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À peine ai-je eu le temps de réagir que Kaïs m'attrape fermement par le bras, son visage tordu par une colère que je ne comprends pas. Il me pousse sans ménagement vers la voiture.

- Monte vite.
Son ton est tranchant, glacial, mais je tente de le raisonner.

- Qu'est-ce qui se passe ?
Calme-toi, les gens nous regardent.

Je peux sentir les regards des passants, curieux et un peu effrayés, se poser sur nous.
Mon cœur bat la chamade, et une vague de panique commence à m'envahir. Mais Kaïs s'en fiche, son emprise se fait plus ferme, presque douloureuse.

- Je me fiche des regards !
Monte !

Je sais qu'il ne plaisante pas, mais avant que je puisse bouger, une voix calme mais ferme retentit derrière moi.

- Vous ne pouvez pas l'obliger à monter si elle ne le souhaite pas.

Mon sang se glace. A l'entente de la voix de mon patron.
Mon esprit s'embrouille, l'adrénaline monte en flèche. Je voulais à tout prix éviter une confrontation entre ma vie privée et le travail, et maintenant voilà que ça dégénère. Merde, merde, merde. Kaïs se retourne, les muscles tendus par la rage, pour faire face à celui qui vient de l'interrompre.

- Pardon? Et toi, qui es-tu pour me dicter ce que je dois faire ?

Je tourne mon regard vers
Hatem. II se tient là, immobile, les mains enfoncées dans les poches, son expression indéchiffrable. Il semble détendu, presque serein, mais je vois une lueur dangereuse dans ses yeux. Kaïs, quant à lui, est tout l'opposé : son corps entier est tendu, ses poings serrés si fort que ses jointures blanchissent, ses veines saillantes sous la peau.

- Je ne vous ai pas permis de me tutoyer, réplique Hatem, sa voix toujours aussi calme.
Lâchez-la maintenant, je ne le répéterai pas une troisième fois.

Kaïs m'abandonne soudainement et avance d'un pas menaçant vers Hatem, ses yeux noirs de colère.

- Sinon quoi, espèce de connard?

Et avant même que je ne puisse comprendre ce qui se passe, Hatem réagit. Son poing fuse et s'écrase sur le visage de Kaïs avec une force dévastatrice. Le coup est si brutal que le son résonne dans l'air comme un coup de tonnerre. Kaïs chancelle, mais Hatem ne lui laisse pas le temps de se ressaisir. Il l'attrape par le col avec une violence contenue, son visage déformé par une colère glaciale.

- C'est moi que tu traites de connard ? Je vais te montrer qui a mis au monde ta mère.

Les coups pleuvent. Un direct dans le nez, un autre qui éclate la lèvre de Kais, puis un coup de genou entre les jambes qui le fait s'effondrer au sol. Hatem n'en a pas fini pour autant, il continue de frapper Kais avec une rage que je n'aurais jamais imaginée.

Le PDG froid et calculateur a disparu, remplacé par une force brute, presque animale.
La sécurité arrive enfin, alertée par le tumulte, et se précipite pour séparer les deux hommes. Kaïs est à terre, méconnaissable, son visage ensanglanté, défiguré par la violence des coups qu'il vient de recevoir. Hatem se relève lentement, reprenant son souffle, mais ses yeux restent fixés sur moi.
Moi... je suis figée sur place, incapable de bouger. C'est comme si toutes les fois où Kaïs a levé la main sur moi refaisaient surface, tournant en boucle dans ma tête.
J'entends les voix autour de moi, des bruits de sirènes peut-être, mais tout semble lointain, flou. Je suis paralysée par la peur, par les souvenirs, par ce que je viens de voir.
Hatem retrousse calmement ses manches, son regard plongé dans le mien. Il semble lire en moi, déchiffrer mes pensées les plus sombres, comme s'il savait déjà tout ce que je n'ai jamais osé dire à personne. Un frisson glacé parcourt ma colonne vertébrale.

« Amar »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant