon, qui avait fait fondre mon cœur, était parti du jour au lendemain sans donner de nouvelles à personne. Il se leva me demandant de le suivre. Il se dirigeait vers la porte menant au sous-sol. Arrivée à l'entrée, il leva la main et les grosses grilles noires qui privaient ces êtres de liberté s'étaient enfin ouvertes. Les créatures commençaient à se rassembler devant lui se demandant le sort qu'elles allaient subir. Ma mère me voyant à ses côtés se précipita vers nous lui décollant une belle droite et lui lançant les pires injures. J'essayais de raisonner ma mère qui pensait que j'étais passée du mauvais côté. Je finis par la prendre dans mes bras en lui expliquant la situation. Elle fut aussi choquée que moi. Soudain il s'exprima :

— Rois et reines ! Je tenais à m'excuser pour ce désordre dans vos vies, d'avoir raté autant d'années auprès de votre royaume et vos proches. Je vous propose donc de rattraper le temps perdu et de suivre Gomy. Il vous ramènera chez vous.

Il se tourna vers Gomy qui comprit de suite sa mission et ce qu'il devait faire. Il partit donc emmenant toutes ces créatures dans les Champs-Élysées pour rentrer chez eux. Quand tout le monde fut parti, il claqua des doigts renvoyant la reine des océans dans son palais caché au plus profond des océans. Mes parents et moi restions avec lui remontant doucement. Il nous proposa ensuite de l'accompagner au Tartare.

— Pourquoi ?, disait mon père d'une voix très agressive, tu vas encore nous enfermer ?

— Non, bien sûr que non ! Je vais juste libérer mes parents et je voudrais leur montrer que je vous ai libérés.

La fille papillon [Tome 2] / TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant