Chapitre 22

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           Il est 4h07 quand nous arrivons enfin à prendre un taxi. Nous avons retrouvé nos jeunes stagiaires, puis nous nous sommes extirpés de cette soirée interminable, qui avait pourtant si bien commencée.

           Une fois dans le taxi, nous demandons à nos stagiaires comment s'est passé leur soirée. Ils nous expliquent ce qu'ils ont fait, ainsi que les ragots sur les entreprises des autres stagiaires. Nous leur récapitulons aussi notre soirée, en passant sous silence nos discussions privées près du bar.

           Le taxi se dirige lentement jusqu'à mon adresse. Les discussions vont bon train, même si la fatigue m'envahie peu à peu. Le taxi s'arrête enfin devant mon immeuble, je donne l'argent au chauffeur et sors de la voiture. Arthur baisse la vitre pour me saluer et demande aux jeunes :

Arthur : On va à quelle adresse ensuite ?

Malek : Ne t'en fais pas, dépose-nous tous les deux chez moi.

Philippine : A vrai dire, j'aimerai plutôt rentrer chez moi... essaye-t-elle de dire

Malek : Ah, eh bien pas de soucis dépose nous tous les deux à son adresse.

            Je vois le regard dépité de Philippine, qui fini par acquiescer. Je sais bien que j'avais promis de ne pas intervenir dans la vie de ma stagiaire, mais là c'en est trop. Entre la confession qu'elle m'a faite dans le magasin de vêtements et sa tête à l'idée de partager sa nuit avec Malek, je sais très bien que ce n'est pas du tout ce qu'elle veut.

Manon : J'avais oublié ! m'exclamais-je avant qu'Arthur ne donne l'adresse de Philippine au chauffeur. Philippine vous devez rester chez moi exceptionnellement ce soir. Vous savez la réunion que nous avons lundi ? je la fixe dans les yeux pour essayer de lui faire comprendre mon petit jeu. Le rendu n'est pas fini, il faudrait qu'on le finalise demain.

Philippine : Ah oui c'est vrai ! dit-elle dans un sursaut théâtral. Je vous suis !

           Elle descend du taxi en saluant les hommes qui s'y trouvent. Puis le taxi repart dans les rues sombre de la capitale. Je pars sans un mot, et tape le code d'entrée de mon appartement. Philippine me suit, puis je prends les escaliers, tout en prenant soin d'enlever préalablement mes escarpins. J'ouvre ma porte d'entrée et fini par lâcher :

Manon : Je ne serais pas là éternellement pour t'éviter ce genre de situation.

Philippine : Je sais... répond-elle penaude.

           Je me contente de sa réponse, puis décide d'ôter ma robe. J'en ai plus que marre de l'avoir sur le dos. Je me retrouve donc en sous vêtement en dentelle dans mon salon. J'ouvre la baie vitrée, mais constatant le froid de ce début de matinée, ou cette fin de nuit, au choix, je me dirige vers ma chambre et saisi un T-shirt oversize que j'enfile. Je saisi mes cigarettes et mon briquet, m'assoie sur le balcon et en allume une. Je tire une longue taffe, et jette un œil à Philippine qui est rouge pivoine.

Manon : Qu'est-ce qu'il y a ? demandais-je innocemment.

Philippine : R... Rien, elle se ressaisie. Je compte quitter Malek demain. Je n'en peux plus de vivre comme ça... elle s'assoie près de moi.

Manon : Je pense que ça vaut mieux, avouais-je.

Philippine : Mais c'est le seul homme avec lequel je suis sortie, et si je suis incapable de l'aimer, je... elle se ravise en secouant la tête. Non, oublie ça c'est ridicule.

Manon : Rien de ce que tu pourrais dire n'est ridicule, alors vas-y.

Philippine : Et si j'étais incapable d'aimer quiconque ?

Manon : Malek n'est pas le seul homme sur terre.

Philippine : Crois-moi, j'en ai croisé des hommes. Aucun ne m'a jamais attiré... Alors Malek, c'était la perle rare...

Manon : Ce n'est pas grave, j'hésite puis ajoute. Tu n'as pas encore exploré toutes les possibilités qui s'offrent à toi, si tu vois ce que je veux dire.

Philippine : Comment ça ? elle fronce les sourcils.

Manon : N'as-tu jamais songé au fait que tu pouvais préférer les femmes ?


Point de vue de Philippine :

          Moi, aimer les femmes ? Cette suggestion me trotte dans la tête. Je n'ai jamais sérieusement songé à cette possibilité. Mais est-ce que les femmes m'attirent au moins ?

Philippine : J'en sais foutrement rien, la réponse à ma question sors tout haut et se trouve être la réponse à celle de ma patronne.

Manon : Difficile comme question n'est-ce pas ? elle sourit.

Philippine : Oui, je n'y ai jamais réfléchi... dis-je pensive.

Manon : As-tu déjà été attirée par une femme ? elle tire une longue bouffée de fumée, et continue. Seul toi, peux apporter une réponse à cette question, elle se lève et écrase sa clope.

             Elle rentre dans son appartement, alors je la suis. Elle me demande de la suivre, ce que je fais. Elle me montre où se trouvent les serviettes et autres commodités que l'on peut trouver dans une salle de bain. Puis, elle m'aide à mettre des draps propres sur le lit de sa chambre d'amis. Elle m'invite ensuite à la suivre dans sa propre chambre et me tend un T-shirt pour dormir.

Manon : Eh bien bonne nuit, je ne bouge pas de chez moi demain, alors prends le temps que tu veux, elle me fait la bise.

Philippine : Merci beaucoup, c'est gentil de ta pars.

             Au moment de quitter la chambre, je me retourne pour partir, et la vois du coin de l'œil enlever son T-shirt et se glisser dans ses draps. Je ferme sa porte et retourne dans la chambre qui m'a été affrétée. Je me glisse à mon tour dans les draps.

          Est-ce que j'aime les femmes ? Je n'ai jamais eu l'impression d'aimer les femmes., Bien sûr j'en trouve certaines très belles, mais ce n'est pas une preuve. Après, on ne peut pas dire que j'ai déjà aimé un homme... Je décide donc de m'ôter ces pensées de la tête et d'essayer de m'endormir.

           Je me retourne et repense à cette soirée, Manon est quand même la meilleure patronne sur laquelle j'aurais pu tomber. Elle est attentionnée et très intelligente, à l'écoute aussi. Et tolérante. Elle sent bon aussi. Le T-shirt que j'ai sur moi est imprégné de son odeur. Rien qu'à la sentir l'image de la belle blonde aux yeux verts me vient en tête. Bizarrement c'est l'image d'elle en sous-vêtements qui me vient en tête. Elle est magnifique. J'ose à peine imaginer ce qui se cache en dessous de ces pièces en dentelles...

Philippine : Oh putain.  

Piccola ForzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant