Taina
J'étais paralysée mais je trouvais qu'en fin de compte je m'en sortais bien. C'était une sorte d'échange équivalent, sûrement, en méditant je me disais qu'en échange de mon inconscience j'avais été puni. Un échange où j'avais aussi obtenu, comme tous les Colorés, l'égalité devant la loi avec les Mikazukis.
Indra, après avoir été acclamé une dernière fois par la foule au port, s'en alla sur un bateau tiré par un dragon de mer vers Gaya. Aluva avait reçu une cicatrice le long de la nuque, mais sa fourrure la couvrait, maintenant que ses poils avaient repoussés.
On avait tant remercié le prince pour son aide. Sans ses soldats aux armures dorés nous n'aurions surement pas vaincu. Notre gloire nous lui devions en partie. Il retournait sur sa terre natale, il promettait de revenir, avant qu'il ne devienne maharaja. Il promettait de ramener des souvenirs de là-bas pour nous, de nous faire venir un jour, à Najwa il promettait qu'elle n'aurait plus le mal du pays.
Je méditais encore quand une odeur me chatouilla les narines. De l'encens. J'ouvrais les yeux et Ursa se tenait à quelques mètres, allumant le bâton.
« Tai tu faisais quoi ? » Demanda une petite voix.
Je baissais la tête vers Wailani qui semblait m'observer depuis un moment, ses grands yeux ronds me fixant. Je le portai et le mis sur mes genoux.
« Je fais ça pour...réfléchir, rester calme, zen, comme ta maman. »
Elle se tourna et sourit.
« Ça m'aide pour ne pas m'énerver ou être triste. »
Il hocha la tête. « Z'ai compris ! » Il zozotait.
Il restait sur me genoux et chantonnait en secouant la tête en rythme. Ursa l'imitait et s'assit pour prendre un thé. J'aurais pu passer mes neuf vies avec eux si j'avais été un bakeneko.
Je faisais des origamis pour m'occuper et me relaxer. Fubuki m'avait appris à en faire. La texture du papier et son odeur me plaisaient. Wailani me demandait de lui apprendre à en faire. Il était bourrin mais ces pliages ressemblaient plus ou moins au modèle.
Ursa me disait qu'elle comptait déménager, je lui disais que c'était une bonne idée, maintenant qu'elle aurait moins de mal à trouver un endroit calme.
Durant des jours je cherchais ce que je pourrais faire désormais. Le babysitting était une option. Avec Wailani je m'amusais bien.
Je pris un ballon. Ses pupilles s'agrandirent en voyant l'objet magique.
J'inspirai l'air contenu dedans.
« Comment ça va Wailani ? »
Il rit à ma voix « héliumisée ». Le son aigu de celle-ci rendait la scène vraiment burlesque. J'avais l'impression de m'être droguée à l'hélium.
Il s'assit comme une grenouille en face de moi. Il m'imita et pendant des minutes il ne ferma plus la bouche, trop amusé par sa propre voix. Il était euphorique et ne cessait de rire, il reprenait son souffle entre deux fous rires.
Ces moments étaient idéaux, mais ce ne serait surement pas pareil avec d'autres enfants. Je me tournais vers la forge, j'avais des connaissances en ce domaine. Mon handicap freinait les forgerons à me recruter. J'aurai pensé que Mamoru, s'il avait été là, m'aurait peut-être accepté comme apprentie. En attendant d'avoir me place dans la forge je faisais un stage chez Gaiya. Mes jambes anesthésiées ne lui posaient pas de problème. Je m'entendais bien avec cette femme. Je m'occupais de la caisse et de ranger quelques articles. De plus, mon salaire était décent, je pouvais aider ma famille et payer le fauteuil.
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Rakuen
ParanormalTaina et Fubuki vivent à Mikazuki. Toutes les deux étaient amies un jour, toutes les deux se considèrent mutuellement comme des sœurs aujourd'hui. Elles se perçoivent au-delà de leurs différences. Seulement, le gouvernement n'est pas de cet avis, l...