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C'est déjà le début de ma troisième semaine chez HTM Industry, et à ma grande surprise, je m'y sens bien. L'environnement de travail est agréable, et j'ai commencé à trouver mes repères. J'ai développé une petite routine, une sorte de rituel quotidien qui me permet de me sentir en sécurité, loin des tourments que Kaïs fait peser sur ma vie.

En parlant de lui, depuis cette fameuse soirée où j'ai échappé à son emprise en prétextant un appel de ma mère, il n'a plus levé la main sur moi. Je ne me fais pas d'illusions, c'est une accalmie temporaire, mais pour le moment, je m'en accommode. Chaque fois qu'il essaie de me voir en tête-à-tête, je trouve une excuse, je crée une urgence, je m'éclipse avant que la situation ne dégénère. C'est un jeu dangereux, mais je joue avec une détermination qui m'était inconnue jusqu'ici. J'ai de la chance pour l'instant, et j'espère que ça va durer.

Ce matin, en me préparant pour aller travailler, je me sens d'humeur à changer un peu. J'ai envie de me sentir bien dans ma peau, d'être belle. Après tout, mes hématomes ont disparu, alors autant en profiter. J'opte pour un pantalon palazzo bleu qui met en valeur ma silhouette, associé à un top noir à manches courtes, simple mais élégant. C'est ma manière à moi de reprendre un peu de contrôle sur ma vie.

Je me dépêche d'arriver au bureau, mais malgré mes efforts, je suis en retard. Oups... M. Quamar doit déjà être là. Je me précipite dans l'ascenseur, le cœur battant, en espérant passer inaperçue. Mais à peine arrivée, je suis accueillie par l'appel redouté.

- Allô, ou...

- Dans mon bureau !

Son ton ne laisse pas place à la discussion. Je soupire intérieurement. Pas le temps de poser mes affaires, je me dirige directement vers son bureau. Quelle grossièreté, ce type !

Je toque et entre, essayant de garder mon calme.

- Bonjour Monsieur...

- Vous êtes en retard ! réplique-t-il immédiatement, sans même un signe de courtoisie.

- Oui, veuillez m'excuser, il y avait une circulation plus dense que d'habitude, dis-je en essayant de justifier mon retard.

Il lève enfin les yeux vers moi, et je sens son regard se poser sur moi avec une intensité inhabituelle. Avec le temps, j'ai appris à déchiffrer un peu son caractère, mais aujourd'hui, il semble différent. Son regard est plus... déstabilisant. Je croirais même y voir une lueur de désir, ce qui me met mal à l'aise. Sérieusement, je devrai lui faire un commentaire à ce sujet un de ces jours.

Il secoue légèrement la tête, comme pour chasser une pensée fugace, puis me dit d'un ton plus formel :

- Vous restez avec moi ce soir. Il y a beaucoup de documents à compléter pour demain et j'ai besoin de votre aide.

- Ah, euh, d'accord, je vois... Autre chose ? ajouté-je, essayant de cacher mon inquiétude.

- Non, c'est tout, conclut-il, me libérant ainsi.

Je retourne à mon bureau, les pensées en ébullition. Travailler seule avec lui jusqu'à tard ce soir... Comment vais-je gérer ça ? À partir de 19h, il n'y a plus personne dans les locaux, et l'idée de rester seule avec lui me stresse. Surtout si Kaïs venait à l'apprendre... il serait capable de débarquer et de m'enlever par la force. Je déglutis difficilement en imaginant ce scénario.

En fin de journée, j'envoie un message rapide à ma mère pour la prévenir que je vais probablement rentrer tard, espérant qu'elle ne s'inquiète pas. Quant à Kaïs, je décide de ne rien lui dire. Je lui dirai simplement que je suis chez moi, comme d'habitude. Inutile de lui donner des raisons de s'énerver.

**21h00**

Comme prévu, je suis restée pour travailler avec M. Quamar. Depuis 19h, nous sommes dans son bureau, concentrés sur des dossiers urgents. La fatigue commence à se faire sentir, et mon estomac gronde de faim. Ce type ne semble jamais vouloir s'arrêter.

Comme s'il avait lu dans mes pensées, il s'interrompt soudain et déclare :

- Prenons une pause, je vais commander à manger.

Enfin ! Je hoche la tête, reconnaissante.

- Qu'est-ce que tu veux ? me demande-t-il.

Je sursaute intérieurement. Pourquoi est-ce qu'il me tutoie soudainement ?

- Peu importe, je vous laisse choisir, réponds-je poliment, tentant de masquer mon trouble.

- Sushi ? propose-t-il avec un sourire.

Mon visage s'éclaire automatiquement. Je raffole des sushis ! Un large sourire se dessine sur mes lèvres avant que je ne puisse le retenir.

- Oui, ça me va, dis-je, l'enthousiasme dans la voix.

Il rigole doucement.

- Premier vrai sourire depuis ton arrivée dans cette entreprise. Je vois ce qu'il faudrait faire pour te rendre heureuse, ajoute-t-il avec un clin d'œil.

- Il m'en faut peu pour être heureuse, répliqué-je en haussant les épaules.

- Mmm, fait-il en acquiesçant, pensif.

Il se lève pour passer la commande, et je le regarde s'éloigner, toujours un peu perplexe. Quand il revient, il semble plus détendu, presque amical.

- Bon, on va faire quelque chose, annonce-t-il, brisant le silence qui s'était installé. En dehors des heures de travail, tu peux me tutoyer. J'en ferai de même. J'aimerais en savoir plus sur toi, ajoute-t-il, son regard plongé dans le mien.

Son ton est sérieux, mais pas menaçant. C'est comme s'il cherchait à instaurer une sorte de proximité, une confiance entre nous. Mais pourquoi ? Qu'est-ce qu'il cherche vraiment à savoir ?

« Amar »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant