Le joint d'herbe se consume dans ma main. La fumée remonte délicatement le long de mes doigts. De temps en temps, je jette un coup d'œil vers Antony. J'apporte le cône à ma bouche et je tire. Ça me pique légèrement la gorge. Ma vue se trouble de plus en plus et mon cerveau ralenti. Que j'aime cette sensation.
- Mia ?
C'est le premier mot qu'il prononce depuis dix minutes. Nous sommes assis sur un banc, dans une forêt de Phalsbourg. Nous avons une heure de libre. Après l'incident de mardi, nous avons énormément parlé. Mais non pas de ce qu'il s'était passé. Nous avons discuté de nos vies, nos ressentis, et ce toute la nuit. Ça m'a fait énormément de bien de me confier à Antony. Mais à cause de notre acte, je me sens honteuse chaque fois que je le regarde dans les yeux.
- Oui ?
- Ce qu'il s'est passé mardi...
- Écoute, on a fait une connerie OK ? Mais tant que ça reste entre nous et que ça ne se reproduit plus, ça ira.
- Ça me rassure que tu penses comme moi.
Je lui souris. J'aime vraiment beaucoup Antony, mais il ne peut rien avoir de plus entre nous.
- Tu as déjà consommé de la drogue dure toi ?
Raph...
- Oui, une fois. Et toi ?
- Non jamais. Tu as pris quoi ? Et c'était quand ?
- J'ai pris de la cocaïne, et c'était cet été.
- Ah ouais tu rigoles pas. Moi j'aimerais bien essayer l'ecstasy.
- On essaiera ensemble.
J'écrase mon joint par terre, et je regarde mes yeux à travers l'écran de mon cellulaire. J'ai les yeux imprégnés de sang. Merde. Les effets que me procurent le cannabis sont de moins en moins intenses. Ça doit être qu'un mauvais passage. Nous discutons avec Antony, puis nous retournons en cours.
Je suis assise à côté de Julia. Dois-je lui parler de la lettre ? J'ai besoin d'un autre avis que le miens. Je me lance alors.
- Julia ?
- Quoi encore ?
Elle m'adresse un ton presque méprisant. Ça doit être mon imagination. Ou peut être pas au bout du compte. Ces derniers temps, je la sens distante, comme si elle avait perdu toute importance et toute amitié en vers moi. Voilà trois ans que nous nous connaissons. Et c'est la première fois que quelqu'un comme Anaïs s'immisce dans notre amitié. J'ai l'impression de perdre Julia, de jours en jours.
- Je ne suis vraiment pas bien en ce moment, avec tout ce qui s'est passé cet été...
- Je peux rien faire pour toi.
Elle ne m'a même pas laissé finir. La sonnerie se fait entendre. Elle se lève, range ses affaires et part rejoindre Anïs sans même m'adresser un seul regard. Mais qu'est-ce que j'ai bien pu faire ?
Il est seize heures cinquante deux, et nous avons histoire avec monsieur Parrieux. Il me reste exactement cinq minutes pour lui donner cette putain de lettre mais je suis morte de peur.
- Non Zoé, je n'y arriverai jamais.
- Mia !
- Je t'assure en plus il peut rien faire.
- Tu...
La sonnerie retenti. Mon cœur trésaille. Je ne sais pas si lui donner cette lettre est une bonne idée. J'ai peur qu'il me juge, qu'il ne me prenne pas au sérieux, j'ai peur de tellement de choses. Zoé est là. Elle a seize ans, mais elle est totalement immature. Ce n'est pas péjoratif, mais c'est une décision de grande personne. Elle ne peut pas m'aider.
- Donne moi ça.
Zoé m'arrache la lettre des mains.
- Zoé !
Putain je n'arrive pas à croire qu'elle fasse ça. Elle s'approche du professeur.
- Monsieur ?
- Oui Zoé, dit-il en souriant.
- Vous pouvez lire ça ? C'est important.
Il regarde le bout de papier avec obstination. Il semble étonné.
- D'accord.
Sous ces mots, je quitte la salle en trombe, accablée de honte. Je suis dans le couloir et mon cœur bat à mille à l'heure. Zoé sort elle aussi de la salle.
- Tu vois c'était facile.
- Et s'il la lit pas ?
- Il la lira.
- Et si il s'en fou ?
- Mia, on connaît toute les deux monsieur Parrieux...
- Oui c'est vrai, j'espère que tu as raison. Merci Zoé, je ne sais pas ce que je ferai sans toi.
- C'est normal.
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Un coeur sur la vitre
ActionJe dénonce dans ce témoignage, le viol, les violences parentales, le harcèlement scolaire, les addictions en tout genre... Mon but étant de sensibiliser les gens, de les sortir de leur ignorance et surtout de les aider. D'aider ceux qui sont passés...