Chapitre 11

1 0 0
                                    

Taina

Avec désormais un nourrisson à la maison, il arrivait que nous dormions peu. Mais c'est Ursa qui dormais le moins, les cernes commençaient à apparaitre, dû au manque de sommeil causé par Wailani et ses pleurs incessants. La faim, les coliques, la chaleur, la couche pleine, que de raisons de geindre. Et bien sûr il préférait faire ça en pleine nuit.

Elle devait aussi se faire à l'idée qu'elle était désormais stérile, c'était dur pour elle de s'y habituer. Elle allait souvent à l'hôpital pour des bilans, pour savoir si elle se remettait de l'opération correctement.

Le fait de ne plus pouvoir procréer ne la dérangeait pas, tant qu'elle avait son Wailani à ses côtés, bien vivant, en bonne santé. La mana* d'Ursa était plus forte, elle aurait de beaux moments à passer avec son fils. J'avais promis, en plus, de tout faire pour arranger les choses. J'avais parfaitement conscience que seule je ne pouvais pas changer tout un pays, mais justement je n'étais pas seule. Tous les Résistants se battaient pour la même raison.

Quand elle allait à l'hôpital, on se chargeait de garder Le Petit Ours. Pendant les premières années de la vie de mes frères et moi c'était elle qui nous avait gardés, et maintenant nous gardions son fils. Mama le prenait dans ses bras, en lui racontant des contes et légendes Haumean dont il ne comprenait pas un mot mais ce n'était pas grave, ça l'apaisait et parfois ça l'endormait. Il était minuscule, il avait maintenant presque un mois. Les jumeaux venaient parfois autour, pour écouter eux aussi. Ils mettaient chacun leur petit doigt dans une des deux mains de Wailani, qui resserrait alors son étreinte dessus. Avec leurs bandeaux noir et blanc autour de la tête, ils se prenaient pour de grands Résistants. Et ils se mettaient à lui conter ce que mes parents racontaient des sit-in ou autres événements.

Mama aimait garder le bébé, ça lui rappelait des souvenirs et elle s'y prenait bien avec les petits, Ursa lui avait même déjà conseillé de se convertir complètement au baby-sitting. Wailani pleurait rarement dans ses bras et quand Ursa rentrait elle n'avait pas besoin de l'endormir. Ma tante, mon oncle Lai et Pa s'y essayaient parfois mais finissaient par le laisser à la meilleure dans ce domaine, quand la situation se dégradait.

Concernant la Résistance, le boycott continuait. J'allais partout à pieds, comme Mahana, Najwa, Orava et Fubuki. Avec les deux cousins, j'allais en mission de temps en temps. Pour des sabotages ou des choses simples comme la distribution de tracts.

Un soir Mahana débarqua au machiya, son masque traditionnel Haumean sur le visage.

"Taina ! Viens vite et prends ton masque et ton sabre ! Tu devineras jamais ce que je viens de voir !"

Je m'exécutai et couru dehors la rejoindre. Elle courrait devant, je la suivais. Au passage elle emmena son cousin, qui semblait s'ennuyer et être déprimé. Mahana m'informa en chuchotant qu'il avait rompu récemment. La fille qu'il avait pris pour cible cette fois s'était rendue compte plus vite que les autres qu'Orava était un coureur de jupons.

On courrait tous les trois, tous masqués, avec Mahana comme guide, vers une ruelle.

"J'espère qu'il est toujours là cet enfoiré." Marmonnait-elle. « Je sens une aura étrange dans cette direction. »

Elle tourna brusquement à sa gauche, on la suivit dans une autre ruelle. On y arriva en trombe, il faisait sombre mais on distinguait, bien que difficilement, une silhouette.

"Qui es-tu ?!" Cria Mahana. "Je t'ai vu toute à l'heure ! Et tu avais un lance-flammes !"

Un ricanement se fit entendre.

"Mince, je n'ai donc pas été assez discret, tu m'as eu."

"Oui ! Et qu'est-ce qu'un Mikazuki fait en plein quartier Coloré, à cette heure, avec un lance-flammes... ?"

RakuenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant