Chapitre 2

2.6K 128 1
                                    

     Le lendemain matin, après moultes hésitations, j'ai décidé de rester pour le petit déjeuné et noël en lui-même. Je prends donc ma douche et passe un coup de fil à ma secrétaire pour lui souhaiter un joyeux noël. Pour moi c'est primordial de garder de bonnes relations avec ses employés !

     Oui je suis chef d'entreprise depuis bientôt trois ans. J'ai créé mon entreprise à la sortie de mes études et même si la première année, on a eu du mal à s'en sortir, aujourd'hui en plus de pouvoir donner un salaire complet à tous mes employés, j'ai pu en embaucher d'autres et le nom de mon entreprise commence à se faire une place sur la scène internationale. J'avoue que j'en suis plutôt fière ! « Piccola Forza » c'est un peu mon bébé... Oui je l'ai appelé comme ça car lorsque j'ai parlé de mon projet à mes professeurs de commerces, l'un d'eux qui était professeur de langue, et surtout d'Italien, m'a dit qu'une « petite femme » aussi forte soit elle, n'avait aucune chance de s'imposer sur la scène internationale avec cet objectif sans être connue d'avance. Têtue comme je suis, je n'ai pas pu m'empêcher de voir ça comme un défi, et je n'avais qu'une envie, continuer dans cette voie. Ainsi, « petite force » a vu le jour. Ma famille ne sait rien de l'importance grandissante de mon entreprise, et encore moins de son objectif sous-jacent, vu qu'ils ne s'y intéressent pas...

     En réalité, mon entreprise est spécialisée dans l'écologie, on surveille de près les lois qui vont passer en matière d'écologie, on étudie et produit des objets innovants pour substituer les objets polluants du quotidien. Mais le meilleur de mon projet, c'est que la moitié des bénéfices sont reversés pour le droit des femmes dans le monde, et leur insertion dans le système universitaire.

Enfin bref, assez parlé de moi, de toute manière le repas qui s'annonce va surement être riche en émotions. En effet, le 25, les oncles, tantes et cousins partent et nous restons en « famille restreinte ». A ce moment-là les paroles se délient et les éloges, ou les reproches, fusent... Une fois préparée, je descends et est surprise par le bruit ambiant qui règne dans la pièce à vivre, j'en avais presque oublié que les cadeaux étaient au pied du sapin.

Gaspard : Désolé tata, on ne t'a pas attendu pour ouvrir les cadeaux... m'avoue-t-il penaud.

Manon : Ce n'est pas grave mon grand, et dis, tu en as vu à mon nom ? dis-je avec malice.

Gaspard : Oui j'en ai vu, je te les ai mis là. Répond-t-il excité.

     Il me montre la pile de cadeaux qui restent. Je suis donc surprise de voir que même les adultes ne m'ont pas attendus... Pour changer... J'ai donc entrepris d'ouvrir mes cadeaux tout en saluant et remerciant tout le monde.

Antoine : Merci sœurette pour le sweat, il est trop stylé !

Éric : Et merci pour le casque audio, il a vraiment un trop bon son !

Manon : De rien les gars !

Une fois les embrassades et remerciements terminés, on se met tous à table et le repas démarre. Arrivé au plat principal, mon cher père ouvre enfin la bouche, et sachez que ça n'augure rien de bon...

Jean-Yves : Alors Etienne, Elena, ça se passe comment à l'hôpital ?

Etienne : Super bien, on bosse souvent ensemble maintenant puisque la traumatologie est souvent combinée avec la cardiologie. Explique-t-il.

Elena : Ouais c'est génial, on nous présente comme les jumeaux aux mains magiques ! Dit-elle fièrement.

Clothilde : C'est super mes chéris, je suis heureuse si vous êtes épanouis dans le travail. Se réjouit-elle.

Jean-Yves : Je suis fier de vous les enfants, j'ai toujours su que vous réussiriez ! il se radoucie et ajoute. En plus, vous avez construit une magnifique famille chacun de votre côté, avec vos magnifiques conjoints...

Il leur tape doucement sur les épaules. C'est gerbant.

Clothilde : Et toi Manon, comment va ton entreprise ? me demande-t-elle.

Manon : Bah écoute, on sort enfin la tête de l'eau depuis presque un an et demi, et on commence enfin à entendre parler de l'entreprise aux Etats-Unis et dans toute l'Europe, alors je pense que c'est bien parti !

Louis : Tu fais combien de bénéfices ? Me coupe-t-il.

Manon : Là on est à 50 000 euros de bénéfices, donc on va surement engager un autre designer et une autre couturière je pense. Ça laissera à peu près 25 000 euros. Lui expliquais-je.

Louis : Et tu vas en faire quoi ? Investir dans un appart à Paris, ou les placer en bourse ? s'intéresse-t-il.

Manon : Ce n'est pas le projet en fait, on va surement en faire don.

Louis : Pourquoi ça ? s'étonne-t-il.

Manon : Par altruisme. Répliquais-je.

Jean-Yves : L'altruisme ne paye pas. Lâche-t-il.

     Merci pour le soutien papa, même si je n'en attendais pas moins de toi... De toute façon il ne m'a jamais soutenu depuis que j'ai commencé cette start-up... Je ne sais pas ce que j'ai de moins que ses autres enfants, mais bon je vis avec... Je préfère donc la fermer et attendre que son attention dérive et prendre mon mal en patience avant de rentrer chez moi. Il interroge donc les jumeaux sur leur projet d'étude, et sans surprise, soutien plus Antoine qui a été repéré par Monaco cette année et qui est sur le point de signer un contrat de formation au football professionnel avec eux. Alors que le projet de développeur de jeux vidéo enthousiasme déjà beaucoup moins mon père, laissant un « tu as bien le temps de réfléchir à un vrai métier » à Éric pour clore la discussion.

     Le repas se termine enfin, et je déclare que je dois partir parce que je n'aime pas conduire la nuit (ce qui est entièrement faux). J'embrasse donc tout le monde, petits et grands, puis vois le regard triste d'Éric, qui ne l'a pas quitté depuis l'intervention de mon père. En l'embrassant je lui propose de venir chez moi le week-end qui vient puisqu'il ne fait rien pour le nouvel an et qu'il ne doit donc pas se « préparer à l'avance » comme son frère. Il accepte et je sors de cette maison bien trop toxique pour moi.

     Une fois dans la voiture, je respire un grand coup, et met le son à fond sur la route du retour, en chantant à fond pour déverser ma colère et la tension accumulée. Papa, Camille, je les emmerde tous ! Putain, j'ai l'impression de ne pas être née dans la bonne famille. Des putains de catho capitalistes qui ne pensent qu'au fric et aux « qu'en dira-t-on »... S'ils savaient la vie que je mène, je pourrais sûrement éviter ce genre de dîner... Enfin bon...

     J'arrive enfin chez moi et décharge mes affaires. Je file sur mon balcon pour me fumer une cigarette, chose impossible avec ma famille dans les parages. Je dois ranger mon appart si Éric vient dans quelques jours. Il vient de me dire que son train arrivait jeudi soir. Je fais donc le ménage, puis décide de répondre à mes mails. Demain je retourne au boulot, et ai décidé d'émettre des annonces d'embauche. Je les testerai en mettant l'entretien d'embauche le 2 janvier. Ouais je sais je suis cruelle. 

Piccola ForzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant