Chapitre 13 : part. 2

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Il fait nuit noire. Me mettre à la fenêtre de ma chambre pour écouter les houhou des hiboux dès la tombée de la nuit est ma petite routine du soir. Mon regard intercepte le jardin en dessous. Le flou. C'est tout ce que je suis capable de voir d'ici.

Je reviens à mon lit au dessus duquel l'interrupteur est ancré dans le mur. J'éteins la lumière et reviens ensuite à la fenêtre. Il faut quelques instants à mes yeux pour s'habituer à la pénombre, et lorsque j'arrive enfin à distinguer les plantes, les arbres et les chemins, l'encre coulait sur l'une des pages de mon carnet.

Je dessine tout ce que mes yeux arrivent à voir. Je ne suis pas une artiste -même pas du tout, mais pas besoin d'être Picasso pour savoir faire trois lignes et un arbre. J'avais remarqué qu'il y avait plusieurs chemins dans le jardin de la maison lorsque nous étions au rez-de-chaussée. Ember était occupée à parler avec son frère ce qui m'offrait une chance d'observer les vastes allées bourrées de plantes et d'arbres à l'extérieur.

Il semblait y avoir plusieurs chemins, et de là où j'étais, je ne voyais aucune sortie. Aujourd'hui, ce soir, la brume a enfin disparu. Et depuis cette altitude, je décèle la sortie. Un grand portail dont la couleur exacte m'échappait, modifiée par le noir de la nuit.

J'utilise mon crayon, pour indiquer le chemin qui mène à la sortie sur mon dessin ridicule. J'ignorais si j'avais tout reproduit comme il le fallait. Sur le point de reprendre, je suis interrompue par un bruit venant du couloir.

La panique m'envahit. Il est si tard et je suis toujours debout. Je n'ai pas un couvre-feu particulier, mais Ember est si imprévisible que toute erreur m'est défendue. Je glisse rapidement mon carnet et autre sous mes oreillers et fait mine d'être endormie.

Le silence est brusquement si pesant que j'entends mon coeur battre. L'espace d'une seconde, je cru que qui que ce soit dans le couloir le traversera sans s'attarder sur ma porte. Et pourtant, l'incontournable arriva. La porte s'ouvrit dans un grincement léger.
Je suis de dos, mais j'entends clairement les pas lourds sur le plancher. Contre toute attente, c'est une voix grave et masculine qui m'extirpe de mon sommeil simulé.

_ Katherine ? Chuchota Logan si près de moi que j'avais l'impression qu'il était dans mon lit.

Sans abandonner ma mise en scène, je me redresse doucement, comme sortant de mon sommeil et me frotte les yeux. Il affiche un léger sourire alors que je tend la main vers le mur pour allumer la lumière.

_ Est-ce que je peux vous aider ? Je tente bien que mal d'adopter une voix somnolente.

_ Je n'arrive pas à dormir..., explique-t-il en s'asseyant sur le rebord du lit.

Sa phrase semblait inachevée. Que veut-il ? Ce n'est pas comme si je pouvais faire grand chose pour son insomnie.
Plusieurs jours que je le vois à présent et je n'avais jamais pris la peine de bien l'observer. La ressemblance entre lui et sa soeur était dissimulée sous leurs caractères contraires. L'une inspirait la peur, le sarcasme, la méfiance, la froideur, le silence de l'âme.. et l'autre l'amusement, l'ironie. Logan souriait en permanence et pourtant, il semblait plus provocateur que joyeux. Il parlait beaucoup aussi, contrairement à Ember qui plaçait deux mots toutes les deux semaines.

Logan parlait souvent une langue latine. Espagnol, il me semble -ou Italien ?, et à chaque fois, je suis émerveillée de l'entendre faire courir ses phrases dans un accent que je trouve très beau. La plupart du temps, j'ai l'impression que cette deuxième langue est un moyen de parler discrètement, sans que je sois capable de comprendre ce qu'il fait parvenir à Ember.

Pourtant celle-ci n'a jamais rien dit dans une autre langue -du moins, pas en ma présence. Ce n'est pas comme si elle disait quoi que ce soit tout court. À chaque fois que Logan lui disait quelque chose dans sa langue, il explosait de rire tandis qu'elle dardait sur lui un regard désinvolte et ennuyé. Pas très joyeux, mais c'est avec un petit pincement au coeur que je les observais, ayant toujours eu cette envie de partager ce genre de moments avec des gens de ma famille.

Before i fall into your arms [gxg]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant