Chapitre 24

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Je pose mon verre vide sur la table basse. De longues heures s'étaient écoulées depuis la dernière fois que j'ai parlé à Katherine, et pourtant la brûlure que sa petite main a infligé à ma joue est encore vive. J'ai dépassé les bornes, c'est sûr. Mais ma fierté ne me permet pas de m'excuser.

Je me sers un énième verre qui s'apparente à être mon dernier vu que la bouteille est à présent vide et que je ne suis pas assez déprimée pour aller me chercher une autre bouteille. Elles se trouvent de l'autre côté de la chambre, dans un coin sombre. Les lumières sont éteintes, et seule la lune a l'extérieur éclaire la chambre à travers les portes transparentes de la véranda.

J'allume mon téléphone pour voir l'heure et l'éteint aussitôt, aveuglée par sa luminosité. Après quelques instants, je le rallume de nouveau ; il est trois-heures dix-huit du matin, et je n'arrive pas à sentir une seule once de fatigue. J'ai sorti une bouteille de vin blanc en espérant qu'elle m'aiderait à m'endormir mais ça ne sert à rien.

Je décide de me lever, gardant l'équilibre en me tenant sur le canapé. C'est lorsque je me mets debout que je sens l'effet des quatres verres que je viens d'ingurgiter. Ma tête tourne légèrement et je me sens soudainement toute étourdie.

J'ouvre la porte et encore dans ma chemise et mon pantalon de costume -avec lesquels je suis revenue du bureau- je prends les escaliers. Je ne sais pas vraiment où je vais mais j'ai juste envie de marcher sans destination en tête. J'arrive au deuxième étage où il n'y a rien d'intéressant et regarde autour de moi.

Je m'adosse contre le mur en soupirant après avoir appuyé sur l'interrupteur pour illuminer le couloir et sors une cigarette de ma poche. Je ne suis pas saoule, mais je ne suis définitivement pas sobre. C'est un entre-deux un peu étrange. Comme si je suis soudainement plus apte à faire tout et n'importe quoi et en même temps, je sens encore une pointe de lucidité qui m'empêche de faire quoi que ce soit d'inhabituel.

Après l'avoir allumée, j'apporte la cigarette à mes lèvres et inspire un coup avant de la retirer précipitamment. J'ai dû inspiré de travers parce qu'aussitôt que la fumée s'est introduite dans ma gorge, je me suis mise à suffoquer. Tirer une fois m'a suffit, alors je laisse tomber la cigarette sur le parquet et l'écrase avec mon pied.

Je reprends les escaliers en retroussant les manches de ma chemise jusqu'aux coudes, cette fois décidée à retrouver ma chambre. En me dirigeant vers la porte de celle-ci, je m'arrête devant celle de Katherine. Pendant plusieurs instants, dans le noir, je la fixe. Je n'entends rien, aucune lumière ne se dégage du dessous de la porte. Elle dort peut-être. Sûrement.

Dans un élan d'inconscience, je pose ma main sur la poignée et entreprends d'ouvrir la porte avant de me résigner au dernier moment. Et si je la réveille ?
Je n'ai pas vraiment de raisons valables pour entrer dans sa chambre, surtout à une heure aussi tardive. Ce n'est pas comme si je veux m'excuser, ou même la voir. Quoi que...

J'ouvre la porte sans réfléchir davantage et entre dans la pièce sombre, éclairée par la lumière provenant de la lampe de chevet. Contre toute attente de ma part, Katherine est debout, les bras posés sur le rebord de la fenêtre et sa tête reposant dessus ; elle fixe l'extérieur, immobile.

Lorsque je l'aperçois, elle tourne la tête vers moi. Elle ne paraît pas surprise mais elle ne paraît définitivement pas heureuse de me voir.

-Tu es encore debout, je marmone en regardant autour de moi.

Elle se dirige vers son lit, soulève les draps, se glisse entre eux en me faisant dos.

-Dis-moi juste de partir, ça serait plus simple.

Je me retourne, tenant encore la poignée de la porte, cette dernière étant toujours ouverte. Lorsque je m'apprête à sortir, mon regard s'arrête sur le sac de voyage près de la porte, délicatement posé contre le mur. Je me retourne de nouveau vers Katherine.

Before i fall into your arms [gxg]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant