" Tu comptes faire quelque chose d'utile ou rester planter là et attendre que ça se passe ? Demande Luke, décontracté, accoudé à un des nombreux mange-debout de la salle.
- Tu m'emmerdes Hoffman. Je place mon micro sac sous mon aisselle tandis que j'attrape une coupe de champagne lors qu'un serveur passe.
- Quel élan de maturité Cobb, il siffle longuement, ah, vraiment quelle maturité !"
Je ne prends même pas la peine de lui répondre. Je suis en colère et je sais que ne pas lui parler me permet de me contenir. Et puis de toute façon, je n'ai aucune envie de m'adresser à sa petite personne à l'égo surdimensionné, surtout dans cette robe ridicule me compresse et m'irrite déjà suffisamment. Elle n'a rien de confortable mais je n'ai pas pu refusé de la porter, c'est un prêt d'Olivia puisque je ne comptais aller à une soirée mondaine durant ce séjour. Mais bordel, je pourrais tuer pour une ensemble de tailleur pantalon bien moins moulant et plus adapté aux mouvements. Je ne comprends pas comment elle peut, en toute connaissance de ce genre de vêtements, accepter de passer une soirée entière aussi inconfortable. Je commence à siffler mon verre en passant la salle en revue, faisant bien attention à ne pas croiser le regard de Luke. Je l'entends souffler de frustration dans son coin.
" Je vais me mêler dans la foule puisque tu n'es pas décidée à te lancer. À dans une heure, je saurais te retrouver, tu seras encore à la même position. Il part sans jeter un regard en arrière, excédé."
Il fend la foule tandis que je le regarde s'éloigner. La salle est au dernier étage d'un immeuble du quartier de Wall Street. La hauteur sous plafond est très haute, le sol en carrelage plus brillant qu'une étoile, d'immenses fenêtres recouvrent chaque centimètres carré des murs. Les décorations ajoutées par l'équipe événementielle ramènent des touches de bleu roi et de blanc, couleurs du premier logo de Médiatics à sa création, de manière très élégante et sophistiqué. Mais tout respire le fric ici, c'est presque indécent.
Je me permets enfin de respirer un grand coup lorsqu'il sort enfin de mon champ de vision. Je m'accoude sur la table en baissant la tête. C'est épuisant cette situation.
" La vue est magnifique mais le seul soucis c'est la pollution lumineuse. Impossible de profiter correctement des étoiles ici. Une voix masculine arrive par l'arrière et je me retourne, ne la reconnaissant pas."
C'est un homme à peine aussi grand que moi mais ayant bien entamé sa cinquantaine, voire sa soixantaine, qui sourit. Les cheveux brossés en arrière, il a un espèce de regard de fouineur qui ne me rend intriguée lorsqu'il se place à mes côtés. Je le sens très légèrement bourré, ce qui m'arrange grandement.
" En effet, de là où je viens, il n'y a pas ce genre de problème. C'est dommage de ne pas pouvoir assister à ce spectacle. Surtout pendant une soirée d'été. Fais-je, le dos droit, tendant ma main vers mon locuteur. Je suis Élie Cobb et vous êtes ?
- Le seul et l'unique Jeremiah Kowalski, un des très grands amis de Monsieur Barnes ! Il sourit de toutes ses dents blanches immaculées et je frissonne en sentant son haleine alcoolisée. Junior, tout naturellement. Ajoute-il à la hâte en me voyant froncer les sourcils. Plus personne ou presque ne veut avoir affaire avec le senior de nos jours.
- On peut comprendre pourquoi, non ?
- Tout à fait. Mais cessons de parler de ce mouton noir, parlez-moi de vous, que faites-vous dans la vie, Élie. Sa voix est rauque, mon prénom dans sa bouche me paraît presque souillé.
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Café Noir et Sucrette [Tome 2]
Chick-LitQuelques mois après l'histoire racontée par Olivia Lawford, l'assistante d'un grand dirigeant d'une entreprise dans l'audiovisuel, Mediatics, à New York, voici celle d'une apprentie journaliste, Elie Cobb, de l'autre côté du pays, à Portland, Oregon...