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    Elle est de cette douleur qui ne pleure pas. Je suis allongée, les yeux errants à travers la pièce, hantée par Raphaël. Il est cette souffrance qui ne coule pas, qui ne coule plus. Mes yeux sont emplis de larmes, mais elles restent là, au creux de ma rétine, comme par peur de sortir. J'ai donc tout épuisé. Entre deux soupire, je réponds aux SMS de Hugo. Je suis entrée dans la pénombre d'une vie damnée, arrachée, mon adolescence a été bafouée par les mœurs de cette putain de société. Raphaël. Et si tout était de ma faute finalement. Et si je n'avais simplement pas été assez claire. Peut être qu'il a du penser de par mes actes qu'il était possible de me toucher. Et puis, j'aurai pu me débattre, j'aurai pu hurler, lui donner des coups, le mordre, mais je n'ai rien fait. Je suis prisonnière de Raph. Je l'ai été et je le serai toujours. Il est en moi pour le restant de mes jours. Je suis emprisonnée dans mon imaginaire, détenue par les failles incommensurables de mon inconscient. J'aimerai toucher mon esprit, j'aimerai le percevoir mais surtout le comprendre. Il s'exalte de temps à autre. Mais tant de fois il croule sous l'océan dévasté de ses propres songes recluses. En une seconde fractionnée, je le vois périr sous une tension démesurée, sous l'apocalypse de ses pensées. Il pense, encore et encore. Il pense chaque fois un peu plus fort, il assimile à une vitesse folle. Il tourne à mille à l'heure, sans cesse. Il ne s'arrête jamais de réfléchir, de refaire le monde. J'ai l'impression d'avoir été dotée d'un don si atrophique, d'une qualité si défectueuse. Je me sens seule face à cette infinité que je ne sais contrôler, que je ne sais ordonner. J'aimerai pouvoir tout stopper parfois, simplement respirer au travers de ces failles de mon intellect. Simplement arrêter de me poser tant de question, d'arrêter tous ces raisonnements inutiles. Juste vivre comme les autres, penser comme tout le monde, me sentir sereine avec ma propre conscience. Mais que puis-je implorer ? Mes faibles pensées ne savent que vagabonder. Elles ne savent que lutter, que se cogner entre elles, pour au final, donner naissance à des nouvelles. Elles sont dépourvues de toute conscience ; ce qui est un comble. Ne savent-elles donc pas à quel point elles m'exténuent ?

Un coeur sur la vitreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant