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Sur le chemin, l'angoisse ne fait que croître en moi. Bloquée dans les embouteillages, je profite du répit forcé pour consulter mon téléphone, chose que je n'ai pas eu le temps de faire depuis mon réveil précipité. Un message de Narimen s'affiche sur l'écran : "Bonne chance, j'ai confiance en toi, tu vas y arriver !!" Un sourire s'étire sur mes lèvres en lisant ses mots, apportant une touche de réconfort à ma matinée mouvementée.

Narimen est bien plus qu'une amie, elle est un pilier, un roc sur lequel je peux toujours m'appuyer. Elle est la seule que je considère comme une véritable amie, les autres ne sont que des connaissances, des "8h-17h", comme on dit. Elle a 21 ans comme moi, et fait des études de notariat. Nos discussions sont toujours empreintes de sagesse et de complicité, et son message est une bouffée d'air frais au milieu de ce chaos.

Un autre message s'affiche, le prénom "Kaïs" en guise d'expéditeur. Kaïs... Mon sourire se fige, mon cœur se serre malgré moi.

"Ne stresse pas mon amour, tout va bien se passer ❤️".

Ces mots qui auraient dû me réconforter résonnent dans mon esprit avec une amertume que j'essaie désespérément de contenir. Mon esprit s'emballe, ma gorge se noue. La circulation reprend, et je me concentre tant bien que mal sur la route, m'accrochant à ce fil de lucidité pour ne pas perdre pied. En vérité, j'ai juste envie de m'arrêter au bord de la route, de me garer quelque part et de pleurer jusqu'à ce que toute la tension, toute la douleur s'évapore.

Mais je ne pleurerai pas, je me suis jurée de ne jamais verser une larme pour un homme, et sûrement pas pour lui. Pas après tout ce que j'ai vu. Les larmes de ma mère, silencieuses mais dévastatrices, durant son mariage avec mon père, m'ont enseigné cette leçon : la douleur ne doit jamais prendre le dessus.

Kaïs, qui est-il ? Eh bien... vous le découvrirez au fil de l'histoire. Mais pour l'instant, il doit rester en arrière-plan, une ombre parmi d'autres dans la trame de ma vie.

Après environ 30 minutes de trajet, j'aperçois enfin l'imposant bâtiment de HTM Industry. Il se dresse devant moi comme une forteresse, probablement le plus grand édifice du quartier. Sa façade de verre et d'acier scintille sous les rayons du soleil du matin, imposant et intimidant. Je gare ma petite Mini Cooper en face, prenant une grande inspiration pour calmer le battement frénétique de mon cœur.

Je descends de la voiture, m'efforçant de garder mon calme, et commence à réciter des prières mentales. Tout ira bien, Amar, tout ira bien. Je traverse le hall d'entrée, et dès que je passe la porte, je suis frappée par l'immensité du lieu. C'est immense, vraiment immense. Le sol brille tellement qu'il semble être un miroir parfaitement lisse. Chaque détail est à sa place, chaque élément respire la perfection. Tout ici est conçu pour impressionner, pour intimider peut-être.

Je tente de m'orienter dans cet espace qui semble démesuré, mes pas résonnant sur le marbre impeccable. Je me dirige vers l'accueil, où une réceptionniste m'accueille avec un sourire aussi large que chaleureux. Elle semble être le premier rayon de soleil dans cet environnement froid.

- Euh... bonjour, dis-je, légèrement perdue. J'ai un rendez-vous pour un entretien d'embauche pour le poste d'assistante de direction à 9 heures.
- Bonjour, oui, votre nom, s'il vous plaît ?
- Madame Ayden.
- Oui, en effet, confirme-t-elle en consultant son écran. Suivez-moi, s'il vous plaît.

Son sourire ne faiblit pas, et je me demande comment elle fait pour conserver une telle expression toute la journée. Je la suis, tentant de faire abstraction du nœud qui se resserre dans mon estomac. Nous prenons l'ascenseur, et chaque étage que nous gravissons semble me rapprocher un peu plus du point de non-retour. 1... 2... 5... 10... 39ème étage. Le chiffre s'affiche en rouge sur le petit écran digital, et je sens la panique monter en moi.

Nous sortons de l'ascenseur, et je réalise que mes mains sont moites, tremblantes. Je suis tellement nerveuse que la dame qui m'accompagne le remarque. Elle se tourne vers moi, un sourire réconfortant sur les lèvres.

- Ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer, me dit-elle avec une douceur rassurante.

Je tente de sourire en retour, mais je n'arrive pas à chasser l'angoisse qui m'étreint. Et si je tombe sur un vieux désagréable, ou pire, un raciste ? Les pires scénarios défilent dans ma tête, et je me force à respirer profondément pour ne pas perdre pied. Ça va aller, Amar, respire.

Nous nous dirigeons vers la secrétaire de l'étage, une femme élégante et parfaitement coiffée qui lève les yeux de son écran pour m'accueillir d'un sourire. Après quelques formalités, elle signale mon arrivée, puis m'invite à patienter quelques minutes, le temps que la personne avec qui se déroulera mon entretien soit prête à me recevoir.

Je m'installe sur un siège, essayant de me détendre, mais l'attente est longue, beaucoup trop longue. Les minutes s'étirent comme une éternité. Je déteste attendre, je me répète intérieurement, chaque seconde qui passe me rapprochant un peu plus de la crise de nerfs.

Enfin, après ce qui me semble être une bonne demi-heure, la secrétaire m'annonce que c'est bon, le PDG va pouvoir me recevoir. Je lui adresse un petit sourire, mais l'information met un moment à faire son chemin jusqu'à mon cerveau.

Le PDG ?

- Hum... Je pensais que ce serait avec un membre des ressources humaines ? demandai-je, incrédule.

- Oh oui, normalement cela aurait dû être le cas, mais malheureusement il est absent pour raison médicale, alors vous passerez directement l'entretien avec le PDG, qui est également le fondateur de l'entreprise.

Je n'ai même pas le temps de respirer et d'avaler la nouvelle qu'elle me montre la porte où je dois me rendre. Le PDG en personne... Comment est-ce possible ? La panique revient au galop, mais je me force à reprendre le contrôle.

Je respire un bon coup, mes doigts tremblants se serrent sur la poignée de la porte. Je toque une fois, puis deux.

- ENTREZ ! résonne une voix forte et autoritaire de l'autre côté.

« Amar »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant