Chapitre 5

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Elle n'avait pas quitté la chambre depuis mon dernier mot. Elle attendait ; indéfiniment. Je ne comptais pas parler. Pas maintenant, pas demain, ni dans les jours qui suivent.

–Tu ne parleras pas à part si je t'oblige à le faire ?

Elle était installée sur cette chaise depuis des heures, me fixant. Si elle pense que son regard insistant et sa patiente remarquable me feraient parler, elle se trompe complètement. Même si, sans surprise, elle m'intimide énormément.

Les jambes croisées l'une sur l'autre, le bras droit reposé sur celui de la chaise et l'autre tenant une cigarette, elle tente de me faire parler d'un simple regard, la cicatrice qui pend sur le coté gauche de son front lui donnant un air criminel.

–Comment vous pourriez m'obliger ? Je lui demande.

Elle porte la cigarette à ses lèvres et tire dessus. La fumée qu'elle souffle pointe vers moi et je tourne la tête pour éviter le jet que je finis quand même par recevoir. Un rire lui échappe lorsque je tousse pour éjecter la fumée qui s'est infiltrée dans ma gorge.

–Je pourrais te torturer, répond-elle en tirant une énième fois sur sa cigarette.

La terreur m'envahit à l'entente de ce simple mot. Son visage ne présente aucune expression qui pourrait me rassurer. Elle demeure impassible, les yeux encrés dans les miens. Mon coeur bat à toute vitesse. J'essaie tant bien que mal de cacher l'angoisse qui monte en moi mais c'est si compliqué lorsqu'on sait déjà à quoi s'attendre.

–Mais je ne le ferai pas.

Sans que je ne puisse le retenir, un soupir m'échappe et je me sens tout à coup beaucoup plus rassurée. Mais ce n'est pas pour autant que je ne crains rien. Je ne sais pas de quelles façons elle pourrait décider de me faire parler, pour l'instant. Encore moins ce dont elle est capable.

–Comment ta maison a pris feu ?

–Je ne vais pas répondre même si vous me demandez.

Elle tire une dernière fois sur sa cigarette, la jette au sol puis l'écrase de son pied. Un sourire narquois étire ses lèvres tandis qu'elle insère sa main dans la poche de sa veste sans me lâcher du regard. Lorsqu'elle la retire, un objet en métal brillant attire tout de suite mon attention. Un couteau de poche. Elle passe le côté tranchant sur son doigt en mimant une sensation de douleur puis remue sa main, comme si elle avait mal. Quel humour noir.

Elle reprend son air sérieux et insère son index dans le trou présent au niveau de la manche du couteau. Elle se met à le faire tournoyer, alternativement, me fixant toujours. Quant à moi, je ne fais que fixer la petite arme avec laquelle elle joue de façon menaçante.

–Tu réponds ou je vais devoir t'y obliger ?

Je déglutis. Elle me fait un signe comme pour mimer un "Alors ?". Je retiens difficilement mes larmes alors que je suis contrainte de me souvenir de tels événements que j'aurai préférés oublier.

–C'était un incendie criminel, je réponds simplement.

–Et qui en aurait voulu à tes parents au point de les assassiner ?

Je ne réponds pas à sa question et sans surprise, elle arrête la rotation de son couteau et se lève. Elle saisit violemment mon poignet non menotté, le tire vers elle et place le côté tranchant du couteau sur l'emplacement de mes veines, à mon poignet. Elle exerce une pression et alors que je sens mon coeur s'arrêter, elle s'arrête.

–Alors ?

Je ne réponds toujours pas et je la sens exercer une pression plus forte. Les pointes du couteau s'insère dans ma peau et un gémissement m'échappe alors que je retire brusquement ma main, me tranchant faiblement la peau. Elle reprend violemment ma main en me tenant par le poignet, recouvrant partiellement sa paume de mon sang.

Before i fall into your arms [gxg]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant