Chapitre 38

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Point de vue de Manon, dimanche 12h :


           J'émerge doucement de mon sommeil. Bizarrement, c'est la nuit la plus reposant que j'ai jamais passée, alors que mon temps de sommeil n'est pas des plus longs... En effet, hier soir, Philippine et moi avons concrétisé notre relation. Quelque part, en nous offrant l'une à l'autre, c'est comme si l'on se promettais le futur. C'est étrange, je me mets a espérer un avenir avec elle. Ca ne me ressemble pas. Enfin, devrais-je dire, ça ne me ressemblait pas.

            Hier soir, bien que Philippine soit inexpérimentée, et que je l'ai guidé pour lui apprendre à dompter le corps d'une femme, j'ai tout de même apprécié ce moment. J'étais réellement dévouée à faire plaisir à ma belle Philippine, plutôt qu'à penser à mes propres pulsions. Je suppose que c'est ça aimer, donner sans rien attendre en retour...

            Je regarde Philippine dormir, et une douce sensation de bonheur et de chaleur m'envahie. Je ne trouve rien à reprocher à la femme qui se trouve dans mon lit. Et encore mieux, je n'ai aucune envie de fuir ce lit. Je décide donc de rester aux creux des draps en attendant qu'elle se réveille.

             Pour passer le temps, je prends mon téléphone et fais un tour sur les réseaux sociaux. Rien d'alarmant, ni d'intéressant alors que je slalome entre les mêmes, photos de soirées et photos de ciel. Cependant, une chose me frappe, Elena a posté une photo de l'anniversaire de mon père, où tous nos frères et sœurs se trouvent. La photo est légendée « My brothers and sister <3 ». Le seul problème, c'est que je n'y figure pas. La photo a été rognée à l'endroit où je me trouvais...

             Ca me fais un énorme coup au cœur, surtout en lisant les commentaires. En esquivant ceux des personnes que je ne connais pas, je tombe sur ceux de mon frère Etienne et de ma sœur Camille qui approuvent en disant à quel point ils aiment leur famille. Mais c'est le message de ma mère qui me blesse le plus « Tous nos enfants ont bien grandis <3 ».

             TOUS nos enfants ?! C'est une putain de blague ?! Je te hais Clothilde, moi qui pensais que tu étais différente de lui. Tu ne vaux pas mieux que Jean-Yves. Comment ma famille peut-elle faire comme si je n'avais jamais existé ?!

              Au moment où une larme menace de surgir, je jette un œil vers mon bras. En effet, Philippine vient de poser sa main sur celui-ci, alors qu'elle est encore dans ceux de Morphée... Ce simple contact me calme tout de suite. Et puis merde, ma nouvelle famille c'est elle. Elle me comprend et elle m'aime pour ce que je suis.

              Bon je vais peut-être un peu vite en besogne, mes petits frères m'ont envoyé quelques messages pour voir comment j'allais depuis « l'incident ». Ils sont ma famille aussi. Je décide d'ailleurs de créer un groupe avec eux et l'appelle « Les frères de l'exilée ». Et aux vues de leur réaction, ça les fait bien rire.

              Une bonne heure plus tard, Philippine se réveille en s'étirant de tout son long dans le lit. Je la trouve à croquer comme ça, on dirait une enfant... Est-ce que ça fait de moi une pédophile?! Roh, mais j'en ai marre de cette conscience de merde...

               Elle me jette un œil, et se rend compte que ses seins sont en dehors du drap, et remonte celui-ci très rapidement, tout ne devenant rouge de honte.


Manon : Tu crois que je ne me suis pas déjà délectée de cette magnifique vue pendant que tu dormais ? demandais-je en haussant un sourcil rieur.


               Elle rit, et se redresse, ne se souciant absolument pas du drap, et me dépose un rapide baiser sur les lèvres. Elle se lève ensuite et cherche ses sous-vêtements. Je ne la quitte pas des yeux pendant qu'elle se rhabille. Elle se retourne et me lance.


Philippine : Tu n'as pas fait à manger cette fois ?!

Manon : Non, je me suis dit qu'on serait vraiment rassasiées si c'était toi qui nous nourrissais, ou encore si on se faisait livrer.

Philippine : T'as bien fait, me lance-t-elle en riant.


               Je me lève donc à mon tour, et la suis dans la cuisine, après avoir enfilé mon traditionnel T-shirt culotte. En arrivant dans la cuisine, Philippine me tend une poêle et me dit tout naturellement.


Philippine : On va faire une discussion cuisine

Manon : Comment ça, répondis-je intriguée.

Philippine : Quand on cuisine on réfléchit à sa vie. Là, on va instaurer quelque chose entre nous. Quand on a un sujet sérieux à aborder, on le fait en cuisinant, explique-t-elle.

Manon : Deux choses nouvelles pour moi alors


               Philippine me tend des légumes et me fait signe de les couper. Pour sa part, elle se lance dans la préparation d'une sorte de bouillon. Alors que je m'affaire à ma tâche, elle débute.


Philippine : Tu veux que cette histoire nous mène où exactement ?

Manon : Honnêtement, je réfléchis rapidement. Je n'en sais rien, je veux juste être avec toi, et c'est la première fois que ça m'arrive. Je veux du sérieux et voir où ça nous mène. Enfin, si c'est ce que tu veux aussi, ajoutais-je en bégayant.

Philippine : C'est ce que je veux aussi, construire une relation sur le long terme. Mais, elle me lance sévèrement. Ca ne pourra marcher seulement si tu te confies à moi, on doit exprimer nos sentiments, sinon ce n'est pas sain. La base d'une relation c'est la communication.

Manon : Je sais, aujourd'hui cette phrase prend tout son sens pour moi tu sais.

Philippine : Je sais, elle m'embrasse tendrement et allume le feu de la gazinière.


           Nous avons continué à parler de tous et de rien, mais aussi de nos sentiments mutuels pendant toute la préparation du repas. C'est vraiment agréable, et se confier n'a jamais été aussi facile... 


Manon : C'est vrai que c'est plus facile de parler en cuisinant, avouais-je.

Philippine : Je te l'avais dit ! s'exclame-t-elle.



Piccola ForzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant