Chapitre 18

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Samedi matin 9h45 :

Point de vue de Manon :

        Je vois Philippine sautiller d'une jambe à l'autre, se mordiller la lèvre inférieure, ce qui, en passant le côté sexy du geste, est incontestablement une marque de stress, et ça commence à m'énerver. Au moment où je vois qu'elle commence à se ronger les ongles, c'en est trop.

Manon : Philippine, arrêtez ça tout de suite, lançais-je en agrippant sa main, en voyant sa mine surprise, j'ajoute plus douce. Ca m'énerve, vous n'avez pas besoin de stresser, je vais parler, pas vous... Alors maintenant vous vous asseyez dans le fauteuil et vous attendez qu'ils arrivent.

          Elle hoche la tête, je lui lâche sa main si fine, et m'assied également dans mon fauteuil, attendant que Chloé m'indique qu'ils sont arrivés. Je me permets donc d'inspecter ma stagiaire. Elle regarde furtivement son téléphone toutes les 5 secondes. Ses cheveux châtains sont relevés en un chignon haut, avec deux mèches laissées à l'avant qui remuent à chaque mouvement de sa tête. Ses yeux sont noisette, presque de la même couleur que ses cheveux. Si elle avait plus confiance en elle, elle aurait une personne différente dans son lit chaque soir... Et si c'était le cas ? Non impossible, elle a l'air d'être une fille gnangnan à souhait. Quoi que sa proposition de l'autre soir quand je l'ai ramené bourrée chez elle... Elle n'est pas forcément facile à cerner sur ce point, ou du moins, je n'ai pas encore eu l'occasion de le faire.

           Soudain Chloé fait irruption dans le bureau et m'informe qu'ils sont arrivés. Je me lève donc, suivie de Philippine et avant de quitter le bureau, je lui saisis l'avant-bras et lui assure que ça va bien se passer. 

            Je me dirige vers l'accueil et vois un jeune homme à la peau mate, des bouclettes ainsi que des cheveux noirs comme la nuit. Il me sourit, un grand sourire. Oh, autant pour moi, il ne me sourit pas, il sourit à Philippine. Elle est rouge comme une pivoine. Je vois... On aura une conversation plus tard jeune femme...

             Un homme de dos se trouve en face de lui. Il est plutôt petit pour un homme, 1m70 au maximum. Il n'est pas aussi bronzé que son stagiaire, mais ses cheveux sont aussi noirs que les siens, à l'exception d'une mèche blanche sur l'arrière du crâne. Il se retourne, il est en costard, mais sans cravate. C'est un bel homme, il fait très hispanique. Il me sourit et lance.

Monsieur Pavel : Enchanté Madame Lebeau ! Mon stagiaire ne m'a donc pas menti, vous êtes aussi belle qu'il vous décrit, si ce n'est plus.

Manon : Enchantée Monsieur Pavel, votre stagiaire vous a-t-il aussi parlé de mon aversion pour les compliments ? dis-je un sourire en coin.

Monsieur Pavel : Malheureusement non, rit-il. Je tacherais de ne pas en faire, mais cela risque d'être une épreuve.

             Nous nous serrons la main. Espérons que ce ton des plus mielleux disparaisse vite, ou je risque de perdre un collaborateur en qui j'avais tout de même fondé quelques espoirs.

              Je dirige donc mes confrères vers la salle de conférence, où nous allons entamer les négociations.

Manon : Messieurs, asseyez-vous je vous prie.

           C'est ce qu'ils firent. Quant à Philippine et moi-même, nous nous asseyons en face d'eux. Voyant qu'un silence s'était installé, je débute.

Manon : Très bien, je vous propose d'entamer les choses sérieuses. Je vais donc me présenter plus amplement. Je m'appelle Manon Lebeau, mon entreprise a eu 3 ans il y a peu. Notre objectif est de remplacer des simples objets du quotidien par des matériaux écologiques et de préférence réutilisables. Je vous présente également Madame Philippine Proust, ma stagiaire.

Monsieur Pavel : Si nous faisons cela dans les règles, alors je me dois de me présenter à mon tour, dit-il sur un ton sérieux, mais souriant. Je suis Arthur Pavel, mon entreprise va avoir 6 ans, et notre objectif est de créer toutes sortes de meubles et objets divers entièrement fait de matériaux recyclés. Mon stagiaire est Monsieur Malek Bentani, je crois qu'au moins madame Proust connait, puisqu'ils sont dans la même promotion, et que je crois qu'ils ont joués le rôle d'entremetteur pour cet entretien.

             Je jette en coup d'œil en coin à Philippine, qui ne le remarque même pas, tant elle est occupée à rougir en regardant, complice son collègue étudiant... Gerbant... Je reporte donc mon attention sur mon interlocuteur qui a bien remarqué le haussement de sourcil que j'ai eu en regardant nos jeunes stagiaires. Je le vois même réprimer un petit rire. Je reprends donc.

Manon : Effectivement j'étais au courant de tous ce que vous venez de me dire... Je tiens à être bien informée sur les gens avec qui j'envisage de collaborer. Je pense que nous partageons bon nombres de valeurs... Avez-vous une esquisse d'un projet où nous pourrions collaborer ?

Arthur : Ca ne m'étonne pas de vous, votre très bonne réputation n'est plus à faire. Même si je vous avoue que j'ai eu un peu peur quand j'ai entendu parler d'un accord entre vous et Madame Gautier... Ce projet est bel et bien aboli n'est-ce pas ?

Manon : Oui, un projet de collaboration avorté dans l'œuf après sa trahison... Je ne compte pas associer mon nom à celui d'une femme qui retourne sa veste pour s'enrichir...

Arthur : Vous m'en voyez rassuré ! Alors je pense que notre collaboration pourra se faire sans accrocs... Pour ce qui est de notre projet commun, je n'ai pas encore d'idée précise, mais la seule contrainte étant que les produits que nous proposerons seront entièrement fait de matière de seconde main. Après vous avez plus ou moins carte blanche.

Manon : C'est gentil de votre part de me laisser carte blanche, mais je n'envisage pas les choses comme ça. Je voudrais une collaboration totale entre nos designers, entre nous... Si cela ne vous fait pas peur bien entendu...

Arthur : Nous ne l'avons jamais fait, mais je ne refuse jamais un challenge, me signale-t-il avec un clin d'œil.

Manon : Je vous propose une réunion hebdomadaire pour laisser le temps à nos employés, et à nous même, de réfléchir à ce que nous pourrions créer.

Arthur : On se dit tous les Vendredi à 14h ? Comme ça nos chers étudiants pourront voir à quoi cela ressemble ?

Manon : Parfait.

Arthur : Très bien, il se lève. Alors à vendredi mesdames. J'ai été ravi de faire votre connaissance, en espérant que dans quelques temps nous signerons un contrat de collaboration durable.

       Il nous salue, et accompagné de son stagiaire, ils s'éclipsent. 

Piccola ForzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant