Chapitre 17

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Point de vue de Philippine, 1 mois plus tard :

       Ca fait maintenant presque 2 mois que je travaille en tant que stagiaire personnelle de Madame Lebeau, alias Manon pour les intimes... Je m'y sens vraiment bien. Manon est vraiment sympa avec moi, même si de temps en temps, je sais qu'il ne faut pas la chercher si je ne veux pas avoir de problèmes. Enfin, maintenant ça ne m'arrive plus, car j'arrive à cerner le moment où elle peut partir en vrille. Je lui suis très redevable, elle m'apprend des tas de choses, tandis que certains de mes camarades sont obligés de servir des cafés à toute l'entreprise de leur stage. Malek et moi rions beaucoup de ça.

       Depuis un mois, Malek et moi parlons tous les jours, que ce soit par messages ou lorsque nous nous retrouvons en cours. Il est vraiment génial ce mec, en plus d'être un Dieu vivant au niveau du physique, il est vraiment intelligent et concerné. Son but est de créer une entreprise qui emploierait des professeurs de français entre autres, pour apprendre aux migrants à s'intégrer et avoir un travail, ainsi qu'une chance en France. Il est vraiment impliqué, et je l'admire pour ça.

      On ne va pas se le cacher, je commence à être de plus en plus accroc à ce mec... Mais aucune chance qu'il s'intéresse à moi, il est si beau, toutes les femmes veulent sortir avec lui... Même si j'ai l'impression que quelques fois, il me fait des sous-entendus. Vous verriez la jalousie des filles que l'on croise dans notre école quand sa main frôle mon épaule... Il me rend folle.

       Aujourd'hui est d'ailleurs un jour spécial... Malek m'a expliqué que son patron cherchait un associé pour faire une collaboration... Je pense que c'est le partenaire idéal pour Piccola Forza... J'ai décidé d'en parler à Manon aujourd'hui, et j'ai très peur de sa réaction... Elle est souvent imprévisible dans ce genre de situation...

        Je me présente donc en ce vendredi après-midi à son bureau, et toque pour signaler ma présence. Elle était affairée devant son écran de PC avec en stylo entre les dents. Si j'étais un homme cette seule pensée m'aurais créée quelques réactions dans le bas ventre...

Manon : Bonjour Philippine, comment allez-vous ? me demande-t-elle tout sourire.

Philippine : Ca va très bien, et vous ?

Manon : Tout va bien, mais à la vue de votre tête j'imagine que vous n'allez pas si bien que ça... elle se redresse sur son siège et me dévisage.

Philippine : C'est que j'ai un sujet que j'aimerais bien aborder avec vous, si vous avez le temps... bégayais-je.

         Je la vois réfléchir à toute vitesse. Elle ferme son ordinateur portable, me fais signe de fermer la porte, puis m'indique le siège en face d'elle. Je m'assoie, seul son bureau nous sépare.

Manon : C'est un projet par rapport au travail ? Ou vous voulez me donner votre démission ? s'inquiète-t-elle.

Philippine : Non, je ne veux pas du tout démissionner, je suis bien dans votre entreprise, m'empressais-je de répondre. Je voudrais vous faire une proposition pour l'entreprise.

Manon : Très bien, elle s'appuie sur son dossier et ajoute. Je vous écoute.

Philippine : Vous cherchez depuis quelques temps à faire un partenariat avec une autre entreprise, si j'ai bien compris... Malheureusement, j'ai l'impression que depuis votre altercation avec madame Gautier, ne le prenez pas mal, mais... Vous avez un peu abandonné les recherches... je la vois tiquer au mot « abandonné », mais je reprends vite avant qu'elle n'ait le temps de réagir. Il s'avère que j'ai sympathisé avec le stagiaire de Monsieur Pavel, le PDG de New Liife. Son entreprise a pour but de fabriquer des objets, des meubles à partir de matériaux recyclés. Je me suis donc dit, que, puisque vous semblez partager les mêmes valeurs... Vous pourriez peut-être collaborer ?

       Un silence pesant suit mon monologue. Manon me fixe tout en réfléchissant. Je m'attendais à ce qu'elle s'énerve, à la limite qu'elle se foute de ma gueule, mais je n'avais pas prévu ce genre de réaction... Et quelle réaction ce silence, aucune émotion n'est perceptible sur son visage. Je ne sais pas quoi faire.

Manon : Ok

Ok ?! Elle vient de me lâcher un « OK » comme ça ?! Dans le plus grand des calmes ?! Mais qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de ma patronne ?

Philippine : Euh... Ok, vous allez collaborer ? Vous n'avez pas de questions ?

Manon : Non, OK je vais organiser un meeting, enfin, si monsieur Pavel est d'accord... Et je n'ai pas de questions car je sens que vous avez donné tous vos arguments dans votre présentation, elle me sourit. Un conseil cependant, il faut paraître confiante quand on a une idée et qu'on veut la défendre jeune femme.

       En disant cette dernière phrase, elle était assise sur le bureau en face de mon siège et avait dangereusement approché sa tête de mon oreille. Une fois son conseil dispensé, elle se redresse et se dirige vers son téléphone, puis elle me fixe.

Manon : Qu'attendez-vous ? Que je change d'avis ? rit-elle. Sortez de ce bureau que je passe un coup de fil.

       Je m'exécute. Je suis toute perturbée par ce contact soudain... Je sens encore son souffle sur mon oreille. C'était étrangement intimidant, mais pas désagréable...

Max : Ca sent la chatte mouillée ici ! il me fais la bise en lâchant cette obscénité.

Marc : Très fin ça Max, j'comprends pas comment t'arrive à baiser autant de meuf avec cette technique...

Max : J'utilise pas cette technique quand je drague ! Celle-là est déjà mordue, ça se voit non ? rit-il avec un clin d'œil.

      Mais quel con. Et gros dégueulasse qui plus est. Je décide d'envoyer un message à Malek, pour le prévenir que ma boss est OK. Sa réponse ne se fait pas attendre.

« MALEK <3 : C'est super ça, il est au téléphone avec elle justement, j'ai dû sortir de son bureau...

PHILI : Pareil ! Trop hâte qu'on collabore en tout cas !

MALEK <3 : Pareil, dis on irait pas boire un verre pour fêter tous ça, que tous les deux ?

PHILI : Avec plaisir, on va au Sunrise à 19h ?

MALEK <3 : Vendu, à toute mademoiselle »

      Waw, c'est moi ou c'est un rencard ? Et la façon dont il m'appelle « mademoiselle », c'est si romantique... Oh, je vois que Manon raccroche avec un petit sourire discret sur les lèvres. Elle me fait signe de revenir.

Manon : Réunion demain ici même, à 10h.

Philippine : C'est super ça ! Alors il est comment Monsieur Pavel ?

Manon : Il a l'air d'un homme honnête, et un gentleman... A voire si notre réunion confirmera ma première impression.

Philippine : Auriez-vous été charmée par cet homme par un simple coup de fil ? dis-je malicieuse.

Manon : Pardon ? elle explose de rire. Ce n'est pas mon genre.

Philippine : Vous ne l'avez jamais vu !

Manon : Certes, mais je sais dors et déjà que ce n'est pas mon genre. Essayeriez-vous de me caser Madame Proust ? réplique-t-elle en me regardant dans les yeux.

Philippine : Je ne me permettrais pas ! je soutiens son regard et ajoute. Enfin, peut-être devrais-je puisque vous passez vos rencards avec des enfants...

       Elle explose littéralement de rire. Et je la suis dans cette crise qui la prend. Une fois que nous sommes calmées, elle me regarde tendrement, et répond.

Manon : Ne vous en faites pas pour, moi, sa voix devient plus rauque. Je sais ce que je veux et j'arrive toujours à l'avoir...

       Son regard me met mal à l'aise, mais je ne peux pas détourner les yeux. Comment fait-elle pour avoir un regard si hypnotisant ? Elle rompt le contact visuel, ce qui me permet de reprendre mon souffle.

Manon : Faites des recherches plus approfondies sur l'entreprise New Liife, nous allons en avoir besoin pour demain. 

Piccola ForzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant