Chapitre 45

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Point de vue de Manon :


Chloé : Manon, du coup c'est bon pour que je prenne mon vendredi et ce week-end ? me demande-t-elle timidement.

Manon : Bien sur Chloé, tu ne vas pas manquer les 18 ans de ton fils, tout de même ! m'exclamais-je.


          Elle me remercie et quitte mon bureau le sourire aux lèvres. Depuis qu'elle a trouvé l'amour de sa vie, elle irradie le bonheur. Je me souviens encore du jour où elle est allée à leur premier rendez-vous, quand elle est revenue chercher son fils chez Philippine et moi, j'ai su que c'était le bon. Et j'avais raison puisque David et elle, sont mariés aujourd'hui !

          Au moins je ne m'étais pas trompée sur son compte. Quant à mon histoire avec Philippine, je m'étais trompée sur toute la ligne. Je pensais finir ma vie avec elle, une toute autre issue n'était même pas imaginable pour moi... Mais elle en a décidé autrement.

          En effet, après ma réconciliation avec Camille, Philippine était de plus en plus incertaine et elle n'avait plus trop confiance en elle. Je ne sais pas pourquoi d'ailleurs, je ne faisais que la réconforter, et la rassurer. Quand elle a quitté l'entreprise, ça a été mieux tout de suite. J'ai cru que j'avais retrouvé la femme dont j'étais tombée amoureuse.

          Cependant, un drame est arrivé qui a brisé tout mon amour pour elle. Alors que j'étais là pour elle, que je la rassurais toujours sur son physique qui la complexait tant, elle a préféré sauter une autre femme. A ce moment-là, j'ai tout stoppé, je l'ai mis à la porte, bien que ce fut extrêmement dur de le faire.

          Avec le recul je sais que notre relation n'était plus saine. Elle me disait les pires choses que je pouvais entendre, on ne faisait que s'engueuler, et je cédais pour m'excuser pour nous deux et nous réconcilier. De plus, nous n'étions pas fait pour vivre ensemble sur le long terme, dès que je parlais d'enfant dans notre avenir, elle tiquait. Je crois que nous voulions des choses différentes et cette rupture était un passage obligé, et finalement une bonne chose.

          Enfin, cela ne m'a pas empêcher d'être très affectée par ma rupture. Je me disais sans cesse que c'était la première fois que j'aimais une femme, et je ne pensais pas être capable d'en aimer une autre. Pour moi elle était la bonne...

          Pendant des mois j'ai été au plus bas. La seule chose qui me permettait de survivre était le boulot. J'y passais mes jours et mes nuits, j'ai d'ailleurs commencé à avoir une nette augmentation des ventes et de ma cotation en bourse. Cependant, sentimentalement parlant, j'étais une loque. Ma sœur et mes frères s'en inquiétaient beaucoup. Sans parler d'Omar et Arthur.


          Au bout de 6 mois à n'être que l'ombre de moi-même, Camille m'a forcé à quitter mon appartement et vivre quelques temps chez eux. Je ne voulais pas, mais il s'avère qu'elle avait raison, j'en avait besoin. Quand je rentrais du boulot, je recevais tout l'amour de mes neveux et de ma sœur. Ca m'a permis de guérir.

          C'est ainsi que de moi-même, trois mois plus tard, je les ai quitté pour emménager dans un nouvel appartement, pour une sorte de nouveau départ. Au plus grand soulagement de Louis qui avait peur que je reste toute ma vie chez eux (je n'invente rien, il me l'a confié en rigolant plus tard).


          Cependant, j'ai eu un petit coup de mou à l'approche des fêtes puisque je savais que mes frères et sœurs iraient chez nos parents, et je savais que je serais seule pour Noël... Mais c'était sans compter sur Arthur, qui m'a invité, et même forcé à passer Noël dans sa famille, au sud de l'Espagne. Et c'est ce que j'ai fait. Sa famille est fantastique. Ils m'ont accueilli à bras ouvert et ont fait comme si j'étais un membre de la famille. Je me suis vraiment bien entendu avec les cousins d'Arthur (enfin devrais-je dire Arthurito selon sa famille), mais d'autant plus avec sa sœur.

           Celle-ci habite d'ailleurs sur Paris dans le même arrondissement qu'Arthur et moi. Après ce magnifique Noël, j'ai continué à revoir Estela, puisque c'est son nom. On a commencé à sortir en boite ou dans les bars, que ce soit avec son frère ou des amis communs. Elle est doucement devenue plus qu'une amie. Mais j'ai mis du temps à me l'avouer, c'est la sœur de mon meilleur ami, une femme très charismatique.

          Cependant, elle n'était pas de l'avis d'attendre des mois que je me décide, et elle a pris les choses en main, un soir en rentrant de soirée, elle m'a embrassé. J'ai ressenti mon cœur battre, et ça ne m'était pas arrivé depuis Philippine. Ce baiser à été le début de longues conversation profondes et sérieuses sur notre passé, nos blessures, nos sentiments... Ca m'a fait du bien de parler avec une personne en totale adéquation avec moi.

          On ne s'engueulait presque jamais, je ne me laissais pas faire comme avec Philippine. Notre relation a évolué doucement et le moment de l'annoncer à Arthur a été très dur pour moi, comme un deuxième coming out. Mais à vrai dire, ça s'est super bien passé, puisqu'il m'a dit qu'il s'en doutait et qu'il était heureux de m'accueillir officiellement dans sa famille.

          Tout se passait tellement bien avec Estela, que nous avons emménagé ensemble a peu près un an après notre début d'histoire. J'étais d'autant plus heureuse de voir qu'elle s'entendais à merveille avec ma sœur et mes frères. C'est alors qu'au bout de 4 ans de relation, je l'ai demandé en mariage, et qu'elle a accepté. Depuis nous filons toujours le parfait amour, et sommes sur le point d'adopter une fratrie de petits vénézuéliens. Deux garçons et une fille.

          Comme vous l'aurez compris, ma vie est parfaite. Mon entreprise s'impose grandement sur la scène internationale, j'ai une femme superbe, et je vais bientôt être maman de trois adorables enfants. De plus, ma famille se porte à merveille.


          Camille et Louis sont à fond dans leur métier d'avocat, mais commencent à rêver de la retraite. Leurs enfants sont de beaux adolescents en devenir. Eric s'est marié et a eu son premier enfant, un petit garçon. Il vit avec sa femme en banlieue parisienne et il créé des applications pour le monde médical. Antoine quant à lui, est une star du football, dans une grande équipe d'Allemagne, et lutte contre l'homophobie dans le football, bien qu'il soit avec une magnifique blonde aux yeux bleus.

          Quant à Elena et Etienne, j'ai appris qu'ils avaient tous les deux divorcés, et décidés de prendre un appartement ensemble, où ils ont leur enfants une semaine sur deux. Ils n'ont jamais pu se séparer, et je ne serais pas étonnée le moins du monde si on apprenait qu'ils se la jouent à la Cersei et Jaime Lannister...

          Ma mère est morte quelques semaines après mon mariage, d'un arrêt cardiaque. J'ai hésité à venir à son enterrement, mais poussée par Estela, j'y suis allé rapidement pour lui dire au revoir et la pardonner de ne m'avoir jamais recontacté... Ca ne sert à rien d'entretenir une haine envers les morts.

          Mon père, est mort lui aussi il y a deux ans. Cancer du poumon. Comme quoi, ces cigares ne lui faisaient pas du bien... Camille m'a incité à venir le voir pour lui dire au revoir quand les médecins ont dit que c'était la fin. Je n'y suis pas allé. Je n'avais aucune envie de le voir vivant. C'est pourquoi j'ai été le voir sur son linceul... Je lui ai d'ailleurs discrètement accroché au poignet un bracelet arc en ciel avant qu'on ne l'enterre. Une petite vengeance personnelle dirons-nous.


          S'il devait y avoir une morale à l'histoire de ma vie, je dirais une chose. Il y a des amours qui forment et qui sont là pour vous emmener vers autre chose. Tout vient à point à qui sait attendre, et il faut se donner les moyens de réussir. Si l'on combine ces deux dictons, je pense honnêtement, que l'on peut atteindre le bonheur. J'en suis même la preuve vivante. Alors si je dois vous donner un conseil, vivez, trompez-vous, et persévérez. 

Piccola ForzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant