Chapitre 23

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Ses mains se baladent sur mon corps, sa bouche me laisse des baisers ici et là, me mordillant au passage. Je ne ressens plus rien, c'est comme si j'étais dans un coma éveillée, ne pouvant plus exprimer mon mal-être conscient. Il me chuchote à quel point je suis belle, qu'il m'aime, qu'il ne me laissera jamais partir. Mais je n'en crois pas un mot. Je suis juste son obsession du moment, il me tuera bientôt. Alors que ses doigts rentrent en moi, je me réveille d'un coup. 
Bordel ça avait l'air si réel. Je ne vais jamais m'en sortir. Il sera toujours là, dans ma tête. Je tremble comme une feuille, ma respiration est rapide. C'est fini pour le moment, il n'a plus accès à mon corps mais toujours à ma tête. Je passe ma main sur mon bras, analysant mes bleus. Je me rappelle comment chaque bleu est arrivé là. Un pleure de trop, une contestation, un regard fuyant, un refus ou simplement une demande anodine au mauvais moment. Alors, j'ai appris à me taire, à tout accepter sans broncher et il en a bien profité mais je n'avais aucun échappatoire. J'étais obligée de tout accepter. Je me lève du lit chaud. Le soleil est déjà bien haut,  je ne sais pas quelle heure il est mais je pense qu'on est en début d'après-midi. J'ouvre la fenêtre et les rayons du soleil me réchauffent la peau. Pour la première fois, ça fait du bien. Je passe une main sur ma nuque, la tête vers le ciel. En plus de deux mois c'est la première fois que je me réveille sans mon bourreau à mes côtés. Je devais dormir quand il dormait et je devais être lever en même temps que lui. Andrew devait toujours avoir le contrôle sur tout ce que je faisais. 

Je soupire et ose ouvrir l'armoire, quelques vêtements y sont déposés. J'attrape un jogging et un pull ample et les enfiles. Mon regard se pause sur le miroir. Je me sens mieux habillée ainsi. On peut à peine imaginer ce qu'il se cache derrière ces vêtements trop larges. Aucun regard malsain ne sera posé sur moi. Je passe une main sur mes cheveux bouclés puis sur mon visage. Ce dernier est violacé à certains endroits et le cocard est enfin entrain de partir. Il m'avait pas loupée ce soir là... 

Je ne sais pas si je dois descendre ou attendre. Mon ventre se met à gargouiller mais j'ai maintenant l'habitude de cette sensation. "Ne manges pas trop Eliza sinon tu vas grossir et être moche." Résultat, je me suis vraiment affinée. Je passe ma main sur mes côtes douloureuses, je ne pensais pas qu'un jour, j'aurais pu les voir si nettement. Mon ventre est si plat. J'ai totalement changée, il m'a changée. Ce n'est plus mon corps, c'est le sien. Je soupire en laissant tomber le pull couvrant mon corps. Mon regard tombe sur les hommes de sécurité du russe qui font des rondes. Suis-je vraiment en sécurité ? Il a déjà réussi à pénétrer dans le château pourquoi pourrait il pas le faire une seconde fois ? Il m'a promis de venir me chercher que ce n'était qu'une question de temps... Et il le fera, j'en suis persuadée. 

Je me dirige vers la porte. Ais-je le droit de descendre ou dois-je attendre ici ? Il ne m'a pas donnée d'instructions. Je colle mon oreille à la porte. Aucun bruit, rien. Je souffle un bon coup me donnant du courage et j’ouvre la porte. Gauche, droite, rien du tout. Je me dirige vers le bureau d'Anatoli et toque pour lui demander ce que je dois faire. Mais rien, aucune reponse. Peut-être dort il encore. Je n'ai pas la moindre idée de l'heure qu'il est mais la nuit a tout de même été  courte. Je prend le risque de descendre l'escalier sur la pointe des pieds. Mes yeux tombe sur le blond ronflant sur le canapé. Ses cheveux tombent sur ses yeux, ses mains tiennent fermement une bière presque vide. J'analyse la pièce, regardant si quelqu'un est levé. Je ne sais pas vraiment combien de personne habitent ici. Jusqu'à ce que mon regard tombe à cet endroit. Ma respiration s'arrête nette alors que je m’accroche la rambarde pour ne pas tomber et de mon autre main je tire sur mon pull pour chercher de l'air. La scène se rejoue en boucle dans ma tête. Le russe mettant une balle à l'arrière du crâne de Mona sans qu'elle s'en aperçoive. Ça se rejoue encore et encore, m'arrachant le coeur. Je sens une main se poser sur mon épaule me faisant sursauter. Je me retourne d'un coup sec, me faisant partir en arrière mais Anatoli me rattrape. Son regard bleu azur se pose sur moi, les sourcils froncés. Je veux qu’il me lâche ! Je ne veux pas qu'il me touche ! Il a tué Mona ! Je gigote pour échapper à son emprise et c'est ce qu'il fait me laissant tomber en arrière sur quelques marches. Je m'assois rapidement, mon dos me fait un mal de chien. Le brun passe à côté de moi sans même me jeter un regard en se dirigeant vers la cuisine. Une orloge trône sur un mur. 13h27. Il est tôt. Je vois quelque chose être jeté en l'air pour arriver sur la tête de l'homme tranquillement entrain de dormir. Ce dernier se lève d'un coup braquant son arme sur son patron.

"-Polozhi eto, duraki, ty snova poranish'sya. (Baisses ça imbéciles, tu vas encore te blesser.) 

-Mais il est quel heure, là ? Grogne Nate en rangeant son arme.
-L'heure que tu lèves ton cul de feignasse pour aller bosser pour une fois. Je te payes vraiment à rien faire.
-Je me suis endormi genre, il devait être 9h du matin. Je suis au bout de ma vie. Explique le blond en s'asseyant sur le tabouret en face du bar américain. Il pause son regard sur moi en bayant, me montrant ses dents.

Anatoli lui pose un café devant lui et un autre à côté de lui.

-Tu vas lever ton cul et venir t'assoir ? Me demande sèchement ce dernier. 

J'obéis, ne voulant pas de représaille. Je sens que mon corps ne résisterai pas. 

Le brun a les fesses collés au plant de travail, buvant son café en pianotant sur son téléphone. Nate lui, mange des biscuits, la tête posé lourdement sur une de ses mains. Ce café est donc pour moi. Je l'attrape de mes deux mains. Il est brûlant mais cette chaleur me fait du bien. Je suis encore vivante. Je ne suis pas adepte du café noir mais je ne vais pas cracher dessus.

"-C'est à quelle heure le rendez-vous déjà ? Demande le blond.
-Tu veux vraiment que je te casses les dents ? Je te l'ai dis au moins cent fois en trois jours. 
-18h ?
-Non, 19h30. Ils mangent ici.
-Ca vas encore durer une plombe...
-Il nous le faut dans la poche pour que nos cargaisons passent la frontière tranquillement. On en a déjà trop perdu depuis que son fils a reprit le flambeau. 
-Il est casse couille aussi pourquoi, il a pas simplement reprit les accords de son père ? 
-Il veux simplement que ça se passe selon ses ordres.
-C'est Anita qui fait à manger ce soir au moins ?
-Oui.
-Genial, à tord de me faire chier ce soir, je vais bien manger.
-Arrête de faire de gamin.
-Non mais sérieux, on vas marchander avec un gamin de 23ans qui pète sûrement plus haut que son cul. Grogne Nate.
-Oui mais il nous faut un laisser passer. 
-Hum. Je vais me laver. Déclare le blond en partant. 

Je le suis du regard, il monte mollement les escaliers en se frottant les yeux. Je me retourne vers mon café toujours chaud. Un hoquet de peur sort de ma bouche quand je vois Anatoli devant moi, seul le bar américain nous sépares. 

-Est ce qu'elle te dit quelque chose ? Me demande t’il en me montrant une photo sur son téléphone. 

Une grande brune aux yeux marron. Une cicatrice sur le visage. Bien sûr que je sais qui sait. Elle est la responsable du hangar. 
J'hausse doucement la tête de bas en haut.

-Est ce qu'elle est importante ?
-Oui...
-Elle est souvent au côté d'Andrew pourquoi ?
-Vous me promettez de me protéger ? Que vous ne me jetterez pas dehors dès que je vous dirais tous ce que je sais ?
-Je te l'ai déjà dis Meloch. Tu seras sous ma protection jusqu'à ce qu'Andrew meurt. Tu ne sortiras pas de cette maison.

Je prend une grande inspiration pour me donner du courage. Si le roux sait que c'est moi qui aie balancer cette information, il me fera brûler. 

-Elle s’appelle Cléophé, elle a sous sa charge son plus gros entrepôt destiné à la vente d'armes et de drogues à l'internationale. 
-A l'internationale ?
-Il a déjà conclu un gros contrat avec L'Espagne et ils lui ont donnés le numéro d'un des plus gros intermédiaires d'un chef de cartel mexicain qui est fortement intéressé. Il doit y aller dans deux semaines pour faire tester sa marchandise. 
-Comment a t'il eux ces contacts ? 
-Ça, je ne sais pas... Je sais juste que c'est un ancien qui croit en lui, en son audace qui lui donne toutes les cartes.
-Tu l'as déjà vu ?
-Non, ils communiquaient juste par appel.
-Tu es sûr de ne jamais avoir attendu un prénom ? Un surnom ?
-Non, rien du tout.
-Et Sébastien qu'a t'il craché sur nous ?
-Rien de spécial car vous avez tout changé de place. Ils ont coordonnés des missions pour rien, perdu beaucoup de temps et d'argent. 
-Khorosho. (Bien)

Je baisse la tête. J'espère qu'il me protégera sinon, ça va chauffer pour moi. Andrew ne me pardonnera jamais et me fera payer le prix fort.

-Je sais que tu as peur de ce fils de pute mais je t'ai fais une promesse et je tiens mes engagements. Tu n'as rien à craindre. 
-Il a déjà réussi à entrer une fois.
-Il n'y arrivera pas une deuxième fois, j'ai tout fais pour." 

Elizabeth.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant