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13:00

La journée commence d'une manière inhabituelle, marquée par la voix profonde d'Hatem qui résonne depuis la salle de bain.

— Amar.

— Mmm ?

— AMAAR.

— QUOI ?! criai-je, mi-agacée, mi-curieuse.

— Viens voir, s'il te plaît, répond-il, sa voix légèrement impatiente.

— Je suis fatiguée, soupiré-je, le corps lourd de la nuit que nous venons de passer.

— VIENS ! insiste-t-il, plus autoritaire cette fois.

— *soupire*

Je me lève, sentant chaque muscle protester après une nuit où le sommeil n'a été qu'un luxe rare. Nos retrouvailles, aussi passionnées qu'intenses, ont laissé des traces, et le manque de sommeil pèse lourd sur mes épaules.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Tu ne pouvais pas venir toi-même ? demandé-je, la voix blasée.

Je le trouve debout devant le miroir, un sourire énigmatique accroché à ses lèvres. Il se tourne lentement, révélant son dos. Mes yeux s'écarquillent en découvrant les griffures qui marquent sa peau, témoignages évidents de notre nuit mouvementée.

— Qu'est-ce que... ? dis-je, un mélange de surprise et de gêne dans la voix.

Un sourire joueur illumine son visage, une lueur de fierté dans ses yeux.

— Bah quoi ? T'avais qu'à aller moins vite, hein, dis-je, un éclat de malice dans la voix.

— *rire* Les dégâts font partie du contrat, madame, déclare-t-il en se rapprochant, son regard charmeur perçant le mien. Vous pouvez continuer là tout de suite, je n'en ressens aucun inconvénient, tout au contraire.

Il s'approche de moi, ses lèvres frôlant mon cou, et je sens sa chaleur envahir tout mon être, me rappelant combien il peut être envoûtant.

— *rire* ÇA SUFFIT, HATEM ! protesté-je, le repoussant doucement tout en essayant de contenir un rire.

Je m'échappe de ses bras et me précipite vers le lit, me glissant sous la couette avec un sourire espiègle.

— J'AI SOMMEIL, crié-je, espérant que cela suffira à éteindre l'incendie qu'il ravive constamment en moi.

Mais même en me cachant sous les couvertures, je ne peux échapper à la chaleur de ses caresses ou au souvenir des sensations qu'il éveille en moi.

Nous sommes en train de partager un repas simple, le calme et la tranquillité enveloppant la pièce. Mais cette paix est brusquement interrompue par la sonnerie du téléphone d'Hatem. Je lève les yeux vers lui, observant son visage se durcir presque instantanément. Une ombre de frustration glisse sur ses traits, et je ne peux m'empêcher de ressentir une pointe d'inquiétude.

— Ton téléphone, pourquoi tu ne réponds pas ? demandé-je doucement, essayant de comprendre ce qui le perturbe.

— C'est pas important, répond-il d'un ton distrait, mais je sens qu'il retient quelque chose.

Deux minutes plus tard, la sonnerie retentit de nouveau, coupant l'air déjà chargé de tension. Cette fois, il décide de répondre, mais à ma grande surprise, il se lève et s'éclipse dans le jardin, comme pour mettre une distance entre nous et la conversation qu'il s'apprête à avoir.

— Allô, M. Lakkal, dit-il, sa voix tendue, trahissant l'agacement qu'il tente de dissimuler.

À l'entente de ce nom, une vague de frissons me parcourt. M. Lakkal... le père de Kaïs. Un homme dont la simple mention suffit à faire ressurgir des souvenirs douloureux, des doutes et des peurs que je pensais avoir enterrés. Depuis que j'ai tout raconté à Hatem, Kaïs a disparu de ma vie, mais je sais que Hatem n'y est pas étranger. J'ai choisi de lui faire confiance, de laisser derrière moi les ombres du passé, mais maintenant, tout remonte à la surface avec une intensité déconcertante.

**Hatem :**

— Allô, M. Lakkal, dis-je en essayant de maîtriser la colère sourde qui monte en moi à chaque seconde.

— Quamar, mon ami... comment ça va ? Sa voix est trop familière, trop intime pour une conversation qui aurait dû rester strictement professionnelle.

— Très bien, je réponds brièvement, refusant de me laisser entraîner dans son jeu de fausse camaraderie.

— Oh, vous ne me demandez pas comment moi je vais ? poursuit-il, insistant, tentant d'établir une complicité qui n'existe pas.

— Si bien sûr, excusez mon inadvertance. Et vous, comment allez-vous ? Ma politesse est mécanique, chaque mot lourd de mépris à peine dissimulé.

— Ça va super, répond-il avec une légèreté qui me hérisse. Un peu contrarié car mon assistante m'a lâché ce matin, continue-t-il, et je sens qu'il cherche à en venir à quelque chose de plus personnel.

— J'ai une réunion importante demain, et j'aurais besoin d'une assistante rapidement. J'ai aperçu la vôtre hier soir, et en plus d'être talentueuse, elle est... comment dirais-je ? Magnifique !

Ces mots allument une étincelle de colère en moi. Comment ose-t-il ?

— En effet, j'ai toujours su choisir les perles rares que je prends soin de personnellement, dis-je, mon irritation grimpant, bien que je tente de la masquer derrière un ton calme.

— J'aimerais que vous me prêtiez votre assistante pour une réunion. Ça ne sera pas long, ajoute-t-il, comme si cela allait de soi.

Un rire nerveux m'échappe, un son sec, chargé de sarcasme.

— Oh... *rire* M. Lakkal, les membres de mon entreprise ne sont pas des objets à prêter. Vous devriez dès maintenant poster des annonces de recrutement. Ce n'est certainement pas chez moi que vous trouveriez ce que vous cherchez.

Je maintiens un calme apparent, mais chaque mot qu'il prononce alimente le feu de ma colère. Ce manque de respect, ce désir à peine voilé pour Amar, tout cela est intolérable.

— Un jour peut-être, dis-je sèchement, avant de raccrocher, mettant fin à cette conversation qui me dégoûte.

Je reste un moment immobile, le téléphone toujours dans ma main, mon esprit bouillonnant. Quelle audace ! Tel père, tel fils, cette expression n'a jamais sonné aussi vraie. Ma mâchoire se serre, et je me promets intérieurement que ni M. Lakkal ni son fils n'auront jamais plus l'occasion de s'approcher d'Amar. Je ferai tout pour la protéger, même si cela signifie me salir les mains pour de bon.

« Amar »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant