Chapitre 36

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Point de vue de Philippine :

           Après notre magnifique premier baiser, j'avais peur que Manon se braque, ou fasse comme si de rien était, de retour au travail. Ce ne fut pas le cas... Du moins, pas devant les autres employés de l'entreprise.

           Bien que cette semaine, nous ayons été pas mal occupées par le lancement de la production des produits de l'association Piccola Forza & New Liife, on a eu quelques occasions de se retrouver seule à seule... Que ce soit pour un rapide baiser volé, ou encore une étreinte passionnée, Manon m'a bien prouvé qu'elle ne comptait pas ignorer ce qu'il s'était passé mardi soir.

           Sans omettre son côté romantique, que je ne pensais pas voir un jour. En effet, je ne pensais pas que ma copine, enfin si on peut l'appeler comme ça, était du genre fleurs bleues... Mais vendredi soir, quand elle m'a donné ma lettre de salaire, à l'intérieur, se cachait une petite carte de restaurant, intitulé « accepteriez-vous un rencard avec moi samedi soir ? ».

           Bien évidemment, le lendemain, je lui ai sauté au cou, et assuré que je serais là. Nous avons donc décidé de partir directement après le boulot, ensemble, pour rejoindre la table que nous avions réservée.


Manon : Bonsoir, nous avons réservés pour deux au nom de Lebeau.

Serveur : Bonsoir mesdames, suivez-moi.


           Le serveur nous installe à une table plutôt isolée. Nous nous asseyons. Certes, nous portons encore nos tenues de travail, mais je ne peux m'empêcher de trouver la femme qui se trouve en face de moi terriblement sexy...


Manon : Si vous continuez à me regarder comme ça, on n'aura même pas le temps de commander une entrée, me prévient-elle.

Philippine : Ca tombe bien, je n'ai pas très faim, répliquais-je avec un regard carnassier.

Manon : Je ne dégusterais pas mon dessert, avant d'avoir goûté mon plat, me susurre-t-elle au creux de l'oreille. Et qui plus est, personnellement, j'ai faim ! ajoute-t-elle en se redressant.

Philippine : Tu as toujours faim, riais-je.

Manon : Je n'y peux rien, dit-elle en levant les paumes vers le ciel.


            Le reste de notre dîner se passe dans la même ambiance, tantôt des blagues, tantôt de la taquinerie, ou encore un peu de drague bien assumée. J'avoue que tous cela me met dans tous mes états... Et si ce soir était le grand soir ? J'en ai vraiment envie, et ça à l'air bien parti pour...

           Je regarde ma bien aimée dans les yeux au moment de partir, et celle-ci me déclare qu'elle me raccompagne chez moi. A ma grande surprise, elle m'attrape la main, et nous déambulons comme ceci dans la rue. Ce n'est pas que j'ai honte d'être ce que je suis, et encore moins de m'afficher avec Manon, mais j'ai l'impression que tous le monde nous regarde et nous juge. Je pense que Manon a dû sentir ma tension à son contact, car elle lâche brusquement ma main, et continue a marcher à côté de moi, en silence.

            Bon, ça ne sera peut-être pas le grand soir finalement... Je sais à cet instant qu'elle est vexée et qu'elle se referme peu à peu comme une huître... Fait chier, pourquoi j'ai eu cette réaction aussi ? Il est si dur pour elle de montrer ses sentiments, j'aurais dû cacher ce que je ressentais...

           Arrivées devant ma porte d'appartement, je demande à Manon si elle veut rentrer boire un dernier verre, et mes soupçons se confirment, lorsque pour toute réponse elle me lance.


Manon : Je ne sais pas Philippine, il y a peut-être des caméras dans votre immeuble, on ne devrait pas nous voir ensemble.


           Son ton est si froid et plein de reproches, qu'automatiquement, les larmes me montent aux yeux, et débordent sur mes joues. A cette vue, je vois le visage de Manon changer du tout au tout.


Point de vue de Manon :


          Oh putain, je viens de faire ce que je redoutais le plus. Je ne voulais pas commencer quelque chose avec Philippine parce que je ne voulais pas la blesser, et c'est exactement ce que je me retrouve à faire.

          Je suis vraiment conne, ce n'est pas sa faute si elle a réagi comme ça, c'est juste la première fois pour elle qu'elle s'affiche avec une femme. C'est putain de logique qu'elle ait paniqué, senti les regards sur elle. Mais je suis une putain de conne. C'est pas possible d'être aussi conne. Et pendant que je suis en train de m'insulter mentalement, je laisse Philippine sur le palier, en train de pleurer et se demander ce qu'il se passe.


Manon : Non... Je... je la suis dans son appartement, et en me tenant la tête tout en faisant les cents pas, je lance tout haut. Je suis vraiment trop conne, ce n'est pas ta faute ok ?! Je suis... Nan mais quelle conne. Je suis désolée Philippine, je ne voulais pas te blesser, c'est pas... Putain ! je m'assoie dans son canapé et loge ma tête entre mes mains.

Philippine : Eh, une main se pose sur mon épaule. C'est pas grave, ça arrive les malentendus...


           Mais je l'entends renifler et s'essuyer les yeux. C'est moi qui l'ai rendu triste. Et là maintenant tout de suite, c'est difficile pour moi de me pardonner ce que je viens de lui faire subir.


Manon : Tu vois je suis déjà en train de te blesser, alors que ça fait moins d'une semaine que nous nous voyions... Je ne risque pas de faire des progrès, tu devrais trouver quelqu'un qui te mérite...

Philippine : Tu rigoles j'espère ? je relève la tête et croise son regard sévère. Il y a quelque temps, tu ne te serais même pas excusée ou senti mal pour ce que tu viens de dire. Tu fais des progrès Manon, mais tout ça, ça prend du temps.


           Je la fixe dans les yeux, et ni une, ni deux, je lui agrippe les lèvres. Elle arrive toujours à voir le positif, elle me fascine, et je crois que je l'aime beaucoup. Beaucoup ? Mon œil oui ! A la folie. Je l'embrasse fougueusement, et elle m'enjambe pour se retrouver à califourchon sur moi. Je ne peux m'empêcher de faire balader mes mains sur son corps. Ca fait tellement longtemps que je rêve de faire ça !

          Mais d'un coup, les images de mes différentes nuits de folies hantent mon esprit. Puis viennent les scènes de fuite des appartements de mes conquêtes. Et si je recommençais ? Je ne veux pas la blesser. Je mets donc fin à notre baiser et Philippine me demande haletante.


Philippine : Pourquoi tu t'arrêtes ?!

Manon : Tu sais, je blesse les filles, je ne veux pas te blesser toi aussi.

Philippine : Putain Manon, c'est normal qu'on se blesse entre nous dans une relation ! elle s'énerve. Et n'ai pas peur de me blesser, soit toi-même, pour moi c'est tout ce qui compte.

Manon : Tu es sure ? m'inquiétais-je, néanmoins un peu rassurée.

Philippine : Très sûre, et t'as intérêt de me faire l'amour vite fait, parce que je n'attends que ça si tu n'avais pas remarqué ! s'exclame-t-elle.

Piccola ForzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant