- Kaïs, s'il te plaît, laisse-moi
partir.Ma voix tremble, le désespoir se faufile dans mes mots. Je ne sais plus quoi faire pour me sortir de là. Mon corps est affaibli, brisé, et je n'ai aucune force contre lui. Mon esprit cherche frénétiquement une issue, une manière de lui échapper, mais rien ne vient.
Alors, je tente une autre approche, une dernière carte à jouer.
Les mots doux. Peut-être que je peux l'amadouer, le calmer.- Mon amour, s'il te plaît...
Il éclate de rire, un rire froid et cruel qui fait naître des frissons glacés le long de ma colonne vertébrale.
- Hahaha, maintenant je suis ton amour ?
Sa voix est moqueuse, pleine de mépris, mais je n'ai pas d'autre choix. Je dois continuer à jouer ce rôle, même si ça me dégoûte.
- Oui, mon amour, bébé...Regarde-moi.
Il finit par croiser mon regard.
Pour un instant, j'ose espérer.
Ses yeux se plantent dans les miens, et je me demande si j'ai réussi à toucher une corde sensible. Peut-être... peut-être qu'il va s'arrêter.
Mais je me trompe. J'ai oublié qu'on ne peut pas amadouer l'amadoueur lui-même.Soudain, BAM. Un coup. Puis un deuxième, un troisième.
Les coups pleuvent sur moi comme une tempête que rien ne peut arrêter. Quatre,cinq, six... J'ai perdu le compte. La douleur est partout, elle irradie dans chaque fibre de mon être.
Je tente de le supplier, ma voix se brise entre les sanglots, mais il continue, implacable.
Finalement, il s'arrête. Mes oreilles bourdonnent, et je peine à reprendre mon souffle. Je suis à moitié consciente, perdue dans un océan de douleur. Kaïs se penche vers moi, son visage tordu par une expression que je ne peux plus déchiffrer.- Oh, mon amour. Lève-toi, je suis désolé, je sais pas ce qui m'a pris... Pardonne-moi, bébé, je t'aime, je t'aime.
Pardonne-moi.Il me relève, me pose sur le canapé avec une douceur grotesque après ce qu'il vient de faire. Mon corps est lourd, je n'ai plus aucune force.
Je ne veux qu'une seule chose :partir d'ici.
Rejoindre la sécurité de ma maison, m'éloigner de lui, de ses mensonges, de sa violence.
Kaïs commence à déposer des baisers sur mon visage, ses lèvres glissant sur mes joues, mon front, comme s'il cherchait à effacer les traces de ses coups. Chaque contact est une brûlure, une autre agression que je ne peux plus supporter.Mon esprit est ailleurs, flottant loin de cette scène absurde. Je suis là, sans être là.
Finalement, je trouve le courage de parler, même si chaque mot me coûte.- Je te pardonne... Laisse-moi rentrer chez moi, d'accord ? Moi aussi, je t'aime.
Il s'arrête, ses yeux cherchent les miens, comme pour vérifier la vérité de mes paroles.- C'est vrai, tu m'aimes?
- Oui, je t'aime. Allez, je vais rentrer, d'accord?
Je sens qu'il hésite, mais finalement, il se recule un peu, me laissant l'espace pour me lever.
- Ok... je t'appelle demain.
Il s'éloigne enfin, et avec le peu de force qu'il me reste, je sors rapidement de son appartement. Mon corps tout entier crie de douleur.Les mots que je lui ai lancés étaient des mensonges, des paroles vides, mais nécessaires. Je le déteste, je veux qu'il souffre, qu'il ressente ne serait-ce qu'une fraction de la douleur qu'il m'a infligée.
Je descends les escaliers en titubant, la tête basse pour ne pas croiser le regard des autres habitants. Chaque pas est une épreuve, et une fois dehors, l'air frais de la nuit me frappe en plein visage. Je trébuche jusqu'à ma voiture, m'efforçant de ne pas m'écrouler sur le trottoir.Je monte à l'intérieur, ferme la portière et verrouille les serrures avec un claquement sec. Mes mains tremblent si fort que je peine à insérer la clé dans le contact. Une fois le moteur démarré, je ne me dirige pas directement chez moi. Non. J'ai besoin de rouler, de m'éloigner, d'essayer d'échapper à cette sensation d'étouffement.
Je roule, roule, roule, sans destination, pendant plus d'une heure. Le téléphone vibre dans ma poche, mais je l'ignore. Plusieurs appels de ma mère.Elle doit sûrement s'inquiéter pour moi. Il commence à se faire tard. Ma pauvre petite maman... Si elle apprenait ce que je vis, ça la détruirait. Je ne peux pas la laisser porter ce fardeau.
Finalement, je m'arrête devant une pharmacie. J'entre, la lumière fluorescente me faisant cligner des yeux.
J'achète tout ce qu'il me faut pour faire disparaître les hématomes, pour masquer la réalité dans les jours à venir.Ce n'est pas la première fois, et tristement, je sais exactement quoi prendre. Je suis devenue une experte en dissimulation, en mensonge.
Je fais le chemin du retour, luttant contre l'envie de céder à la fatigue, à la douleur.
Quand j'arrive à la maison, je rassemble mes dernières forces pour afficher un sourire, pour répondre aux questions inquiètes de ma famille.- Où étais-tu ? Tu n'as pas répondu à nos appels, Amar, tu vas bien ?
Je souris encore plus, un sourire large, lumineux, un masque parfait.
- Désolée, j'étais juste sortie faire un tour avec Narimen. J'avais plus de batterie pour prévenir, désolée.
Ils ne doutent de rien. Mon sourire les apaise, leur fait croire que tout va bien. Mais au fond de moi, je sais que ce mensonge ne pourra pas durer éternellement. Un jour, tout cela explosera, et je ne sais pas si je serai encore capable de ramasser les morceaux.
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« Amar »
Teen FictionDans un univers où l'art prolifère, ton essence continue de captiver mon regard, incessamment. Dans un océan d'incertitudes, tu demeures mon roc, ma certitude inébranlable. Au sein d'un tumulte de discordes et de noirceurs, ta présence incarne la...