Fubuki
Alors que l'automne débutait, je continuais à angoisser pour les trois rejetons de Madame Namida Hisui. Comme je passais tout mon temps à m'occuper d'eux je pouvais veiller à ce qu'il ne leur arrive rien. J'étais la sentinelle du machiya, la plus vigilante possible. Pour les protéger eux mais aussi mes grands-parents, ils m'assuraient qu'ils pouvaient m'aider à monter la garde, qu'ils n'étaient pas trop vieux pour cela. Je leur faisais confiance, ils avaient prouvé depuis longtemps qu'ils savaient manier les sabres et shurikens. Ils prenaient même des cours d'archerie depuis quelques mois. Mais quand ils faisaient la sieste de treize à quinze heures j'étais bien obligé de faire attention pour cinq.
« Fubuki ? »
« Hm ? »
« Est-ce que tu penses que Maman nous aime ? » Demanda Na, les yeux rivés sur les devoirs que je l'aidais à faire.
« Eh bien...je suppose que oui, c'est votre mère comment pourrait-elle- »
« Alors pourquoi est-ce qu'elle nous laisse tout le temps chez toi ?! » Me coupa Na.
Je ne savais pas quoi lui répondre, je jaugeais la situation, Na n'était pas candide, loin de là... À sept ans elle se rendait bien compte que contrairement à certains de ses camarades, elle passait finalement peu de temps avec ses parents.
« Na, elle le fait parce qu'elle ne peut pas s'occuper de vous, tu sais, à cause de son travail... »
Elle croisa les bras et baissa la tête.
« Et...alors pourquoi...pourquoi parfois je l'entends dire à ses amies ou à papa qu'elle est contente de pouvoir avoir recours à toi... »
« Quoi ? »
« Si tu savais, toutes ces fois où elle est venue nous déposer ici en faisant croire à une urgence alors qu'il n'en était rien... » Elle renifla. « Osamu et moi, on a jamais rien dit mais parfois Maman nous ramenait ici parce qu'elle disait qu'elle en avait marre, qu'il lui fallait une pause ou qu'elle voulait faire ses affaires de son coté. Du shopping, un restaurant, un tour au onsen et j'en passe... »
Je comprenais mieux toutes ces fois où il y avait des soi-disant urgences. Le doute de Na sur l'affection que lui porte sa mère. Je n'arrivais pas à croire à quel point cette femme n'avait aucune limite dans ses mensonges.
« Votre père qui a eu un accident ? Ses réunions à l'école ? Sa tante à l'hôpital ? L'enterrement de son père ? Tout cela...c'était faux ? » Je ris jaune. « En y réfléchissant toutes ces excuses sonnent clairement clichés quand on les cite une à une... »
Je tournais la tête en remarquant qu'Osamu se tenait à l'entrée de la porte de la pièce. Je l'invitais à venir avec nous. J'appelais aussi Ran qui roulait par terre. Mais il m'ignora, je le laissais jouer de son coté.
« Fu, tu t'occupes plus de nous que nos parents eux-mêmes, parfois on se demande qui est notre mère. » Marmonna Osamu en prenant mon bras et appuyant sa tête dessus.
« Oooh voyons les tornades, vous êtes toute ramollies tout d'un coup, ne vous en faites pas, même si votre mère a commis des erreurs vous restez ses bambins adorés. » Dis-je en les câlinant.
Ils sourirent, tristement. Je comprenais leur douleur mais j'essayais de les réconforter. Ils n'avaient qu'une mère, qu'un père et leurs parents n'avaient qu'eux, ils pouvaient être sûrs que pour rien au monde ils ne les laisseraient à une autre. Une Résistante qui plus est...
« Oui enfin, les parents s'en font pour Ran en ce moment.» Lâcha Na en regardant le petit qui se faisait les dents sur le coin de la table. Il s'était approché de nous entre temps.
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Rakuen
خارق للطبيعةTaina et Fubuki vivent à Mikazuki. Toutes les deux étaient amies un jour, toutes les deux se considèrent mutuellement comme des sœurs aujourd'hui. Elles se perçoivent au-delà de leurs différences. Seulement, le gouvernement n'est pas de cet avis, l...