Chapitre 15

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Quatre ans plus tôt, Octobre.

Le soleil se lève et pourtant, pour celle dont le prénom était à présent Adley, il faisait toujours nuit. Les premières lueurs du jour ne lui parvenaient pas dans sa petite prison froide, cachés par les nuages sombres dans le ciel.

Recroquevillée sur elle-même dans le coin de la buanderie, elle ne faisait que fixer les vêtements qui tourbillonnaient infiniment à travers la vitre de la machine à laver. Croiser ses mains dans l'espoir d'atténuer la fraîcheur était sa seule initiative. Du moins, se convaincre qu'elle avait moins froid dans cette position l'était.

Elle avait l'impression que ses larmes étaient gelées dans le coin de ses yeux et sur ses joues. Couchée contre ce sol froid, sans draps ni matelas depuis deux jours, tout ce qu'elle espérait à présent était de mourir. Peut-être d'hypothermie, d'une crise cardiaque. N'importe quelle événement fatale était le bienvenu.

Elle avait disposé ses longs cheveux bruns sur chaque côté de sa tête pour protéger son visage de la fraîcheur qui envahissait la pièce. Cette dernière n'était pas vaste. À la taille d'une salle de bain, se disait-elle. Une des deux fenêtres était brisée, et c'était à travers sa vitre cassée que le vent entrait et sortait.

C'était insoutenable. L'eau de la pluie qui s'inflitrait dans la pièce dans un bruit régulier et incessant, celui du vent qui faisait balancer les vêtements mouillés suspendus sur une corde qui s'étend d'un mur à un autre. Son corps qui se tenait là, incapable de lutter contre le froid, la peur, la faim, la douleur.

Elle attendait, les yeux fermés, de succomber. Elle tentait de se convaincre qu'elle était faible, et que son corps ne tiendrait pas une minute de plus dans ces circonstances. Elle voulait mourir.

L'ambiance dans la pièce était terrifiante. Adley n'entendait rien à l'extérieur à part la pluie qui frappait de vive allure sur les fenêtres, sur le toit et celui de la machine à laver qui faisait son travail. Le temps grisâtre, et le manque de couleur dans la pièce sombre la rendait bleuâtre. C'était encore plus angoissant. Adley se sentait dans un film d'horreur qui ne se terminait pas très bien pour le personnage qu'elle incarnait.

La machine à laver s'arrêta, une petite musique résonna dans la pièce pour l'avertir et Adley ouvrit les yeux. Son bruit a cessé et voilà que plus rien ne l'empêchait d'entendre l'orage qui explosait à l'extérieur. Le bruit se fit plus fort avant qu'Adley n'entende le tonnerre. Le ciel s'illumina une fraction de seconde.

Adley se redressa contre le mur gelé près de la machine à laver. Elle regarda autour d'elle mais rien n'avait changé. Elle avait disposé avant de se coucher, un vêtement devant la porte d'une façon particulière afin d'être mise au courant si quelqu'un était entré dans la pièce quand elle ne serait peut-être pas consciente. Mais le vêtement était intacte, tel qu'elle l'avait disposé.

Elle leva les yeux au plafond, les mains plaquées contre le sol pour se maintenir. Son souffle était irrégulier. Elle avait si faim et pourtant, elle était incapable de se mettre quoi que ce soit sous la dent -pas qu'elle avait l'occasion de le faire de toute façon. Elle avait été laissée là, affamée, exténuée tel un chien qu'on avait abandonner depuis deux jours entiers.

Depuis tout ce temps, la douleur dans son entrejambe était persistante. Elle y glissa doucement un doigt qu'elle ramena au niveau de son visage, ensanglanté. Il lui arrivait de saigner souvent après un des nombreux actes pervers de Rodolph, mais cette violence acharnée qu'elle avait été forcée à subir il y a deux jours, était indescriptible. À chaque fois qu'elle baissait les yeux vers ses cuisses, le sang y était présent, malgré ses vaines tentatives à stopper les saignements.

Before i fall into your arms [gxg]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant