Chapitre 9

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     Il est 8h, j'ai rendez-vous avec Philippine. Je rentre donc dans le bâtiment, salue les employés que je croise en me dirigeant vers mon bureau. Ma stagiaire se trouve devant celui-ci.

Manon : Vous auriez pu rentrer !

Philippine : Jamais sans votre autorisation !

Manon : Eh bien, vous pouvez entrer maintenant.

      Nous nous installons de part et d'autre de mon bureau et je rentre dans le vif du sujet.

Manon : Quelles sont vos disponibilités madame Proust ?

Philippine : Alors, je fini les cours tous les soirs à 17h, et le vendredi et samedi je n'ai pas de cours, ce sont des journées banalisées pour ce genre de stage justement.

Manon : Très bien, avez-vous des contre-indications pendant les vacances scolaires ?

Philippine : Que voulez-vous dire par là ?

Manon : Si vous ne travaillez qu'une semaine sur les deux de chaque vacances, ou si vous avez de la famille à qui rendre visite...

Philippine : Oh non, pas de famille, je suis disponible tout au long des vacances ! Et après les cours si vous le souhaitez !

Manon : Et vous révisez quand dans tout ça ?

Philippine : La pratique m'est beaucoup plus importante ces temps-ci, je suis en dernière année, après mon diplôme je débute ma vie professionnelle.

Manon : Effectivement ! Très bien alors on va dire de 17h15 à 18h30 en semaine, et un 8h-12h 14h-18h le vendredi et samedi. Si vous avez un empêchement, faites le moi savoir, et si vous voulez venir plus tôt, c'est la même consigne.

     Sur ce, je lui tends ma carte sur laquelle est inscrit mon numéro justement, et lui souris.

Manon : Vous reprenez quand ?

Philippine : Le 5 janvier

Manon : Donc si vous signez ce contrat, vous commencez dès maintenant, vous venez demain, et après c'est dimanche, votre jour de congés... Donc le contrat devient effectif dès votre signature.

     Elle signe et me tend le contrat original, tout en gardant sa propre copie.

Manon : Super ! Je vous explique le programme de la journée. Ce matin, on a rendez-vous avec Pauline Gautier. Puis nous irons soit déjeuner seules, soit déjeuner avec elle, selon l'issue de cet entretien. Cet après-midi, on dressera le bilan de l'année 2019, je ne vous cache pas que ce n'est pas la partie la plus intéressante de ce travail, mais c'est un passage obligé de chaque entreprise. Et ce sera déjà la fin de la journée !

Philippine : Euh, vous voulez dire Mme Gautier, de Natural Expert ? Elle est incroyable cette femme ! Je trouve qu'elle vous ressemble !

Manon : Vous devriez gardez vos opinions pour vous. Prenez vos affaires essentielles, on y va.

     Je prends donc mon sac à main, enfile ma veste et me dirige vers la sortie. J'entends les pas pressés de Philippine qui me poursuivent. Nan mais pour qui elle se prend ? Moi ressembler à cette pauvre conne de Gautier ? N'importe quoi ! Nous sortons dans la rue et je fends la foule pour éviter au plus vite que Philippine arrive à mon niveau. Je n'ai pas envie qu'elle me pose de questions sur mon animosité envers Gautier. Mais c'est sans compter sur la détermination, et la rapidité de ma stagiaire, que soit dit en passant, j'avais sous-estimé.

Philippine : Madame... elle est haletante quand elle parle. Pouvez-vous au moins me briefer ?

Manon : Chaque chose en son temps !

Philippine : Il me semble que c'est le bon moment-là ! On courre presque depuis tout à l'heure, et vous ne m'avez toujours pas expliqué pourquoi ! crie-t-elle énervée.

     Je bifurque à droite, et on se retrouve devant une façade où trône un vulgaire « Natural expert » en lettres d'or. Quelle pacotille ! Je m'arrête à l'entrée, regarde ma montre. Il est 9h48. Je sors une cigarette ainsi qu'un briquet, et l'allume en regardant Philippine, transpirante et essoufflée.

Manon : Très bien madame Proust. Nous sommes ici car je commençais à faire affaires avec Madame Gautier. Cependant, mon opinion sur sa société a bien changé depuis quelques temps. Donc je lui accorde un entretien pour la laisser essayer de me récupérer, qui bien sûr sera vain. D'autres questions ? je tire une grande taffe et la relâche en l'air.

Philippine : Mais c'est horrible... Vous lui faites de faux espoirs.

Manon : Je ne cherche pas votre approbation, je n'en ai que faire. C'est mon entreprise et je la gère comme je l'entend.

Philippine : Mais...

Manon : Vous êtes là pour apprendre, non pour contester mes choix !

     J'écrase ma cigarette avant de lui laisser le temps de s'opposer, et me dirige vers les portes battantes de l'entrée. Je vais tout droit vers la secrétaire, qui au passage semble voir son visage blêmir quand elle me voit. Je crois que la dernière fois qu'elle m'a eu au téléphone a laissé des traces.

???: Elle vous attend dans son bureau, je vous y accompagne ?

Manon : Nul besoin, je connais le chemin.

     Nous arrivons devant la porte du bureau de Gautier, où son nom est aussi indiqué en fines lettres d'or. Je me retourne, et fais face à Philippine qui semble, je pense, me faire la gueule. Super, c'est son premier jour, et elle me casse déjà les pieds. Je retiens un soupire, ou encore une remarque sarcastique, respire un grand coup, et lui lance calmement :

Manon : Très bien, vous ne parlez qui si elle vous le demande, mais vous vous contentez du strict minimum. Et ne vous en faites pas, elle vous rendra la tâche facile, vous n'existerez presque pas à ses yeux, sauf si elle y a intérêt, et ce n'est pas le cas. Donc vous écoutez et apprenez. Les questions que vous aurez seront pour après l'entrevu, c'est clair ?

Philippine : Limpide, répond-elle sèchement.

     Je tire sur les pans de mon tailleur, respire un grand coup. Ma main se dirige vers la porte, et je toque trois coups rapides, en attendant que quelqu'un m'ouvre. La porte céda sa place à une grande rousse, avec des yeux qui brillent.

Pauline Gautier : Manon ! Entre, je t'en prie ! 

Piccola ForzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant