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à Ugo,




    Il fait froid à l'aérodrome de Mulhouse. Nous sommes en octobre, dans trois jours c'est mon anniversaire, et pour l'occasion papa nous réserve une surprise. Il y a ma sœur, Lola, et la tente. Papa nous emmène camper ! La tente est bleue, il fait nuit, je vois à peine mes pieds. Cette obscurité est bercée par le bruit des avions au loin. Papa nous demande à Lola et à moi de nous déshabiller, je ne comprends pas pourquoi il nous demande cela, et encore moins pourquoi je m'exécute. Il nous regarde enlever nos vêtements, avec un peu trop d'attention à mon goût. Comme j'aimerais que maman soit là. Je regarde Lola, en culotte, et je me sens obligée d'en faire de même sous l'œil sévère de mon père. Ma veste, mon pull, mon t-shirt, mon jeans... me voilà en culotte aussi mes ecchymoses sont mises à nu. Il y a à peine une heure de cela, papa m'avait battu jusqu'au sang. Ses coups de ceinture sont imprimés le long de mes membres. Une douleur indicible fait fureur en moi lorsque j'effleure malencontreusement mes hématomes. J'aime mon papa, comme toute fille aime son père. Mais pourquoi me fait-il tout ce mal ? Pourquoi est-il aussi violent avec cette chair qui n'est autre que la sienne ?
- Papa, j'ai froid, dis-je tremblante.
- Tiens, prends ça.    
Il me tend deux médicaments, une pilule jaune et rouge, et... un cachet rond, rose. Le tout accompagné d'une bouteille d'eau.
- Pourquoi tu me donnes ça ?
- C'est pour pas avoir froid.    
Papa a le dos tourné, il prend Lola dans ses bras ; je me demande pourquoi il met sa main sur ses fesses. Mon inattention et mes tremblements font que les médicaments tombent au sol. Je ne veux pas que Papa soit énervé, je ne lui dis rien, et bois l'eau, comme si rien n'était.
- Allez dans la tente, je vous rejoins.
Papa va fumer. Lola est là, en culotte, tout comme moi. Nous entrons dans la tente, nous nous couchons et nous fermons les yeux.
    Après quelques minutes, papa entre dans la tente. Il est tout nu. Je me penche vers Lola pour vérifier si elle est endormie, elle dort un point fermé. Papa s'approche de moi, je fais semblant de dormir, je sens ses mains parcourir mon dos, sa main froide me donne des frissons, tandis qu'elle descend peu à peu, vers le bas, tout doucement. Sa paume le long de mon échine, ses doigts le long de ma colonne vertébrale. Voilà qu'il arrive à mes fesses. Ce point de contact, sa main à mon dos, me fait peur. Pourtant c'est mon papa que j'aime. Mon papa que j'aime malgré son tempérament impulsif. Je ne sais que faire, à quoi bon crier, nous sommes au beau milieu de nul part, en pleine nuit. Le son de ma voix ne ferait que se perdre en forêt, sans parvenir à aucune oreille. Papa continue sa course, voilà qu'il m'embrasse les jambes, les mollets, les cuisses, ses mains toujours sur mes fesses. Je sens son souffle chaud dans le bas de mon dos... Papa, que fais-tu ? Qu'est-ce qu'il te prend ? Des larmes coulent sur mes joues, je n'ai jamais ressenti un si gros sentiment de peur. Une peur qui dévore tout sur son passage, j'ai peur de ce que va faire papa, j'ai peur de ce dont il est capable. Va-t-il encore me frapper ? Il pose tout doucement ses mains sur mes hanches, il me tourne, il me met sur le dos, je ne peux m'empêcher d'ouvrir les yeux, apeurée.
- Chut ! Ne t'inquiète pas ma chérie, tu ne te rappelleras de rien...

Un coeur sur la vitreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant