Chapitre 26

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Point de vue de Philippine :

        J'ai quoi ?! Pourquoi elle me dit ça ? Je savais déjà que j'avais vomis ce soir-là. Mais est-ce que j'ai réellement dit ça ? Est-ce que je savais déjà que j'aime les femmes ? Ça me parait impossible... 

        Mais ce qu'elle vient de me dire, ça me semble à la fois familier, mais tout aussi impossible à concevoir... Ai-je réellement essayé de l'embrasser avant même de me douter un seul instant que je préférais les femmes ? L'inconscient est vraiment fascinant.

        Nan mais la honte, elle m'a vraiment vu vomir ?! J'y crois pas, je n'ai surement plus aucune chance avec elle maintenant. Enfin, en avais-je vraiment une avant ? A quoi je m'attendais exactement ?! C'est vrai quoi... C'est ma patronne, elle est plus âgée que moi, assurément bien plus expérimentée que moi. A quoi bon pour elle risquer sa réputation, pour une femme à qui il faut tout apprendre ?

      De plus, Manon m'a bien signifié qu'elle n'était pas intéressée par une relation quelconque... Tout ce qu'elle veut, c'est une passade, de quoi s'amuser. Mais qu'est-ce que je veux moi vraiment ? Suis-je près à m'afficher main dans la main avec une femme, ou des petites histoires sans lendemain dans l'ombre me tentent-elles plus ?

       Bien que je sache que le fruit de cette réflexion n'est toujours pas acquis, je décide de mettre mon cerveau en pause, du moins, jusqu'à ce que j'arrive chez moi, puisqu'il est l'heure de débaucher.

Vendredi 17h30 :

     Le rendez-vous hebdomadaire avec Arthur et Malek s'est franchement super bien passé. Bien mieux que je ne l'ai imaginé à vrai dire. Quand nos deux comparses sont arrivés, un malaise ambiant se faisait sentir entre Malek et moi. Mais c'était sans compter sur la franchise, et je pense la bienveillance d'Arthur qui a demandé à s'entretenir en privé avec Manon. Ainsi Malek et moi nous sommes retrouvés seuls dans le hall à les attendre.

     Nous ne sommes pas bêtes, nous savions que ce stratagème avait été mis en place pour que nous puissions briser la glace. Étonnamment, c'est Malek qui s'est décidé à me parler en premier. Il m'a confié que bien évidemment il était triste que nous ne soyons plus ensemble, mais qu'il ne voulait que mon bonheur et que si je n'étais pas heureuse avec lui, alors j'avais pris la bonne décision.

      Sur ce, on s'est promis de ne pas agir bizarrement l'un envers l'autre, et de rester amis, puisque nous nous entendions bien avant d'entamer une relation. Cette nouvelle m'a tellement réjoui, que suite à cette discussion, que mon sourire n'a pu quitter mon visage.

      La réunion a ensuite commencé, et au bout de trois bonnes heures, l'accord est enfin tombé. La collection a été validée par les deux entreprises et sera mise en production dès lundi. Ce fut une joie pour tout le monde, et surtout pour Manon, qui pour dire aurevoir à son associé, lui a sauté au cou. C'est la première fois que je la vois dans un tel état de joie. Elle n'a jamais été aussi expressive auparavant.

     Une fois que les membres de New Liife, ont quitté les locaux, nous retournons, Manon et moi dans son bureau. La joie qui l'habitait à l'annonce du départ de la production ne l'a toujours pas quittée, pour mon plus grand bonheur. Elle est si belle quand elle sourit. Elle dégage une sorte de lumière qui irradie toute la pièce. D'habitude elle fait plutôt sombre, intimidante, bien que son charisme naturel attire tous les regards vers elle.

Manon : Voilà une bonne manière de terminer la semaine ! s'exclame-t-elle en rangeant un peu son bureau.

Philippine : C'est sur, en espérant que votre week-end se passe tout aussi bien.


       En effet, toute l'entreprise à son week-end off. Ce qui est en général le cas pour les ateliers de production, mais pas pour notre boss et les gars de la pub. Mais puisque Manon a des choses prévues ce week-end, elle préfère que personne ne vienne travailler, et profite ainsi tranquillement de son week-end.


Manon : Oh, je n'en serais pas si sûre, je risque de bien m'ennuyer... elle me regarde et me confie. Nous fêtons les 60 ans de mon père, alors tu imagines bien que Monsieur Lebeau a invité tout le gratin des nobles et riches hommes d'affaires, plus toute la famille élargie... Alors personne ne me laissera tranquille. Heureusement, je n'aurais qu'à repenser à cette journée pour que mon faux sourire, n'en soit plus vraiment un... elle rit.

Philippine : Ca semble être une journée un peu barbante en effet, riais-je.

Manon : Des choses de prévues ce week-end ? s'intéresse-t-elle.

Philippine : Non rien de prévu, je vais surement allez voir mes amis demain, et réviser tranquillement dimanche.

Manon : Les révisions ne me manquent pas du tout ! confesse-t-elle. C'est une chose que je détestais, fut un temps où je ne pensais qu'à sortir et faire la fête tous les soirs plutôt que rester chez moi à réviser.

Philippine : Oh, oui dans votre jeunesse... soulignais-je.

Manon : Pour qui vous prenez vous ?! fit-elle faussement choquée. Heureusement pour vous, je suis de bonne humeur, et je dois partir pour mon week-end. Sinon, une correction aurait été de rigueur, signifie-t-elle en me fixant dans les yeux.

Philippine : Disons que je m'en sors bien alors...

     Je ne quitte pas ses yeux. Elle finit donc par céder en détachant ses yeux des miens, et je sais qu'elle déteste perdre. Entre elle et moi, rien n'a changé, même après notre entrevue dans le grenier... Quelques tentations de temps en tempe, mais ça ne va pas plus loin. A mon grand désespoir... J'ai adoré la façon dont mon cœur s'est emballé quand elle était si près de moi, dans ces foutues archives.

     Je la vois partir après qu'elle m'ait saluée. Elle part rejoindre sa famille. Bien que celle-ci semble compliquée, au moins, elle en a une... Parfois j'aimerais être à sa place.  

Piccola ForzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant