Chapitre 6

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–Du repos, elle en a besoin.

Ember écoutait attentivement les prescriptions de monsieur Willson, un médecin qui lui est totalement dévouée au moindre besoin.

–Il suffit d'appliquer la crème chaque jour, le matin et le soir.

Leurs voix au ton sérieux résonnaient dans les couloirs sombres du troisième étage alors qu'ils quittaient à peine la chambre de la concernée. Monsieur Willson retirait ses gants en latex tout en parlant.

–Éviter d'exposer les plaies à l'humidité et pensez à changer les pansements toutes les 6 heures, expliqua le médecin en glissant ses bras à l'intérieur des manches de son manteau brun.

Il sortit de son sac en cuire un petit flacon de comprimés qu'il tendit à son interlocutrice.

–Voici des anti-douleurs. Ses blessures sont encore nouvelles et fragiles et le choc dû à la perte d'équilibre a été assez violent.
Cependant, et heureusement, il n'y a eu aucun traumatisme crânien ou hémorragie, mais ça n'épargne pas la forte probabilité de la présence de futures douleurs à la tête. Ces comprimés aideront à atténuer ces douleurs.

Ember rangea automatiquement le flacon dans sa poche et de l'autre main, sortit son porte-monnaie. Le montant qu'avait précisé le médecin se trouvait déjà dans la poche de sa blouse lorsqu'il traversait la porte principale.

–Y a autre chose que je devrais savoir ?

Il se retourna une dernière fois, fixant ses gants sur ses doigts dans le vent glacial de cette journée pluvieuse. Willson semblait réfléchir, ses doigts se perdant dans la faible barbe qu'il entretient au menton, le regard rivé sur le paillasson.

–Si vous voulez mon avis personnel, commence-t-il sans quitter le sol du regard.

Il marqua une brève pause, leva la tête et reprit :

–Je pense que vous devriez entamer un suivis psychologique pour le bien de cette jeune femme.

–Pourquoi ? Questionna Ember.

–Se rendre victime d'auto-mutilation peut être signe de maladies psychologiques assez graves dont la dépression.

_ Je m'occuperai de ça, ne vous inquiétez pas, le rassura Ember.

L'air glacial frappait son visage de plein fouet. Le ciel était gris alors que des cordes s'en échappaient. L'atmosphère bleuâtre rendait la ville sinistre ; un spectacle dont Ember se délectait tandis que la silhouette du médecin sous son parapluie disparaissait au loin.

Elle activa la fermeture automatique des portes et fenêtres depuis son smartphone et le rangea dans sa poche. Une tasse de café brulant à la main, elle monta les escaliers jusqu'au dernier étage. Elle ouvrit la porte au fond du couloir et avanca sa chaise habituelle au chevet de son inconnue.

Katherine, pensa-t-elle. C'était son prénom. Mais son inconnue était bien plus réchauffant lorsqu'on y pense. Ou encore sa prisonnière. Contrôler son présent comme celui d'une poupée de cirque, planifier son futur, un futur qui n'existera sûrement pas. Ember adorait ça.

* * *

Elle referma les yeux, ne parvenant pas encore à affronter la lumière. Elle avait perdu du sang, une bonne quantité et avait prétendu manger pendant des jours sans ne l'avoir jamais fait.

Ember avait retrouvé tous les repas de ses derniers jours sous le lit, conservé dans un drap, bloquant les odeurs.

Elle tenta de nouveau de soulever les paupières ; elle ne réussit que faiblement avant de les sentir s'alourdir. Elle referma les yeux. La poitrine compressée, le souffle court, la respiration lourde, une soif terrible.

Before i fall into your arms [gxg]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant