Chapitre 23

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Fubuki

A l'aube du vingt-six décembre, je préparais mon sabre, mon masque et mon sac pour aller rejoindre Vanira au lieu de rendez-vous donné pour notre groupe. Je venais de finir d'attacher mon armure. Je rangeais ce qu'il fallait quand je tombais sur une autre relique du temps où Hinaiti s'occupait de moi. Une poupée de chiffon qu'elle avait fait pour moi. Je la contemplais en me remémorant cette époque.

« J'avais passé du temps à te la confectionner. »

Je me tournais pour voir Hinaiti à l'entrée de la chambre, elle préparait son propre bagage.

« Je m'en doute, vous l'aviez bien fait. »

« Merci. »

Je la rangeais dans un placard de la chambre de Taina. Elle serait en lieu plus sûr que dans mon sac de bataille. Ces poupées étaient données par les bonnes qui s'occupaient de nous. Elles en faisaient parfois pour leurs propres enfants, je me demandais si Taina avait eu ce genre de jouet étant enfant. Taina était déjà partie pour aller rejoindre Indra à la base des Résistants. Je ne la reverrai pas de sitôt. Allais-je la revoir ?

« Fubuki je t'attends, je dois aller rejoindre Lai et mon mari, ainsi que tes grands-parents, mais je dois fermer la porte de la maison tout de même. » Elle se leva son sac sur le dos. Il était imposant.

« D'accord j'en ai pour une minute. »

Une fois mon sac fin prêt, je me dressais sur mes jambes et mis mon masque.

« Nous pouvons y aller. »

Dans le vent glacial, dehors, nous avancions vers le foyer des Faizi, mes grands-parents y étaient. Hinaiti regardait la toiture enneigée.

« Haukea est là, on s'est donné rendez-vous ici avec tes grands-parents. » Hinaiti me fit face. « Prends soin de toi. »

Je fis oui de la tête et partais jusqu'à la lisière de la forêt. Un vélo m'aurait bien servi en ce moment même.

J'arrivais essoufflée après ce trajet, dans la paranoïa d'être suivie par un ennemi, et par la longueur du parcours. Une troupe était déjà rassemblée. Tout devant se tenait une femme, de la même taille que moi, à quelques centimètres de plus près.

« Écoutez moi tous ! » Ordonna-t-elle. La puissance de sa voix contrastait de son apparence physique.

Tout le monde se tut.

« Bien. Merci à tous de prendre part à cette guerre, pour vos convictions, vos droits ou ceux des autres. Merci de risquer votre vie. Parce que maintenant, vous entrez dans un engrenage dont vous ne pourrez plus vous sortir. Sachez que si vous voulez déguerpir d'ici c'est maintenant. Après il n'y aura plus de marche arrière, vous vous battrez avec des ennemis redoutables. »

J'étais à coté de Mahana et Orava.

« Redoutable ? » Dit Mahana en chuchotant à Orava et moi.

« Et perdre la vie est loin d'être une option secondaire. Ça passera ou ça cassera.»

Elle dévisagea l'ensemble de la troupe. « N'oubliez jamais que de votre vie dépend une multitude d'autres vies. Le malheur des uns fait le bonheur des autres, tenez-vous en à cette règle et ne la remettez pas en question. Ou vous serez « les uns ».... »

Je déglutis. Elle nous faisait déjà peur.

Elle tapa sur son armure de son poing. « La liberté ou la mort ! »

Tout le monde fit de même et d'une seule voix retentit le slogan. Puis la cinquantaine de personnes présente avança dans la forêt en suivant Vanira.

« Dites ? Vous savez que Vanira la Virtuose détient le record des samurais battus en un coup de lame. » Nous souffla Orava plein d'admiration. « Elle leur laisse toujours la vie sauve mais elle les vainc tout de même. Si c'est pas trop classe ~. »

Orava avait tendance à être très admiratif, surtout quand il s'agissait de femmes. Taina me l'avait dit, il excellait dans la flagornerie.

« Orava tu n'es pas au courant qu'elle n'est pas intéressée par les gars ? » Lui informa Mahana avec un sourire moqueur, distinguable sous son masque par ses yeux plissés.

A ce moment il était surement possible de voir son visage se décomposer et peut être même pâlir sous son masque, mais je n'ai pas eu ce plaisir, je marchais devant eux et quand je me retournai il avait déjà changé le sujet de conversation avec sa meilleure poker face.

On nous avait dit que tous les hommes en âge et en capacité physique de se battre avaient été réunis rien que pour nous. De notre coté aussi les Résistants du pays entier étaient prêts au combat contre les samurais locaux. Ce n'était plus une simple guérilla, la guerre civile avait fini par éclater. C'était la dernière ligne droite vers l'égalité. Si on y arrivait.

Un bruit se fit entendre.

« Ne bougez plus ! » Ordonna Vanira.

Puis un autre. Le rassemblement d'hommes et de femmes que nous formions était compact. Presque comme un troupeau de bisons. Sans baisser sa garde, Vanira examinait les alentours en tournant la tête. Avec nos masques notre champ de vision était réduit.

Des samurais apparurent de divers endroits, de derrière les arbres. Ils nous encerclaient.

« Résistants, il est temps de se rendre, non ? » Dit un homme, petit, chevauchant un jackalope. Il avait une armure rouge, c'était le général.

« Noburu...vous vous montrez encore en public après la raclée que c'est pris votre bataillon la dernière fois que vous et moi nous sommes croisés. » Déclama Vanira. « Comme c'est audacieux de votre part. »

Cette déclaration nourrit l'obsession d'Orava qui marmonnait des choses, enjoué. Cette déclaration mis aussi le feu au poudre.

« En avant ! Au nom de l'Empereur ! »

Les samurais se jetèrent sur nous. Mahana croisa le fer avec un d'eux, le repoussa d'un coup de pied sec. Je tranchai l'avant-bras de mon opposant, il se mit à saigner abondement. Un autre se jeta sur moi dans mon dos.

« Espèce de lâche ! » Criai-je en me tournant et lui transperçant la gorge.

Je sortis mon sabre de son corps, son sang dégoulina le long de la lame. Mon adversaire s'écroula face à moi. Un de ses partenaires se rua vers moi en m'insultant de tous les noms. Je stoppai sa lame, nous reculâmes. Il essaya de viser mon ventre mais mon armure était solide. Qu'est-ce qu'il croyait ?

« C'est tout ce que vous avez !? »

Je lui donnai un coup de pied dans la jambe et appuya avec mon pied sur le sien. Je plantai mon sabre dans son autre jambe. Sa protection se focalisait sur son menton et son crâne, mais ses jambes étaient découvertes. Dans un dernier espoir il leva son sabre et je vis celui-ci s'approcher à toute vitesse de mes jambes.

Les miennes aussi !

Je reculai d'un bond et lâcha une injure. Je cherchai du regard Mahana et Orava.

Mahana se débrouillait comme un chef. Elle repoussait chaque sabre trop ambitieux en croisant ses deux sabres et de son pied elle envoyait dans le décor son opposant. Les arts martiaux étaient utiles, j'aurais vraiment aimé les apprendre aussi. D'autres adversaires accouraient pour l'éliminer. Elle en calmait un d'un coup de revers de la main dans la carotide, un autre en le poussant avec son genou et elle tranchait les bras au dernier. Avoir deux sabres aussi était une bonne idée.

Quant à Orava, il était peut-être meilleur en arts martiaux que sa cousine. Il faisait voler ses adversaires par quelques coups de pieds et de poings. Mahana et lui ne ressentaient pas de douleur en frappant sans protections ces armures ? L'adrénaline était notre alliée.

Je fus saturé d'une pugnacité, d'une envie de me battre plus grande. Mes entrailles me brûlaient alors que je me ruai sur ma prochaine victime. Je ne me sentais plus moi-même.

RakuenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant