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**AMAR**

Après son appel, Hatem me rejoint dans le salon, son visage marqué par des traces d'agitation qui n'échappent pas à mon regard attentif.

— Il voulait quoi ? demandé-je, essayant de percer la façade calme qu'il essaie d'afficher. Mon cœur se serre légèrement, craignant la réponse.

— Rien. *soupire* rien d'important, ne t'inquiète pas, répond-il d'un ton détaché, mais je vois bien que ses yeux évitent les miens, révélant un malaise qu'il peine à cacher.

— Alors pourquoi es-tu aussi énervé ? je persiste, sentant l'anxiété monter en moi. Je le connais trop bien pour ne pas remarquer quand quelque chose le perturbe.

— Je ne suis pas énervé, réplique-t-il rapidement, d'une voix plus dure, cherchant visiblement à clore la conversation.

— Hatem, insisté-je, utilisant son prénom d'une manière plus directe pour souligner l'importance de ma question.

— Ça suffit, Amar ! coupe-t-il brusquement, avant de quitter le salon en direction de l'étage, me laissant seule avec mes doutes et mes peurs.

Je le regarde s'éloigner, son dos tendu trahissant une colère sous-jacente. Je pourrais insister, pousser la discussion, mais je choisis de le laisser partir, préférant éviter une dispute qui ne ferait qu'aggraver la situation.

Une angoisse sourde s'installe en moi, comme un nuage sombre et oppressant. Hatem cache quelque chose, c'est évident. Ses réponses évasives ne font qu'amplifier mes craintes. Je me retrouve seul dans le salon, perdu dans mes pensées. Pourquoi M. Lakkal aurait-il appelé Hatem ? Et pourquoi ce dernier refusait-il de m'en parler ? Les mots qu'il a prononcés sont en contradiction totale avec son comportement. Je connais Hatem assez bien pour savoir quand il ne me dit pas toute la vérité, et cette fois-ci, c'est plus flagrant que jamais.

Les souvenirs douloureux de l'époque où Kaïs faisait partie de ma vie remontent à la surface, ravivant des cicatrices que j'avais tenté d'enfouir au plus profond de moi. La simple évocation du nom de M. Lakkal réveille une peur viscérale que je ne peux ignorer.

— AMAAAR !

— OUI ? crié-je en retour, sentant une pointe de frustration monter en moi.

— MONTE, ordonne-t-il, mais cette fois, son ton est plus doux.

— Non, répondis-je sèchement, refusant de céder à ses caprices. Pourquoi devrais-je obéir alors qu'il me cache quelque chose ?

Je savais que mon refus était motivé par autre chose que la simple colère. C'était la peur, pure et simple, qui me paralysait, la peur de devoir affronter des vérités que je n'étais peut-être pas prête à entendre.

Je l'entends descendre les escaliers, ses pas lourds résonnant dans la maison. Lorsqu'il entre dans le salon, il me regarde avec une expression plus vulnérable que plus tôt.

— Tu peux me faire un massage, s'il te plaît ? J'ai mal au dos, demande-t-il, une lueur de supplication dans les yeux.

— Tu es sérieux ? répliqué-je, l'incrédulité dans la voix.

— Bah oui, répond-il en haussant les épaules, comme si son comportement d'avant n'avait aucune importance.

— Tu m'as envoyé balader et maintenant tu veux un massage ? lui rappelé-je, ne pouvant m'empêcher de souligner l'incohérence de ses actions.

— Je ne t'ai pas envoyé balader, Amar. Je t'ai juste dit qu'il n'y avait rien d'important. Il m'a appelé pour un problème au travail, c'est tout, se défend-il, mais je perçois la tension dans sa voix, le signe indéniable qu'il me cache encore quelque chose.

« Amar »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant