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il commence à remonter mon pull, découvrant les bleus sur mon ventre. Son expression passe de l'inquiétude à une colère noire.

- Ça suffit. Relâche-moi, je le supplie, ma voix brisée.

Mais il ne répond pas. Il relève brusquement la tête, sa colère éclatant, emportant tout sur son passage.

- C'EST L'AUTRE CON QUI T'A FAIT ÇA ?! JE LE SAVAIS, PUTAIN ! JE LE SAVAIS !

Sa voix, remplie de rage, résonne dans la pièce. Je suis terrifiée par son explosion, ne sachant comment réagir. Ses mots me transpercent, Il me regarde, ses yeux brûlant d'une colère qui semble aussi ancienne que profonde.

- REGARDE-MOI !

Il attrape mon menton avec une fermeté inattendue, me forçant à le regarder dans les yeux. La proximité de son visage, la force de son regard, tout en lui me pousse à m'effondrer.

- Ne baisse jamais les yeux devant qui que ce soit. Tu m'entends ?!

Il soupire, son ton se radoucissant, mais son regard reste ancré dans le mien, impitoyable dans sa quête de la vérité.

Les larmes commencent à couler sans que je puisse les contrôler. La honte m'envahit alors que je me rends compte que je ne peux plus cacher ma douleur. Je suis exposée, vulnérable, et pourtant, c'est la colère de Hatem qui me terrifie le plus, comme s'il allait éclater, détruire tout ce qui se trouve sur son passage.

Il se penche et pose ses mains sur mon visage, me rapprochant de lui avec une douceur infinie, contrastant avec la violence de ses émotions.

- Parle-moi, murmure-t-il, sa voix pleine de supplication.

Il m'attire contre lui, et je me mets à pleurer, la douleur et la tristesse explosant enfin. Les larmes coulent, incontrôlables, alors que je me laisse aller dans ses bras. Je ne peux plus prétendre, je ne peux plus me cacher. Le poids de tout ce que j'ai enduré me submerge, et pour la première fois, je me permets de pleurer, de lâcher prise.

- Je suis là, murmure-t-il encore, ses bras autour de moi se resserrant pour me réconforter.

Il caresse doucement mes cheveux, son étreinte se faisant plus sécurisante. Je sens sa chaleur, sa présence enveloppante, et malgré la tempête qui fait rage en moi, je me sens en sécurité, même si je suis complètement brisée. Les sanglots qui me secouent semblent l'émouvoir, et il continue de murmurer des paroles apaisantes, cherchant à calmer ma douleur, à la prendre sur lui.

Après ce qui me semble être des minutes interminables, il me prend par le visage, essuyant doucement mes larmes, son regard toujours aussi intense.

- C'est fini, je te jure que c'est fini. J'en fais une affaire personnelle, dit-il avec une détermination glaciale.

Je le regarde, ses yeux exprimant un mélange de gratitude et de peur. Hatem est sincère, il est prêt à tout pour me protéger, mais est-ce vraiment ce que je veux ? Est-ce que je peux le laisser s'impliquer, risquer qu'il se blesse à son tour ?

- Je... Hatem, je ne veux pas te mêler à ça, j'ai... j'ai peur, murmuré-je, la voix tremblante.

Il secoue la tête, comme pour chasser mes doutes d'un simple geste.

- Ne dis plus jamais que tu as peur en ma présence. Il ne t'arrivera plus rien.

Ses paroles sont une promesse, une déclaration de guerre contre les ombres qui me hantent. Il me prend par les épaules, son regard ancré dans le mien, m'encourageant doucement.

- Tu... tu veux que je te raconte l'histoire, je suppose ?dis-je, hésitante, la gorge nouée par la peur et la honte.

Il me répond avec une assurance tranquille, presque désarmante.

- Je ne t'oblige à rien.

- J'en ai besoin, je souffle, sentant une étrange force m'envahir, comme si c'était le moment de tout révéler.

Nous nous asseyons côte à côte sur le canapé. Je garde mon regard baissé, incapable de soutenir le sien. Mon cœur bat la chamade alors que je commence à lui raconter, chaque mot pesant lourdement dans l'air, chaque souvenir douloureusement ressuscité.

- Tout a commencé quand je l'ai rencontré il y a trois ans...

Je commence à parler de Kaïs, de notre rencontre, des premiers moments où tout semblait parfait, presque idyllique. Mais très vite, je lui raconte comment les choses ont changé, comment cet homme charmant s'est peu à peu transformé en un cauchemar. Je parle des premières fois où il a levé la main sur moi, des insultes, des promesses qu'il n'a jamais tenues.

Les mots se déversent de ma bouche, un flot incontrôlable de souvenirs et de douleur. Chaque détail que je dévoile semble m'arracher un peu plus à la torpeur dans laquelle je m'étais enfermée. Je parle des coups qui sont devenus de plus en plus fréquents, de la terreur constante qui est devenue mon quotidien.

Hatem reste silencieux, écoutant attentivement chaque mot. De temps en temps, il passe une main réconfortante sur mon dos, me rappelant qu'il est là, que je ne suis pas seule. Ses gestes sont doux, emplis de compassion, et c'est cette compassion qui me donne la force de continuer, de tout raconter, de tout dévoiler.

Quand j'ai enfin terminé, je me sens épuisée, vidée, mais aussi étrangement soulagée. Pour la première fois, quelqu'un connaît toute l'histoire. Je me laisse aller dans ses bras, épuisée mais réconfortée par sa présence.

Hatem reste un moment silencieux, ses bras toujours autour de moi, m'offrant un refuge dans lequel je me perds, un instant de paix dans le chaos de ma vie. Je sens sa respiration lente et régulière, son cœur battant contre le mien, et je réalise que pour la première fois depuis longtemps, je me sens en sécurité.

- C'est fini, murmure-t-il à nouveau, comme pour sceller sa promesse. Je te protégerai, Amar. Quoi qu'il en coûte.

Je ferme les yeux, laissant ses paroles résonner en moi, m'accrochant à elles comme à une bouée de sauvetage. Peut-être, juste peut-être, qu'avec lui, je pourrai enfin sortir de l'enfer dans lequel je vis depuis trop longtemps.

« Amar »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant